jeudi 29 mai 2008 par Fraternité Matin

Le Premier ministre Guillaume Soro a indiqué aux professionnels des médias ivoiriens, sa volonté de les appuyer dans l'exercice de leur métier. Son v?u est, a-t-il dit aux responsables des structures de régulation et d'autorégulation des médias et aux journalistes, de sceller avec vous un partenariat responsable. Je continuerai à m'engager à vos côtés, sans calcul, à un soutien accru pour une amélioration significative de l'environnement institutionnel, juridique et économique du paysage médiatique ivoirien. C'était hier au Golf Hôtel à Cocody, à la cérémonie d'ouverture du Forum national sur la mission des médias en période électorale. Du reste, M. Soro a salué les efforts qui ont été déjà accomplis par le gouvernement pour un meilleur fonctionnement de la presse en Côte d'Ivoire. Il a ainsi rappelé la dépénalisation des délits de presse, la mise en place effective de la commission de la carte d'identité de journalistes professionnels, le cadre de concertation pour l'application de la convention collective de la profession de journalistes et l'adoption en conseil des ministres du décret instituant le fonds de développement de la presse. Le gouvernement, comme vous le voyez, est un allié dans la défense de vos libertés, s'est félicité le Premier ministre. Mais en face de vos libertés, de la liberté de la presse, a-t-il ajouté aussitôt, vous avez des obligations à remplir. Notamment respecter le droit du public à l'information juste et équitable. Et le président de la cérémonie d'insister : Vous avez certes le droit d'informer de manière totalement libre, sans censure ni embrigadement. Mais vous avez aussi également, face à l'histoire, le devoir d'informer l'opinion publique de manière impartiale et responsable, tout en contribuant impérativement, au renforcement de l'expression démocratique et de la cohésion nationale. C'est que le locataire de la Primature, se rappelle que l'opinion nationale et internationale a souvent accusé la presse de son pays de contribuer à créer ou à exacerber la haine, la division. Une observation, a-t-il regretté, qui reste entière malgré l'existence de structures de régulation et d'autorégulation efficaces et exemplaires. Aussi s'il s'est engagé à aider les journalistes à gagner la bataille de la responsabilité pour mieux faire face à leurs devoirs. Une bataille que, a-t-il reconnu, les professionnels des médias ont déjà engagée. En tout état de cause, Guillaume Soro a appelé les hommes des médias à saisir le Forum pour prendre le pari de faire mentir tous les sceptiques, de tuer définitivement la perception étriquée et bien souvent injuste, d'une presse immature et vindicative. Pour lui, la plate-forme de ce jour doit être le point de départ d'une renaissance de la presse ivoirienne. Mieux, il a précisé aux journalistes que le gouvernement et le peuple de Côte d'Ivoire attendent des assises un engagement véritable à souscrire et à mettre en application les engagements que vous (les responsables de la presse. Ndlr) aurez pris pour une bonne pratique professionnelle dans l'intérêt de la collectivité. Le pays attend qu'il débouche sur des solutions pragmatiques et profitables à tous. M. Soro s'exprimait ainsi en présence de plusieurs autorités ivoiriennes, dont le secrétaire général de la Présidence de la République, Amédée Couassi-Blé, et de responsables de la communauté internationale. L'orateur a insisté que les travaux doivent aboutir à l'élaboration d'un guide du journaliste et d'un rappel formel du code de déontologie établi en 1992. Toutes choses qui doivent aider, a-t-il espéré, les journalistes à mieux accompagner le processus de paix et jouer leur partition dans le cadre des élections. Le ministre de la Communication, Ibrahim Sy Savané, lui, s'est félicité de l'engouement que le Forum a suscité tant chez les hommes politiques que chez les journalistes. Puis il a salué les responsables des médias, qui, a-t-il relevé, ont fait preuve d'abnégation, d'humilité en se soumettant aux critiques parfois dures des uns et des autres. Mais, a noté le ministre, c'est l'une des conditions du débat constructif qui conduira le pays à la sortie réelle de la crise. Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en Côte d'Ivoire, Y.J. Choi, a rappelé l'importance des médias aux côtés des hommes politiques dans le processus de paix. Le patron de l'Organisation des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) a indiqué que l'implication de son institution dans l'organisation du Forum s'explique par sa détermination à accompagner le processus de paix dans tous ses compartiments. M. Choi a également souligné que les médias font partie intégrante des critères de certification du processus électoral qu'il pilote. Il a en outre salué l'évolution positive du processus de paix et insisté sur la détermination de l'Onuci à faire tout ce qui est en son pouvoir pour que les délais (des élections. Ndlr) soient respectés. Par ailleurs, il a dit son espoir de voir la Côte d'Ivoire sortir de l'ornière si l'engagement souscrit par les hommes politiques dans le code de bonne conduite est respecté. La présidente du comité d'organisation du Forum, Mme Ida Alloh Aoussi, a exhorté les participants à travailler d'arrache-pied. Puis elle a salué les différentes institutions qui ont soutenu l'organisation des assises.

Pascal Soro



Option : Aux actes!

La volonté des hommes de médias ivoiriens de jouer leur partition dans le processus de paix, notamment dans le processus électoral, vient encore d'être réaffirmée par le Forum national sur la mission des médias en période électorale. Une initiative prise au plus haut sommet, le ministère de tutelle, le ministère de la Communication, au nom du gouvernement, à laquelle est intimement associée la seule association des journalistes dans le pays, l'Union nationale des journalistes de Côte d'Ivoire (UNJCI). Les hommes des médias veulent savoir avec précision, par cette rencontre, ce que les principaux acteurs de ce processus électoral exceptionnel (car étant l'aboutissement d'une crise aiguë) attendent d'eux particulièrement. Ainsi pendant quatre jours 14, 16, 19 et 23 mai), les responsables des structures de régulation et d'auto régulation et les journalistes d'un côté, et les acteurs politiques, la société civile et autres responsables d'entités impliquées dans le processus électoral, de l'autre, ont passé en revue leur collaboration. Les premiers ont écouté avec respect, les critiques parfois acerbes des seconds. Le procès de la presse ivoirienne, surtout des médias d'Etat, Fraternité Matin et la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) et plus particulièrement la télévision première chaîne, a été fait. Des griefs qui ont été exprimés par les hommes politiques souvent en des termes très dursMais les journalistes ont su écouter. Ils ont surtout pris l'engagement, après cette remise en cause, de corriger ce qu'il y a à corriger.
Comme on pouvait s'y attendre, les éveilleurs de conscience, les justiciers des sans voix, ont aussi saisi le rendez-vous du donner et du recevoir avec les acteurs politiques, pour leur dire à leur tour, leurs attentes. Le 27 mai, place a été faite au press-club spécial qui a annoncé le Forum sur la mission des médias en période électorale qui a ouvert ses portes hier pour les refermer demain. La volonté des journalistes de prendre leurs responsabilités en cette période sensible, va être matérialisée notamment par un Guide du journaliste en période électorale.
Mais comme tout bon texte, ce Guide ne vaudra que par l'application qui en sera faite, c'est-à-dire, par sa traduction dans les actes sur le terrain. Les organisateurs du Forum envisagent l'appropriation de ses actes par les organes de régulation et d'autorégulation. Ce seront donc eux qui devront veiller sur leur application. Pourvu qu'ils en aient la volonté, la liberté, mais aussi et surtout les moyens.

Pascal Soro



état du paysage médiatique en Côte d'Ivoire : Regards critiques de Diégou Bailly et Eugène Kacou

Le ton a été donné, encore hier : se dire des vertes et des pas mûres certes, mais des vérités utiles, pour sortir du camp des éternels accusés (les hommes de médias en Côte d'Ivoire) et préparer, sûrement, la période des élections à venir, avec une presse plus responsable, non taxée de tous les maux. En invitant, à la première journée des travaux en plénière, sur le thème: L'état du paysage médiatique en Côte d'Ivoire, Jérôme Diégou Bailly (président du Conseil national de la communication audiovisuelle (CNCA), et Eugène Dié Kacou (président du Conseil national de la presse (CNP), des vérités précieuses ont donc été dites ; les années d'expériences cumulées par les deux leur donnent, en effet, ce privilège. D'un, avec M. Diégou Bailly: En matière de médias, évitons de prendre nos rêves pour la réalité. Pour lui, tous ceux qui rêvent de médias professionnels, libres et impartiaux doivent ranger leurs utopies au vestiaire. Car, pour lui, au grand dam des intrépides croisés de la liberté, la liberté des médias restera encore une liberté sous haute surveillance, strictement contrôlée par l'Etat (les lois et les règlements), la profession (la déontologie), la société (l'éthique sociale) et voire la propre conscience des journalistes (la clause de conscience). De deux: en matière de médias (comme ailleurs) qui paie commande. Débarrassé donc de ce qu'il nomme quelques illusions, quelques fantasmes, quelques utopies, il avancera ceci, en guise de conseil: Pour prétendre changer les médias, il vaut mieux partir de ce qu'ils sont réellement et non de ce qu'on voudrait qu'ils soient. Afin de comprendre les enjeux politiques qu'ils représentent. Ils sont d'abord et avant tout, des instruments pour la conquête, l'exercice et la conservation du pouvoir d'Etat, qui peuvent se transformer, en situation de guerre, en missiles balistiques de longue portée à destruction massive. D'où la lutte féroce pour le contrôle, notamment de la télévision, enjeu majeur dans le système planétaire de la politique spectacle ou de la reality show. Aussi donnera-t-il, entre autres, l'exemple de la RTI, un cas typique. Sa vie et son évolution ont été marquées par trois phases lourdes. Premièrement: le changement constant de son statut juridique; du parti unique ( où le problème de son statut ne se posait pas), à la restauration du multipartisme, à la signature de l'Accord politique de Ouagadougou en mars 2007), elle est devenue, tour à tour, précise-t-il, société d'économie mixte de type particulier, société anonyme et société d'Etat sous régime d'Ohada. Avec la présence constante de l'Etat, dans son capital quel que soit son statut juridique. Deuxièmement : la valse des changements à la direction générale, amplifiée par la crise. Résultat ? De 2000 à 2007, elle a connu sept changements: l'ère Aboké 1er, l'ère Fatoumata Traoré-Diop, l'ère Aboké II, l'ère Kébé Yacouba I, l'ère Dahily, l'ère Kébé II, et enfin l'ère Brou Amessan. Au total: cinq ministres en 5 ans, deux intérimaires et un intérimaire d'un intérimaire. Troisième phase: l'obsolescence du matériel technique, l'insuffisance des moyens financiers et l'inadaptation des ressources humaines?. Même diagnostic presque, au niveau de Fraternité Matin. Organe presque officiel du PDCI, devenu société d'Etat à partir de 1993, il a connu la même valse: En cinq ans, trois directeurs généraux: l'ère Honorat dé Yédagne, l'ère Lebry Léon Francis et l'ère Jean-Baptiste Akrou. Seule l'AIP y a échappé. Tout simplement parce que, comme il le remarque, dans le royaume des médias de service public, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne par les gouvernants: la télévision d'abord, la radio ensuite, Fraternité Matin après et enfin l'AIP. Ce discours ne doit guère pousser à la démotivation, au contraire, c'est, dit-il, un jugement réaliste. Même s'il reconnaît qu'il ne faut pas s'y arrêter. Instruit de la guerre, il faut- c'est son souhait- que naisse une nouvelle génération des médias. Mais, il ne faut pas se leurrer: qui paie commande. Intervenant sur le même thème, Eugène Kacou jettera un regard critique, notamment sur les organes de presse (dite gouvernementale et presse écrite privée). Son constat: le paysage médiatique (de la Côte d'Ivoire) a toujours été varié, notamment de la période avant l'indépendance à celle de l'après 1990. A commencer par le Bulletin de la Côte d'Ivoire (1940), jusqu'au Printemps de la presse. Toutes soufrent d'un seul mal: le manque d'argent, d'autonomie. Le groupe de presse SNPECI qui édite Fraternité Matin ploie, par moments, sous l'effet de la chape de plomb du régime aux affaires; la presse écrite privée, quant à elle, est dominée par la presse partisane, avec une dizaine de quotidiens, exutoires de deux courants de pensée, la presse bleue et la presse vert et rouge. Allusion aux journaux des camps présidentiels et ceux de l'opposition. Remarque de taille: la quantité des titres ne doit tromper personne sur l'exercice d'un réel pluralisme de la presse. Car, cette presse partisane occupe bruyamment l'espace médiatique par ses titres tantôt agressifs, tantôt impertinents, et se complait dans une sorte d'impunité que lui procure la dépénalisation des délits de presse et les difficultés passagères des instances de régulation. Heureusement, ajoutera-t-il encore, qu'existe une presse quasi indépendante, composée essentiellement de cinq publications dont trois de sport; et des périodiques de divertissement: Ce type de journaux sont à féliciter et à encourager. Le satisfecit sera entier et complet s'ils arrivent à exercer leur mission d'initiateur et de modérateur des débats nationaux sur des thèmes majeurs, d'une part; d'autre part, s'ils ne versent (pas) dans la facile relation des faits concernant des sujets qui enlisent la morale et les vertus.

Michel Koffi



Focus : Le plaidoyer de Denis Kah Zion

Voici ton cadeau, et fais-nous un bon papier!. Entendez: fais-moi un article pour détruire l'autre. Ainsi le quotidien des journalistes face aux hommes politiques. Mépris ou volonté de les utiliser, à coup d'espèces sonnantes et trébuchantes? Les deux assurément. Denis Kah Zion qui fait cette révélation, comme un cri du c?ur, dira à l'endroit des hommes politiques: Usez moins de la langue de bois et assumez!. Quoi? Leur part de responsabilité dans les dérives de la presse. Soit. Et, sans dédouaner les journalistes sofas, partisans, au service des hommes politiques, le président du Groupement des éditeurs de presse de Côte d'Ivoire (GEPCI), en profitera aussi pour demander aux organes de régulation de les défendre davantage. Surtout en demandant à l'Etat de faire appliquer, entre autres, la convention de Florence. Des critiques formulées à l'endroit des instances de régulation, vues par certains comme une manière pour l'Etat de reprendre d'une main la liberté qu'il prétend donner de l'autre M. Diégou Bailly (CNCA), justifiant l'existence des organes de régulation, a cette réponse : les deux instances de régulation (le CNCA et le CNP) ont vu leurs pouvoirs renforcés par la loi de 2004. Ils doivent, entre autres, cas du CNCA, contrôler le pluralisme des opinions en période normale et l'accès équitable des différents candidats aux médias audiovisuels du service public. D'où, chaque mois, le monitoring des temps de parole et d'antenne qu'il publie. Même si d'autres le qualifie de surréaliste et didigaesque. Ce n'est pas étonnant, dit-il, de la part de romanciers et poètes de renom. Dans leur bouche, les mots gardent une vertu magique et la fiction une fonction cathartique. Pour les élections à venir, le CNCA, se propose même, en partenariat avec la CEI et la RTI, d'organiser un atelier avec les représentants des partis politiques candidats aux différents suffrages, afin d'établir une grille de passage aussi consensuelle que possible. Le président Eugène Kacou du CNP, faisant chorus, presque, dira, entre autres, comme une supplique: Aujourd'hui, l'on plaint l'inefficacité des instances de régulation quand on ne les condamne pas de paresse ou de laxisme. Mais qu'attendre des instances de régulation quand l'Etat, désormais réduit à la confrérie des hommes politiques, dénie à ces structures, ce qui fait la force des juges?. Pour le président du CNCA, la question de l'indépendance de décision des organes de régulation se pose plus que jamais avec acuité. Il saluera, alors l'immense travail abattu chaque jour par l'organe d'autorégulation de la presse, l'Olped en dépit des faibles moyens matériels dont il dispose , et par l'Union nationale des journalistes de Côte d'Ivoire (Unjci).

M. K



Repères

Commencement. Au commencement de la presse ivoirienne, était Le Bulletin de la Côte d'Ivoire. Créé en 1940, ce journal est rebaptisé La Côte d'Ivoire en 1949, et disparaît deux ans plus tard. Le deuxième journal que connaît le pays est France-Afrique, créé en 1934. Le 15 octobre 1951, ce journal devient Abidjan-Matin. En 1952, La Côte d'Ivoire française libre voit le jour. Puis en 1956, Attoumgblan et la Concorde naissent. Frat-Mat. Le quotidien Fraternité Matin est le premier journal d'après indépendance. Il est né le 9 décembre 1964. Suivront les hebdomadaires Fraternité-Hebdo, Ivoire Dimanche et le mensuel Eburnéa édité par l'Agence ivoirienne de presse (AIP). Printemps. 1990 marque le printemps de la presse ivoirienne marqué par une floraison de journaux. Entreprises. Il y a aujourd'hui 31 entreprises de presse nommément connues en dehors de celles des zones centre, nord et ouest (CNO). 97 titres, à savoir 26 quotidiens, 37 hebdomadaires et 24 mensuels et autres périodiques, sont aujourd'hui sur le marché de la presse ivorienne. Mais, au moins 70 parutions ne respectent pas les exigences de la loi qui régit la presse en Côte d'Ivoire. Disparition. Depuis le printemps de la presse (1990) à ce jour, 32 journaux ont définitivement disparu du marché et sont donc tombés dans le domaine public. Distribution. La distribution de la presse en Côte d'Ivoire est actuellement assurée par trois maisons : Edipresse (la plus vieille) qui se taille la part du lion avec 92 journaux, Distrilibre, qui s'occupe de quatre journaux et Côte d'Ivoire Distribution, d'un seul journal. Mais il en existe qui ne sont distribués par aucune de ces maisons de distribution.

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