vendredi 16 mai 2008 par Le Temps

Coureur burkinabé et l'un des plus grands sprinters de sa génération, Abdoul Wahab Sawadogo, parle, dans cet échange, de ses premiers pas, de ses ambitions, de son passage en Côte d'Ivoire etc.
Depuis quand faites-vous du vélo ?
J'ai commencé véritablement le vélo à l'âge de 18 ans.
Comment c'est arrivé ?
Tout jeune, j'avais un vélo comme la plupart de mes camarades. Ce n'était pas un vélo de compétition. Je n'ai jamais été à l'école contrairement à nombre d'enfants. Mon père avait un cheptel d'une centaine de boeufs. Et dès 6 ans, j'étais bouvier. Il me plaisait d'être toujours en compagnie de ces bêtes que je guidais à longueur de journée. Il arrivait aussi que j'accompagne mes parents au champ pour les travaux champêtres.
Et puis
Entre 18 et 20 ans, je me suis rendu compte que j'avais des réelles aptitudes pour faire du vélo. A partir de 1996, j'ai commencé à m'adonner au cyclisme. Cette année-là j'ai participé, avec la sélection nationale du Burkina, au Tour du Faso que j'ai remporté à la surprise générale. J'en étais très heureux parce que débutant que j'étais, je m'y attendais le moins. Je m'étais rendu compte, après la compétition, que je pouvais être un grand coureur.
Vous êtes donc resté au Burkina Faso pour continuer une carrière professionnelle
Non. Le président Eugène Kacou qui m'avait vu à l'?uvre m'avait sollicité pour courir pour le compte de l'ASFA Moossou, en Côte d'Ivoire. C'était juste après le Tour du Faso en 1996. J'ai évolué dans ce club jusqu'en fin 1999. L'année suivante, en 2000, j'ai opté pour une autre grande équipe ivoirienne, l'ASCAVEL de Koumassi où je suis resté pendant 3 ans. Avant de retourner au Burkina Faso. Dans quel club couriez-vous, de retour au pays natal ?
C'est l'AS Onatel, mon club actuel, qui avait sollicité mes services. Très aguerri désormais, j'ai remporté, en 2004, le championnat du Burkina Faso. C'était l'année de gloire car j'avais également gagné le Tour du Faso et le Grand Prix, toujours avec l'AS Onatel où j'évolue jusqu'à présent.
Avec toutes ces performances, vous n'avez eu, jusqu'à présent, aucun contact pour une carrière professionnelle
Si. J'ai plusieurs fois été approché par des clubs européens. Chaque année, pratiquement, je vais faire des stages de 3 mois en France. En 2005, j'ai même fait 5 mois en Bretagne, toujours en France. J'ai participé à plusieurs compétions là-bas et j'avoue que c'est plus dur qu'en Afrique.
Retournez en France, un rêve ?
Je tiens à participer aux grandes compétitions africaines ; il y en a encore 3 au Burkina, avant d'y retourner en octobre prochain. Vous n'avez pas pu remporter la 9e édition de l'Or Blanc pendant qu'on attendait beaucoup de vous
Mes camarades et moi tenions à cette course mais on n'y est pas parvenu. Cela est dû au fait que l'équipe n'est pas expérimentée. C'est la 1ère fois qu'elle sort du Burkina Faso. Mais je pense que nous n'avons pas été ridicules. J'ai personnellement remporté 5 étapes et une autre pour un coéquipier, sur les 8. Je pense que c'est assez réconfortant parce que nous avons été 2e au classement général. Et notre équipe, l'AS Onatel, a été la meilleure malgré la victoire méritée de Fofana Issiaka de l'ASCAVEL de Koumassi. Vous êtes l'un des grands sprinters d'Afrique. Comment vous y prenez-vous ?
(Rires) C'est le fruit du travail, d'un entraînement soutenu. Néanmoins, il faut dire que je prépare, à chaque fois, mes sprints. Je sais à quel moment et à quelle distance il faut attaquer pour piéger mes adversaires. Mais au-delà, il faut avoir une bonne condition physique. C'est tout (rires).
C'est vous qui avez formé le jeune Ivoirien Konté Bassirou qui suit vos traces de grand sprinter. Mais il fait déjà la grosse tête et ne respecte pas les aînés de son équipe. Qu'en pensez-vous ?
(L'air désolé). Chaque fois que l'occasion se présente, je ne manque pas de lui donner de sages conseils. Mais vous savez, chacun à son c?ur. Je lui dis toujours que la bagarre, les insolences, l'irrespect n'ont pas leur place au cyclisme. Je ne cesse de lui dire de respecter ses adversaires et surtout ses coéquipiers. Je lui ai même demandé d'arrêter de parler quand il est en compétition. Hélas ! Il doit savoir qu'il faut bien se comporter envers ses coéquipiers afin qu'ils roulent en ta faveur, lors des courses. Il gagnerait à s'assagir. C'est dans son propre intérêt.
En avez-vous pour longtemps encore avec la haute compétition au cyclisme ?
Dans 3 ans environ, je mettrai un terme à ma carrière.
Et après ?
Je compte me convertir en commerçant. J'ai aussi la possibilité d'aller m'installer en France comme l'a toujours souhaité mon président de club. Mais on verra bien.

Entretien réalisé à Korhogo par Eugène Djabia
djabia05664285@yahoo.fr

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