vendredi 9 mai 2008 par Nord-Sud

La suppression des laissez-passer a-t-elle handicapé les Forces nouvelles ? A Bouaké, les ex-rebelles pensent que cela a indubitablement créé un vide. Mais, l'on jure que ce sacrifice, qui fait partie des promesses faites par la hiérarchie, sera bel et bien tenu jusqu'au bout. Même s'il comporte un coût. Pour comprendre, il faut faire l'historique du laissez-passer. Au début, les personnes qui voulaient évacuer leurs familles, sollicitaient auprès du Mpci, une autorisation d'évacuation donc, un laissez-passer. C'était gratuit. Même si des intermédiaires prenaient de l'argent avec ceux qui sollicitaient ce document. Et il était délivré par les CO (Commandants d'opération) ou des personnes désignées par eux, se souvient le caporal Y.S. Ce laissez-passer gratuit officiel initié en 2002 a pris fin en 2003 après la signature des accords de Linas-Marcoussis. Mais, lorsque ces accords piétinaient et que la crise s'installait dans la durée, les Forces nouvelles ont dû ressusciter ces bouts de papiers. Et cette fois, c'était payant car il fallait faire face aux charges liées à l'entretien des troupes et aux investissements vitaux dans les zones sous contrôle. L'on est ainsi passé du laissez-passer gratuit au laissez-passer payant et du laissez-passer pluriel au laissez-passer unique délivré par l'autorité suprême des Forces nouvelles (branche militaire). Le laissez-passer, délivré dans un premier temps aux véhicules, s'est étendu aux individus qui le désiraient pour un besoin sécuritaire. Pour les véhicules il servait de carte grise et pour les individus de carte d'identité. Mais, dans ce dernier cas, le document n'a jamais été payant. A Sakassou, en 2004 où il donnait des cours, un enseignant, à la faveur du redéploiement de l'administration, se souvient que pour des raisons sécuritaires, le commandant de secteur de l'époque Haidara Sanou avait fait établir pour les enseignants redéployés, à titre gratuit un laissez-passer individuel permanent. C'était pour éviter que les ex-rebelles ne les prennent pour des infiltrés. Avant de rendre les laissez-passer payant, en 2004, nous avons fait un séminaire économique sur la gestion de nos ressources, même si en 2003 déjà nous avions commencé à émettre quelques taxes au niveau de chaque zone. Il fallait harmoniser les choses en les centralisant, a confié un ex-agent de la centrale. Avant de poursuivre : Les taxes prélevées sur les marchés, sur les routes etc. étaient destinées essentiellement à la restauration, à la santé, à l'habillement des soldats et à la réparation des engins, au matériel roulant et au paiement des perdiems des soldats au front. Ces fonds, selon d'autres témoignages, étaient répartis entre les services du secrétariat général, l'état-major et chacune des 10 zones. Aujourd'hui que cette structure disparaît avec l'unicité des caisses de l'Etat, comment les Forces nouvelles vont-elles prendre soin de leurs hommes ? Votre question contient sa réponse. La guerre est finie. Le 2 mai, nous avons commencé le regroupement au 3ème bataillon avec 1.000 hommes. Ces derniers ont reçu chacun 90.000 Fcfa. Les démobilisés, qui sont au nombre de 26.000 environ, iront vers le Pnrrc pour être réinsérés. Ceux qui seront retenus dans la nouvelle armée dépendront soit du Cci (Centre de commandement intégré) ou du Dd (Désarmement et démobilisation). Ce sont ces structures qui les prendront en charge. Les Forces nouvelles n'ont plus de raison de s'inquiéter. Les taxes que nous prélevions servaient à nourrir, à soigner, à habiller et à donner quelques perdiems à nos troupes. Si tout cela est réglé avec la question de l'unicité des caisses, nous n'avons pas de mauvais sang à nous faire, explique sur un ton rassuré cet officier ex-rebelle. La branche politique et même les soldats, jadis prolixe, n'ont pas voulu s'étendre sur cette question. Prudent, un cadre s'est contenté de dire : Observez tout se passera bien. Nous avons tout réglé. Le regroupement a commencé. C'est l'essentiel . Les régisseurs et autres agents de taxations employés ont aussi reçu des garanties quant à leur éventuelle intégration dans les services de la douane et du trésor. A ce titre, selon des bonnes sources, un test de recrutement sera ouvert pour ces derniers à partir de cette fin d'année.
Allah Kouamé

Correspondant régional

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023