jeudi 29 mai 2008 par Le Temps

Le trop plein de spectacles de comédie servi à la hâte commence par exaspérer le public.
Ils sont pressés de s'enrichir. C'est donc une course à l'argent, aux cachets. Ce n'est plus de l'art qu'ils font?. Juge implacablement un professionnel des Arts vivants. Son point de vue n'est pas une sentence de jaloux. Puisqu'il décrit avec lucidité ce qui se passe dans le milieu très bouillant et souvent lownesque des humoristes ivoiriens. Aujourd'hui, pas une semaine sans qu'un spectacle d'humour ne soit programmé au Palais de la Culture. Ce qui en principe, est une bonne chose, l'idéal étant de voir le monde des comédiens bouillonner de créations. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Ce sont pour la plupart, des spectacles hachés, fait dans la précipitation qui sont chaque semaine, servis au public. "L'essentiel pour eux, c'est le public, faire le plein des salles. Et se tirer après avec son enveloppe." Juge à son tour une jeune comédienne qui préfère l'anonymat pour éviter de se faire des ennemis dans son entourage. Et même pire, le même spectacle est servi à profusion au point qu'il lasse au bout du compte, les spectateurs. Combien de fois Doh Kanon a joué son "Manakanpess" ? En tout cas, lui seul pourra le dire. Mais il est clair que l'homme apparaît aujourd'hui comme un "comédien " à cours d'inspiration. Idem pour un certain Abass qui a été dégonflé par ses derniers bides en salle. Que dire du dernier show donné par des prétendues " Princesses du rire " le samedi dernier, au Palais de la culture ? Rien. Sinon que le public leur a donné la leçon. A la fin, Eléonore s'est sûrement rendu compte que ce n'est pas elle que les Ivoiriens attendaient. En Côte d'Ivoire, il est clair qu'il y a un public autant pour le théâtre que pour l'humour. Seulement, il demande qu'on le respecte avec des créations potables, bien connues, qui se jouent avec de vrais décors. Puisque l'autre plaie des humoristes ivoiriens réside là. La quasi-totalité joue avec un grand mépris pour le décor. "Quelquefois, on se contente seulement d'un pagne ou d'un drap. Je l'ai vu à certains spectacles ici." Constate une jeune dame spécialiste de la danse. Il y a aussi le problème de la costumière. Aucun d'entre eux, à part bien entendu Adama Dahico et peut-être Doh Kanon ne sait ce qu'est une costumière. Est-ce par manque de moyens ? Pas sûr. Seulement du mépris. Djimi Danger est monté sur scène à un spectacle avec la tenue dans laquelle il est arrivé de la maison. Et il n'est d'ailleurs pas le seul. C'est une habitude dans le milieu des comédiens. Et même quelquefois, les tenues qui servent pour les affiches ou aux spots télé n'apparaissent pas dans le spectacle. Dans ce cafouillage, il n'est donc pas étonnant qu'un seul paraisse comme le leader du groupe. Qu'on l'aime ou pas, Adama Dahico s'est positionné comme un comédien-humoriste professionnel. Pour le dire trivialement, on écrira qu'il aime son travail. L'humoriste binoclard, s'est moulé dans une organisation rigoureuse. Il ne donne pas de spectacles à profusion. Mais quand il le fait, il est servi avec munitie. En clair, l'homme fait de l'art. Et il s'est donné une carrière. Toute exagération mise à part, Dahico peut inspirer les autres. Moins âgés et même plus âgés que lui.
Guehi Brence

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023