vendredi 9 mai 2008 par AFP

Le président sud-africain Thabo Mbeki, médiateur dans la crise au Zimbabwe, s'est entretenu avec son homologue Robert Mugabe vendredi pour la première fois depuis l'annonce il y a une semaine des résultats de la présidentielle du 29 mars, alors que la violence augmente.
Mbeki, critiqué pour sa mansuétude envers Mugabe, a eu plus de trois heures d'entretien avec le plus âgé des présidents africains, immédiatement après son arrivée à Harare.

Le médiateur, qui s'est ensuite rendu à l'ambassade d'Afrique du Sud sans faire de commentaire, ne devrait pas rencontrer d'autres responsables du régime ou de l'opposition.

Pendant l'entretien, la principale centrale syndicale du pays a annoncé l'arrestation de deux de ses leaders, accusés d'incitation à la rébellion, et des médecins ont dénoncé une aggravation des violences commises par les partisans du régime, avec plus de 900 victimes depuis le scrutin.

Le principal parti d'opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), a revendiqué la victoire à la présidentielle de son leader Morgan Tsvangirai, dès le premier tour avec plus de 50%. Le résultat officiel ne lui accorde que 47,9%, contre 43,2% à Mugabe, rendant nécessaire un second tour.

Les entretiens de Mbeki ont eu lieu "dans le cadre de son mandat de médiateur de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC)" dans la crise zimbabwéenne, selon Pretoria.

Tsvangirai, menacé d'être poursuivi pour trahison, a quitté le Zimbabwe depuis plusieurs semaines. Il rencontre dirigeants africains et diplomates pour accentuer la pression en vue d'un départ de Mugabe, 84 ans dont 28 au pouvoir.

Le Congrès des syndicats du Zimbabwe (ZCTU), autrefois dirigé par Tsvangirai, a annoncé vendredi l'arrestation la veille de son président, Lovemore Matombo, et de son secrétaire général, Wellington Chibebe, pour incitation à la rébellion contre le régime et propagation de fausses informations.

L'Association des médecins du Zimbabwe pour les droits de l'Homme a pour sa part dénoncé "une escalade spectaculaire des incidents de violence organisée et de torture, le nombre de victimes au cours de la période post-électorale dépassant maintenant les 900 personnes" et en a attribué la responsabilité aux "agents de la sécurité d'Etat".

Le mois dernier, les dirigeants de la SADC (14 pays) avaient demandé à Mbeki de poursuivre sa médiation entre la Zanu-FP (Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique) de Mugabe et le MDC, qui a officiellement remporté les législatives du 29 mars.

Cependant, peu après, Tsvangirai, qui avait déjà reproché à Mbeki de manquer de courage face à Mugabe, avait demandé à ce qu'il soit "relevé de sa tâche" de médiateur.

Le président sud-africain s'est toujours refusé à critiquer Mugabe, en dépit du marasme économique dans lequel sombre son voisin du nord, avec plus de 80% de chômage et une inflation frôlant les 165.000% par an.

De nombreux dirigeants internationaux se sont inquiétés de la violence depuis les élections. Mais Mbeki est resté silencieux, se contentant d'envoyer sur place une mission d'enquête.

Les affirmations de l'opposition que 30 de ses partisans ont été tués par des pro-Mugabe ont été contestées par les autorités qui ont accusé des opposants d'incendies volontaires.

Les violences aggravent la tension au Zimbabwe, où les résultats du premier tour de la présidentielle n'ont été publiés que cinq semaines après le scrutin, la date du second tour restant à fixer. Celui-ci devrait théoriquement se tenir d'ici le 24 mai. Mais la commission électorale a déjà averti que l'attente pourrait durer.

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023