vendredi 9 mai 2008 par Nord-Sud

La salle Anoumabo du Palais de la culture a une capacité de 4.000 places dont 2.600 assises. Mais, les organisateurs de spectacles n'en tiennent pas compte. Mettant ainsi en péril la vie des spectateurs. Palais de la culture. Jeudi 1er mai. Il est 20h. Des spectateurs venus assister à la deuxième nuit du Festival de Zouglou quittent les lieux. Comme si le concert venait de prendre fin. Bien au contraire, le show venait de commencer. Ces zouglouphiles ne décolèrent pas. Nous avons payé nos tickets mes amis et moi pour venir assister à un concert. Mais à notre grande surprise il n'y a plus de places. Même pour s'arrêter. Nous préférons rentrer à la maison, martèle Herman K. Il affirme que les organisateurs en font trop en vendant plus de tickets que de places. Une telle situation est légion au Palais de la culture. En effet, les spectacles de Yodé et Siro, de Adrienne Koutouan, de Petit Denis ont refusé du monde. Au lieu de 4.000 personnes, la salle Anoumabo a acceuilli plus de 6.000 spectateurs. Conséquence : des allées bouchées, la circulation quasi-impossibledans la salle. Le risque de dérapage est alors grand. Comme ce fut le cas lors du spectacle organisé par feu Douk Saga, précurseur du Coupé décalé en 2004. La salle Anoumabo était pleine comme un ?uf alors que dans la cour du palais et même à l'extérieur, des spectateurs, munis de leurs tickets, bataillaient pour avoir accès au concert. Dans ce forcing, un pan du mur de la clôture du Palais de la culture a cédé et est tombé sur les pieds d'un fan de Douk Saga. Un bilan qui aurait pu être très lourd si la bousculade avait été plus importante. Le risque des courts-circuits Un technicien du Palais qui a requis l'anonymat affirme que le trop plein de la salle Anoumabo est un véritable danger aussi bien pour les spectateurs que pour le Palais de la culture. Il indique que le non respect du contrat de spectacle par les organisateurs et le non suivi des engagements par les responsables de ce joyau architectural font courir de gros risques. Il dénonce par exemple le fait que les portails, qui sont les issues de secours, soient totalement fermés. C'est véritablement dangereux parce qu'avec le trop plein de spectateurs, en cas de catastrophe, il serait difficile de se sauver, fait-il remarquer. Avant de noter que les risques de courts-circuits sont également énormes. Au niveau de la lumière, il y a un débit de 380 volts tandis que le courant qui circule est de 220 volts avec 40 ampères. Lorsqu'il y a du monde dans la salle et qu'il n'y a plus de places, poursuit-il, des spectateurs sont obligés de se mettre derrière le podium. Ils marchent sur les fils. Ce qui peut créer des courts-circuits. Cela a été le cas au cours du concert du sommet de l'Himalaya. L'interruption de l'électricité dans la salle a provoqué un véritable cafouillage où l'on a dénombré de nombreux blessés. Douk Saga a même été obligé de faire une conférence de presse pour calmer les esprits. A la vérité, ni les responsables du Palais de la culture encore moins les organisateurs ne jouent leur partition. En effet, le contrat de spectacle en son article 15.2 dispose : Le locataire assumera les conséquences dommageables résultant de la vente d'un nombre de billets supérieur à la capacité de la salle louée. Responsabilité partagée Toujours dans l'article 15.3, il est écrit que le Palais de la culture exerce un contrôle d'entrée au portail et vérifie le nombre de billets en corrélation avec celui de sièges disponibles. Quant à l'article 15.4, il stipule que le Palais de la culture refoulera les spectateurs en surnombre. Ces dispositions n'ont jamais été suivies par aucune des parties. Les organisateurs de spectacles pensent qu'ils sont victimes des agents chargés de la sécurité. Ce que nous vivons est un problème de sécurité. Pour la simple raison que nos tickets sont revendus à l'entrée sans que ceux qui sont chargés de faire la sécurité ne disent un mot, déclare Claude Bassolé. Avant d'affirmer que s'il y a un trop plein des salles, cela veut dire qu'il y a nécessité de construire une autre salle d'au moins 10.000 places. Abidjan doit avoir aujourd'hui une salle de 10 à 15.000 places. La capacité de la salle Anoumabo n'est pas grande, déplore-t-il. Tout comme son prédécesseur, Angelo Kabila affirme que tout le désordre constaté est dû à la sécurité. Il révèle également que les agents de sécurité revendent les tickets. Toute chose qui fait gonfler le nombre de spectateurs dans la salle. Toutefois, il reconnait que des organisateurs véreux impriment souvent plus de tickets que de places. A cet effet, il demande que tout le système soit revu. Le Palais de la culture, dit-il, doit nous aider à mieux nous organiser. Un employé du Palais de la culture, sous le couvert de l'anonymat, fustige la mauvaise foi des organisateurs. Aucun des organisateurs ne dit la vérité dans cette affaire. Ils vendent tous plus de tickets que de places. Il faut qu'ils aient le courage de le reconnaître, martèle-t-il. M. Ehounou, chargé des spectacles au palais, que nous avons joint au téléphone dit attendre l'autorisation de ses supérieurs. En attendant, les spectacles à risques continuent. Dans l'inconscience collective la plus totale. Issa T.Yéo

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