mardi 20 mai 2008 par Fraternité Matin

Plus rien ne devrait être comme avant dans la gestion des problèmes récurrents de défrichement des forêts classées de Côte d'Ivoire. La Société de développement des forêts (Sodefor), gardienne de ces temples environnementaux, jusqu'ici plutôt encline à l'indulgence vis-à-vis des colons de ces terres protégées, a décidé de changer son fusil d'épaule. Le tribunal de Tabou, saisi par elle, va rendre dans les tout prochains jours un jugement qui, certainement, va changer le cours des choses. 11 personnes prises dans la forêt de la Haute Dodo sont actuellement dans les liens de la prévention à cet égard. Le film de leur arrestation au début du mois est digne des plus grandes batailles de conquête. La Sodefor a dû recourir aux grands moyens pour leur mettre la main dessus au terme de plusieurs jours de tension. Tout commence fin mars lorsque les agents de la Sodefor (division de Tabou) en patrouille dans la Haute Dodo, prennent sur le fait sept personnes en plein défrichement. Déférées devant le tribunal, elles sont condamnées à quitter cette terre protégée et s'engagent à le faire avant le 5 avril. Une mission de vérification sur les lieux le 8 avril, sera prise à partie par les villageois et autres colons qui fourmillent dans le secteur. Elle ne regagnera la ville qu'au bout d'âpres négociations. Le procureur de la République près le tribunal de Tabou, saisi, ordonnera qu'une patrouille mixte (police, gendarmerie, agents des eaux et forêts) se rende sur les lieux et détruise les nouvelles plantations en création. Ce qui fut fait. Trois autres colons seront arrêtés à l'occasion. En face, la riposte sera terrifiante. Entre 300 et 500 paysans en furie, armés de coupe-coupe, gourdins, hache, etc. se mettront sur le passage de la patrouille, abattant arbre sur arbre pour lui couper toute retraite, détruisant au passage les ponts de fortune surplombant les rivières. Les agents, pris au piège, ont dû réviser leur manuel de formation militaire pour se tirer d'affaire au prix d'un long détour pour se retrouver à un autre bout de la forêt. Deux véhicules de la Sodefor bloqués à l'entrée d'un pont feront les frais de la furie des paysans. Un agent sera porté disparu, avant de réapparaître le 2 mai, après trois jours d'errance dans la forêt. Face à cette escalade, l'armée sera appelée en renfort. Au terme d'une patrouille le 1er mai, elle procèdera à l'arrestation de huit personnes, portant à 11 le nombre de personnes interpellées dans le cadre de cette affaire. Elles doivent être jugées et punies conformément à la loi, demande la Sodefor qui entend, avec cette affaire, inaugurer vis-à-vis des prédateurs du patrimoine forestier une ère nouvelle où force restera à la loi. Jadis considérée comme l'une des plus belles de la région du Bas-Sassandra, la forêt classée de la Haute Dodo, selon le chef de la division technique et commerciale du centre local de gestion de la Sodefor, M. Dosso Amara, est aujourd'hui sauvagement agressée. D'une superficie de 200 000 hectares, elle est quasiment dégradée à 40% aujourd'hui du fait de ces agriculteurs qui ne reculent devant rien pour coloniser les terres protégées.




Elvis. Kodjo
Envoyé spécial

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