jeudi 29 mai 2008 par Le Patriote

Des rumeurs de plus en plus persistantes font état du départ de l'Union pour la Démocratie et la Paix en Côte d'Ivoire du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix. Il est même question d'une nouvelle alliance avec le Front populaire ivoirien, encouragée par les caciques du parti arc-en-ciel dont M. Siki Blon Blaise dit-on. Nous l'avons rencontré pour en savoir plus. Il a insisté pour dire qu'il intervient en sa qualité de député et président du Conseil général de Man. Mais pas en tant que porte-parole de l'UDPCI. Interview.

Le Patriote : Que reprochez-vous au Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la paix au point de réclamer le divorce d'avec votre parti, l'UDPCI?
Siki Blon Blaise : Moi, personnellement, il y a quelque chose que je reproche au RHDP. Il y a certaines choses que je ne comprends pas. Le RHDP a été créé par quatre partis : le PDCI, le RDR, l'UDPCI et le MFA. Aujourd'hui, dans les sommets, ce sont deux partis qu'on voit. C'est ce que j'accepte difficilement. Nous ne sommes pas là pour accompagner quelqu'un. Lorsque je vois le RHDP se réduire au RDR et PDCI, j'ai mal. La solidarité doit jouer entre nous. Le RDR et le PDCI-RDA ne devraient pas aller aux négociations sans l'UDPCI et le MFA, leurs alliés. Mais apparemment, ils se plaisent dans cette situation. Dès lors que les choses sont ainsi, moi je dis que ce n'est pas la peine de demeurer dans une telle alliance. Mais, s'il doit y avoir divorce, c'est le parti qui décidera et pas moi.

LP : Il est de plus en plus récurrent que l'UDPCI veut quitter les rangs du RHDP pour s'allier à nouveau au FPI. Confirmez-vous cette information?
SBB : Jusqu'ici, le Front populaire ivoirien n'a pas posé le problème tel qu'il l'avait posé à l'époque (NDLR : l'alliance de 2000, rompu par la suite en 2002) pour le moment. Mais ce que vous devez retenir, c'est qu'à Man, le PDCI et le RDR ont fait bloc contre l'UDPCI lors des élections des responsables locaux de la CEI. Curieusement, ce sont les délégués du FPI qui ont voté pour nous sans qu'on ne leur demande quoi que ce soit. Le représentant du président de la République, le représentant du président de l'Assemblée nationale et celui du FPI ont voté pour l'UDPCI. Alors que nos frères qui sont du PDCI et du RDR ont rejeté l'UDPCI dans son fief. Or ce que l'on s'était dit, ou du moins ce que moi je croyais dans le cadre du RHDP, lorsqu'on est dans le fief d'un allié, on lui apporte le soutien. Si à Daoukro ou à Odienné, l'UDPCI va apporter son soutien à un parti autre que le PDCI ou le RDR, est-ce que le PDCI ou le RDR va apprécier cela? Dès lors, je dis que nous sommes minimisés et nous devons faire attention. Si c'est pour avoir dénoncé cela que l'on doit considérer que l'UDPCI va vers le FPI, chacun est libre de penser ce qu'il veut. Ce qu'il y a à retenir, c'est qu'à Man le FPI a voté pour nous. Mais le PDCI et le RDR nous ont combattus.

LP : D'aucuns disent que vous aurez reçu plus d'une centaine de millions des mains du président Laurent Gbagbo. C'est la raison pour laquelle vous pousseriez l'UDPCI dans les bras du FPI.
SBB : Ceux-là ne pourront jamais me le repeter en face. Je le dis et vous pouvez l'écrire. Je n'ai jamais reçu cinq francs des mains de Laurent Gbagbo. Jamais. Vous pouvez l'écrire. Mais, moi je suis réaliste. Son représentant, M. Sokouri Bohui, est venu me voir à Man. Mais avant de venir, il m'a fait l'amitié de m'appeler en tant que collègue, en tant que député. Moi je suis un Africain. Dès lors que quelqu'un se comporte ainsi et qu'il me respecte, moi je le respecte. Le RDR et le PDCI viennent à Man faire des meetings sans même nous inviter. Ce sont des réalités qui sont là. Or Sokouri Bohui qui est un responsable du FPI et qui n'est pas un allié, a pris le soin de m'appeler pour me dire : Blon, je viens chez toi à Man. Je te donne mon programme. Mais dès lors que quelqu'un se comporte comme cela, je l'accueille à bras ouverts. C'est pourquoi, j'ai pris les parents pour aller l'accueillir. On l'a accueilli. C'est vrai. Tout ce qui a été écrit est vrai. Je l'ai accueilli.

LP : Donc vous démentez le fait que vous avez été acheté pour livrer l'UDPCI au FPI.
SBB : On ne peut pas m'acheter. On ne peut pas le faire. C'est pourquoi, je suis pauvre. Personne ne m'a acheté. Je l'ai dit et je le répète, si j'ai reçu Sokouri Bohui, c'est parce qu'il m'a reçu et il a tenu compte de ma personne. Moi je suis fils d'un chef. Qu'on le veuille ou pas, aujourd'hui c'est Laurent Gbagbo le président de la République. Dès lors qu'il dit qu'il arrive chez vous, on doit le recevoir. Partout où il est parti, que ce soit à Bouaké ou à Korhogo, il a été bien reçu. A Man, il sera bien reçu en tant que Président de la République. Je suis le président de la commission mobilisation et sensibilisation du Comité d'organisation de la tournée du chef de l'Etat à Man. Je le suis parce que je l'ai accepté. A ce titre, Gbagbo ne m'a jamais donné un franc.

LP : Vous le faites donc par souci républicain. Cela n'a rien à voir avec une quelconque man?uvre politicienne pour quitter le RHDP?
SBB : J'ai déjà dit ce que je reproche au RHDP. Si le RHDP doit être une alliance où on utilise que les autres, moi cela ne m'intéresse pas. Départ du RHDP ou pas, je n'ai pas encore décidé. Et puis ce ne sont pas les individus qui sont au RHDP. Ce sont les partis politiques. C'est donc l'UDPCI qui doit décider de son départ ou pas. Mais ce que moi je vous dis, c'est en tant que président du Conseil général de Man, en tant responsable de base. Je suis le coordinateur régional de l'UDPCI depuis le Bafing jusqu'au moyen Cavally. Je suis en tant que député président de l'Assemblée nationale , président du Conseil général , je suis un membre de l'UDPCI , donc membre du RHDP , même si aujourd'hui , cette structure ne représente rien aux yeux de certains . A ce titre, si le PDCI et le RDR viennent à Man tenir des meetings sans que je ne sois informé et invité que voulez-vous que je fasse? Alors que le FPI depuis Abidjan m'appelle pour me dire qu'il sera dans ma zone à telle période en tant que frère, quelle attitude voulez-vous que j'adopte envers une telle personne, surtout si c'est le chef de l'Etat?()

LP : Ne craignez-vous pas que le chef de l'Etat profite de cette tournée pour pêcher dans vos rangs?
SBB : Non. Est-ce qu'on peut empêcher un président de la République d'arriver sur une portion de terre de la République? En tant fils et élu du terroir, je dois le recevoir. Parce que le poste de Président de la République passe, mais le peuple demeure. Et si demain, un Président de la République sort de mon parti et que quelqu'un lui interdit une portion de la République, est-ce que cela est républicain? Le pouvoir que je détiens en tant que président du conseil général et de l'Assemblée Nationale est l'émanation de la République. Alors si celui que vous reconnaissez comme chef de la République nous rend visite, je crois que nous devons être mobilisés. Man est la région qui a connu beaucoup plus de problèmes dans cette crise. Dès lors que les deux antagonistes en la personne du Premier ministre Guillaume Soro et le président Laurent Gbagbo décident de faire la paix, nous qui sommes en souffrance, on ne peut que les encourager. Maintenant pour ce qui est des militants, je ne crains rien. Celui qui veut rester UDPCI, restera UDPCI. Celui qui veut partir, on ne peut pas l'en empêcher. Je ne crains rien. Je trouve normal d'accueillir le chef de l'Etat. Maintenant, s'il y a un président d'un parti qui vient dans ma zone et qui me prévient, je l'accueillerai à bras ouverts. Pour le moment, c'est Laurent Gbagbo en tant Président de la République, qui est annoncé à l'ouest. Comme nous sommes tous l'émanation de la République, nous sommes en train de nous organiser pour l'accueillir. Vous savez, la paix n'a pas de prix. Et moi je suis prêt à consentir tous les sacrifices pour avoir la paix.

Jean-Claude Coulibaly

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