vendredi 9 mai 2008 par Le Temps

La récente déclaration introductive de M Y .J Choi, à l'occasion de la dernière conférence de presse hebdomadaire de l'Onuci, a apporté de la lumière sur le processus de paix et de sortie de crise en Côte d'Ivoire.

Je crois que tout le monde est satisfait qu'après quatre années d'efforts, une date ait pu être finalement fixée pour les élections, à savoir le 30 novembre 2008. La fixation d'une date pour les élections marque une étape importante rendue possible grâce à l'Accord politique de Ouagadougou (APO). Aussi voudrais-je ici exprimer ma profonde reconnaissance aux parties ivoiriennes et au facilitateur, et plus particulièrement au peuple ivoirien qui a toujours soutenu le processus de paix. En ce qui concerne la date des élections, je ne feins pas d'ignorer les doutes et le scepticisme de certains. Toutefois, j'ai trois raisons majeures de croire que la date des élections pourra être respectée : Premièrement, je fais confiance au peuple ivoirien et à ses dirigeants ; et je crois aussi en leur sens politique avéré du compromis. Cet esprit de réconciliation et de compromis a été le fondement de bien de réussites dont, le consensus national obtenu autour de la date des élections ; l'adoption des divers décrets électoraux à l'issue de négociations parfois ardues mais somme toute menées à bien, et les formidables résultats remportés par l'Opération des Audiences foraines. La Signature du Code de Bonne Conduite à l'occasion de la visite en Côte d'Ivoire du Secrétaire général des Nations unies le 24 avril 2008 est également une preuve de l'engagement manifeste par les partis politiques ivoiriens.
Deuxièmement, la fixation de la date des élections au 30 novembre 2008 a également été appuyée par des calendriers techniques détaillés établis par la Commission électorale indépendante et par l'opérateur technique, la SAGEM.
Troisièmement, cette date est aussi le produit d'un important engagement financier pris par le gouvernement ivoirien au regard de la convention signée avec la SAGEM. Le processus de paix ivoirien a connu un long parcours. Il a abouti à la paix et la stabilité en Côte d'Ivoire et a permis de fixer une date pour les élections. Ces réalisations obtenues par le peuple ivoirien sont nobles et significatives. Aussi loin que je m'en souvienne, aucune autre mission de maintien de la paix des Nations unies n'a autant bénéficié d'un pays hôte; dans les autres missions de maintien de la paix, les dépenses relatives à l'organisation des élections et au DDR ont pratiquement toutes été supportées par la communauté internationale.
Dans cette perspective, je crois que c'est maintenant le tour de la communauté internationale de redoubler d'efforts et d'accroitre ses contributions au processus de paix ivoirien. Le temps nous est compté. Et comme on le dit en Côte d'Ivoire, "tout le monde est fatigué." Le moment est maintenant venu pour nous de montrer notre reconnaissance et nos encouragements au peuple ivoirien. Avec la date des élections définitivement fixée, nous pouvons voir maintenant le bout du tunnel. Les Forces impartiales continueront de fournir un environnement sécurisé aux processus électoral et DDR ivoiriens. Le mandat de certification de l'ONUCI servira de cadre à la tenue d'élections libres, ouvertes, justes et transparentes. Le moment est maintenant venu pour nous d'accompagner le peuple ivoirien en mettant à sa disposition des moyens techniques et financiers conséquents.
Avec cet objectif en tête, nous, la communauté internationale, voudrions partager avec le peuple ivoirien une matrice détaillée de nos contributions financières à hauteur de 115 milliards de FCFA. Dans ma précédente conférence de presse du 20 février 2008, j'ai mentionné qu'à peu près 100 milliards de FCFA étaient disponibles pour le peuple ivoirien. Aujourd'hui, il y a à votre disposition une matrice qui montre le détail des contributions individuelles, qui s'élèvent à 115 milliards de FCFA. Je voudrais exprimer mes sentiments de profonde reconnaissance aux principaux bailleurs de fonds ici présents: Allemagne, Belgique, Canada, Danemark, Etats-Unis d'Amérique, France, Japon, Norvège, Suède, Suisse, Union Européenne, la Banque mondiale, la Banque africaine de Développement, la CEDEAO et les Nations unies. Des contributions supplémentaires vous seront communiquées dès qu'elles seront disponibles. La communauté internationale, s'engage simultanément dans l'élaboration du Document de Stratégie nationale pour la Réduction de la Pauvreté, laquelle, à moyen terme, abordera le problème de l'annulation de la dette et de l'augmentation de l'Aide publique au Développement (APD). Certains de ces projets prendront du temps à être réalisés. Entre-temps, le peuple ivoirien a urgemment besoin d'une assistance immédiate. Afin d'y remédier, l'ONUCI avec l'Equipe Pays des Nations unies viennent de lancer l'Opération 100 Projets à Impact Rapide? et lancera dans deux mois, l'Opération 1000 Micro-Projets? à travers tout le pays. La plupart de ces projets devront être achevés avant la fin de cette année. L'Histoire a été façonnée par ceux qui croient et non par ceux qui doutent. Sur le chemin qui mène aux élections, nous rencontrerons inévitablement des obstacles imprévisibles et des surprises peu agréables. Cependant, je voudrais rappeler ici l'histoire pleine d'esprit du Tour du Monde en 80 Jours?. Nous croyons en 'Phileas Fogg,' le peuple ivoirien; et la communauté internationale, y compris l'ONUCI, est plus que jamais déterminée à jouer le rôle de Passepartout? dans le voyage qui nous mènera vers les élections.
Je demeure convaincu que la sortie de crise est très proche. Aussi permettez-moi de partager de nouveau avec vous cette devise de l'ONUCI: "Travaillons Ensemble. Vous Sortez de la Crise, Nous Sortons de la Côte d'Ivoire. Nous travaillerons ensemble pour ramener ce qu'était la Côte d'Ivoire, c'est-à-dire le bastion de la stabilité et le centre de la prospérité en Afrique de l'Ouest. Je vous remercie pour votre attention?.

(Source onuci)
*Qu'est ce qui motive la réticence des autres bailleurs de Fonds, parce qu'il est dit que les fonds seront communiqués dès que disponibles. Et ensuite que comprendre à travers la mention, les contributions portées dans cette matrices sont soumises à des conditions de mise en ?uvre? ?
La question a deux volets. Premièrement que veut dire le montant sera communiqué dès que les conditions seront disponibles?. Deuxièmement que veut dire les contributions portées dans cette matrice sont soumises à des conditions de mise en ?uvre?. Comme je vous ai dit, il y a trois mois déjà, en février, notre calcul nous portait qu'à 100 milliards de F CFA et aujourd'hui déjà trois mois après cela c'est élevé à 115 milliards de F CFA. Il peut y avoir des augmentations dans les mois à venir dont les montants supplémentaires vous seront communiqués quand le montant sera disponible. C'est cela la signification de cette phrase. La deuxième question, je la laisserai à mon ami de la Commission Européenne.

* Est-ce que vous êtes réellement convaincu que cette année, disons le 30 novembre, les élections auront lieu en Côte d'Ivoire ?
Je ne feins pas d'ignorer les doutes et le scepticisme de certains. Mais j'ai des raisons de croire que la date pourra être respectée parce que la date cette fois-ci, c'est très spécifique, c'est unique. Dans le passé, dans les quatre dernières années, il y avait des suggestions de date, mais il n'y a jamais eu une date spécifique qui a été appuyée ni par la volonté politique, ni par les éléments techniques fournis par la commission électorale, ni par l'operateur technique, ni par l'engagement financier, aussi autant que cette fois-ci.
Dans le passé, avant la fin du mois de juin, avant la fin de cette année, mais il y avait une déclaration politique mais pas comme cette fois-ci il y a des engagements très importants, des détails politiques, juridiques et légaux, même financiers. Donc il y a des raisons, quatre raisons de croire que cette fois-ci, ce sera différent.

* Mais il nous revient de plus en plus que, techniquement, il est impossible ou du moins, la date ne pourra être respectée pour la tenue des élections.Est ce que vous ne pensez pas que si techniquement il y a problème, cette volonté de tenir les élections le 30 novembre, peut ne pas se réaliser.
Question très importante. J'avais la chance, avec le Représentant spécial du Facilitateur, l'Ambassadeur Badini de nous impliquer dans le processus un petit peu. Donc, nous connaissons les aspects techniques qui nous ont amené à la fixation de cette date s'il y avait des doutes que techniquement, ça ne sera pas possible. Mais ce n'est pas vrai parce que dès le début, il y avait une position constante de la Commission électorale indépendante qu'elle a besoin de sept mois après le démarrage du processus, sept mois pour aboutir à la date des élections, au vote. Donc, on a fixé la date. Mi-avril n'est ce pas donc sept mois ça nous mène à mi-novembre donc on a déjà deux mois de marche. Donc, depuis le début, la Commission a été très constante en disant qu'elle a besoin de sept mois au moins pour remplir toutes les conditions techniquement. De même que la SAGEM, quand le gouvernement ivoirien a contacté l'operateur technique SAGEM. Et la SAGEM comme une compagnie qui a mené beaucoup d'élections a produit un chronogramme qui était à peu près de sept mois. Donc, il n'y a pas de fondement dans l'argument que sept mois, ce n'est pas techniquement suffisant. Parce que tous les deux, la Commission électorale Indépendante ainsi que la SAGEM ont produit un chronogramme détaillé d'une façon technique qui nous a donné sept mois. Donc, le 30 novembre sera bien pris en compte par les détails techniques par tous les deux côtés SAGEM et la CEI.

* Nous constatons que ces jours ci, il y a une polémique entre les Forces nouvelles et le Front populaire ivoirien et hier les Forces nouvelles ont adressé un courrier à ce parti politique pour demander qu'il y ait une rencontre de clarification. Ce matin, il nous est revenu que depuis sa tournée, le président du FPI a réagi immédiatement. Alors est-ce que vous avez la capacité d'appeler les acteurs, d'intervenir pour que ces derniers jouent balle à terre afin de permettre au processus de ne pas connaitre de couac. Merci bien !
L'histoire de maintien de la paix s'étale sur plus de cinq ans maintenant et nous avons mis à peu près soixante-dix opérations de maintien de la paix. Le cas de la Côte d'Ivoire est unique et spécifique dans la mesure où le pays hôte s'appropriait le processus. Dans les autres opérations de maintien de la paix, ce sont les Nations unies qui organisent les élections et qui planifient le DDR. Mais ici, c'est vous, c'est la Côte d'Ivoire qui organise, qui planifie les élections ainsi que le plan DDR avec la facilitation du Facilitateur. Cela veut dire que pour la question que vous venez de poser, la réponse doit venir de ceux qui se sont approprié le processus. Si c'est le cas, par exemple au Liberia, en Sierra-Leone et en RDC, les Nations unies seront en position de répondre clairement et d'une façon nette à votre question. Mais ici, notre rôle est de vous accompagner, de vous soutenir et de vous assister au cours du processus. Donc, j'aimerais bien que vous posiez cette question aux meneurs du jeu, et nous assisterons les acteurs. Ceci dit, notre rôle fondamental ici, c'est de fournir la sécurité pour le processus électoral et le DDR ; donc, nous sommes prêts à garantir l'environnement sécurisé pour ce processus, mais ce qui se passe dans le cadre de ce grand tour, je crois que c'est le Parti ivoirien qui doit ménager à ce qu'il réponde à votre question. Comme je vous l'ai dit plusieurs fois, on est bien conscient qu'à la fin de la progression, elle aboutira à des résultats positifs pour le peuple ivoirien ainsi que pour la Communauté internationale y compris les Nations unies parce que dans les autres pays. On est fixé très longtemps mais on est très conscient qu'en Côte d'Ivoire, une fois le processus sera terminé, nous pourrons sortir beaucoup plus rapidement que dans d'autres missions de maintien de la paix. C'est ça la vision que nous entretenons dans votre pays.

* M. Choi peut-il certifier à l'endroit de toute la Nation ivoirienne que le débat au niveau de la sortie de crise ne se situe plus au niveau financier mais plutôt au niveau technique. Et si le débat était au niveau technique, est-ce que l'ONUCI a en sa possession un chronogramme bien établi qui nous permet de garantir véritablement la tenue des élections le 30 novembre 2008.
Un aspect de votre question est ce que veulent dire les autorités ivoiriennes en évoquant le manque de moyens financiers pour ne pas respecter le délai du 30 novembre? L'autre aspect est que l'ONUCI et la communauté internationale disent qu'il y a un apport financier assez important. Qu'est-ce que cela veut dire ? Comme mon ami l'Ambassadeur Michel Arrion vous l'a expliqué, il y a deux sortes d'assistance qui sont liées à certaines conditions. Je n'en parle pas. Ne me posez pas de questions sur ce sujet-là. C'est-à-dire qu'on vous donne 300 millions de dollars, si vous remplissez certaines conditions concernant la bonne gestion des questions de l'Etat. Ça c'est une autre chose. Ici, nous parlons de 115 millions de dollars qui ne sont pas attachées à ces conditions-là. C'est un don pur mais quand même il faut que nous soyons en condition d'expliquer à ceux qui nous ont donné l'argent que l'argent que vous nous avez confié est bien dépensé. Donc il faut qu'il y ait une entente entre nous en ce qui concerne les institutions fiduciaires qui vont dépenser l'argent. Il faut qu'il y ait un programme aussi, à quelle fin cet argent devra être dépensé. Donc cela va prendre un certain temps. Dès qu'il n'y a pas de programme ni un accord sur l'agence fiduciaire qui va gérer cet argent on ne peut pas vraiment dépenser cet argent. Ce n'est pas la condition. C'est pour cela que l'ONUCI avec l'équipe des Nations unies, vient de lancer 100 projets à impact rapide et va commencer dans un ou deux mois les microprojets. Vous pouvez comprendre maintenant pourquoi on dit qu'il n'y a pas assez d'argent même s'il ya 115 milliards de Fcfa à votre disposition. Mais encore une fois, cette somme est un don pur sans conditions.

Source : Onuci

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