En recevant des milliers de mamans, hier, au Palais présidentiel, le Chef de l'Etat Laurent Gbagbo, a insisté sur le processus de sortie de crise et la présidentielle du 30 novembre. Il a demandé aux femmes venues lui rendre hommage pour sa politique de paix, de parler aux hommes politiques. Car, il souhaite que les élections se passent tranquillement. En Afrique, les gens pensent que s'ils n'ont pas gagné une élection, ils sont morts. Quand la période électorale arrive, on a l'impression que les gens sont au bord de la tombe. Et pourtant, les élections sont une activité humaine. Celui qui a échoué doit attendre cinq ans pour se représenter. J'ai été candidat malheureux en 1990 face à Félix Houphouet-Boigny. Le ciel n'est pas tombé sur la terre. Je suis allé partout à l'intérieur du pays. En 1995, les listes n'ayant pas été correctes, nous avons refusé d'aller aux élections. Et en 2000, j'ai gagné la présidentielle, a déclaré le Président Gbagbo. Il n'a pas manqué de relever la rareté des candidats qui gagnent une présidentielle à leur première candidature. Les ex-présidents français, François Mitterrand et Jacques Chirac, par exemple, n'ont triomphé qu'à leur 3e candidature. Il faut que les Ivoiriens apprennent l'importance de la vie démocratique, un régime électoral et démocratique. Dites aux hommes politiques que celui qui n'est pas élu, ce n'est pas la mort. Il peut servir la Côte d'Ivoire. En Afrique, les gens croient que s'ils ne sont pas élus présidents, ils sont morts. Avant d'ajouter que bien souvent, les candidats vont ameuter les étrangers dans leurs pays. En leur signifiant qu'ils seront élus. Si tel n'est pas le cas, c'est que l'élection présidentielle est entachée de fraude. Et le Chef de l'Etat de leur demander de parcourir le pays pour faire campagne. A Paris, New York, les étrangers à qui vous parlez ne votent pas. Vous perdez votre temps et argent en leur parlant. Que tous les candidats et candidates, au lieu de gaspiller de l'argent à se promener à l'étranger, parcourent les villes, villages et quartiers de la Côte d'Ivoire. Ainsi, ils parleront à ceux qui votent, a-t-il affirmé. La paix est là. C'est pourquoi, il a envoyé son épouse et MM. Affi N'Guessan et Mamadou Koulibaly, respectivement ex-Premier ministre et Président de l'Assemblée nationale en mission de paix. Si les gens veulent démontrer que la paix est en marche, ils doivent se rendre à Korhogo, M'Bengué, Bouna et dans d'autres localités alors inaccessibles au plus fort de la crise. Et éviter de rester sur place à Cocody pour juger l'application de l'Accord de Ouagadougou. Voir s'il y a des progrès ou pas. Si vous êtes à Abidjan, vous ne pouvez pas mesurer si la paix est de retour ou pas. Un accord ne s'applique pas dans un salon mais sur le terrain. On ne vit pas une sortie de guerre comme dans un dîner de gala, a-t-il poursuivi. Avant de demander aux femmes de dire aux hommes politiques et aux journalistes de démontrer la paix. Pour lui, celui qui parle d'élection, c'est qu'il est dans la paix. Etant donné que de 2002 à 2004, on ne parlait pas de Sagem, de l'Ins, de listes électorales. Aujourd'hui, certains rapportent que les principaux partis politiques vont tricher aux élections. Tout cela signifie fait-il remarquer que l'on est dans la paix. Il ne faut pas être pessimiste quant à la tenue de la présidentielle du 30 novembre. Personne ne doit douter de sa volonté et capacité à faire la paix. Le Président Gbagbo a rappelé sa proposition du dialogue direct qui a abouti à la signature de l'Accord politique de Ouagadougou. C'est parce qu'il a fait un constat. Avec l'éclatement de la crise le 19 septembre 2002, le pays a eu deux Premiers ministres Seydou Diarra et Charles Konan Banny dont le rôle était de chercher à faire comprendre, de rapprocher, de permettre aux uns et autres de discuter. Ayant observé que le processus de sortie de crise n'avançait pas, le Chef de l'Etat a trouvé opportun de tendre la main à Soro Guillaume, chef de l'ex-rébellion. Et de discuter ainsi directement sans intermédiaire. Puisque les intermédiaires ne parvenaient pas à régler le problème. La paix et la réunification sont les seules choses qui vaillent, selon lui. Et la présence des femmes des Forces nouvelles à la cérémonie et leur prise de parole constituent un symbole qui montre que le processus de sortie de crise avance. Il a souhaité que chaque fois que les Ivoiriens seront confrontés à un éventuel conflit, qu'ils optent pour la voie du dialogue. C'est parce que le dialogue a prévalu que la Côte d'Ivoire avance à grands pas sur le chemin de la paix. Malheureusement, dira-t-il, certains ne le voient pas ou font la fine bouche. La zone de confiance a été supprimée, le pays réunifié et la circulation est possible dans toutes les régions. S'agissant de la désertion de l'ex-commandant de la zone 5 des Forces nouvelles, Koné Zacharia et certains de ses éléments, à l'occasion de la cérémonie de regroupement des ex-combattants à Kani (Séguéla), il a félicité le Premier ministre Soro Guillaume. Qui certes avait des informations sur ce qui se tramait à Séguéla. Malgré tout, il s'y est rendu pour démontrer que la paix est tangible et irréversible. Le Président de la République a demandé aux femmes qu'elles peuvent aller librement à Sifié, Morondo. Il a souhaité aux journalistes l'organisation d'une caravane de démonstration de la paix, de Gagnoa à Mankono via Vavoua et Seguéla ou Bin-Houyé et Zouan-Hounien par exemple. Car lui-même, pour se rendre compte que la paix est de retour, s'est rendu à Boundiali, Tengrela, Kouto, Gbon, Kolia dans la nuit. Les femmes de Forces nouvelles, par le biais de Kéita Massandjé, ont salué la main tendue du Président Gbagbo à M. Soro Guillaume, secrétaire général des Forces nouvelles. Symbole patriotique qui milite en faveur de l'intérêt supérieur de la nation. Pour Dr Kodjo Marie Paule, présidente de l'Ong Playdoo et d'autres intervenantes, la fixation de la date de la présidentielle est gage de paix. Hommage a été rendu au Chef de l'Etat pour son attachement aux idéaux de paix.
Christian Dallet