mardi 3 juin 2008 par Nord-Sud

Première capitale du pays, Grand-Bassam a fait la fierté nationale avec ses bâtiments historiques et de style, caractéristiques de la période coloniale. Aujourd'hui, ses édifices sont à la recherche d'une autre jeunesse.





Située à 35 kilomètres d'Abidjan, la cité balnéaire de Grand-Bassam a été de 1893 à 1900 la première capitale de la Côte d'Ivoire sous Louis Gustave Binger, qui en a été le premier gouverneur. En 1900 Bingerville lui succède en raison d'une épidémie de fièvre jaune qui a décimé en grande partie la communauté des colons. En 1934, la capitale est transférée à Abidjan. Grand-Bassam a été également la première commune de plein exercice dirigée en 1956 par l'ancien ministre Jean-Baptiste Mockey. Cette cité, a aujourd'hui pour premier magistrat l'ancien ministre Jean Michel Moulod. Actuellement, cette cité balnéaire n'est plus ce bijou urbanistique et touristique qui faisait accourir les visiteurs d'ici et d'ailleurs. Les bâtiments historiques et de style qui faisaient sa fierté sont tombés en ruine.





La vétusté des édifices





Parler de Grand-Bassam, c'est parler aussi du quartier France. Long de plus de 2 km sur le cordon littoral, pour une largeur de 350 m, ce quartier abrite des résidences, des monuments, des bâtiments publics et de grandes maisons de commerce qui gardent leur majesté d'antan. C'est dans cette zone que se sont installés les colons. Aujourd'hui les prestigieux édifices ont subi en grande partie une dégradation due à l'usure du temps et à l'abandon des sites par leurs occupants. Toits décoiffés, portes et fenêtres inexistants, murs couverts de moisissures qui suintent d'une humidité gluante, infestations et fissures des murs, c'est le sort que connaît l'ex-zone commerciale située près de la lagune Ouladine sur laquelle est construit le pont «de la victoire» regroupant les premières grandes surfaces : SCOA, CFAO etc. Plus loin, l'ex-Maison Sierra léonaise et l'ex-Maison africaine montrent leurs flancs lacérés par l'usure du temps et le manque d'entretien. Même spectacle de désolation pour les ex-Paris bar et Hôtel Atlantique. Le prestigieux Hôtel de France n'a pas échappé à cette triste réalité. Ce secteur autrefois appelé «Maison de commerce» sous l'ère coloniale, n'a guère fière allure. La plupart des bâtiments y sont en ruine. Au-delà de ces maisons historiques, il y a également celles du quartier administratif qui n'ont pas connu un meilleur sort. Là se trouve le premier palais de justice de Côte d'Ivoire, dans lequel siégeaient les cours et les tribunaux. Tous ces constats achèvent de convaincre de l'urgence de mesures à prendre pour réhabiliter et sauvegarder Grand-Bassam, un riche patrimoine culturel et historique.

Les efforts menés par les autorités locales pour tenter de sauver le quartier France ont permis la réhabilitation de certains bâtiments à l'image de l'ex-Palais du gouverneur devenu Musée du costume.

Tout comme le Centre coopératif des céramistes était l'ancien centre culturel français, la réhabilitation de la Maison du patrimoine qui était l'ex-Hôtel des Postes. Mais beaucoup reste à faire.





Des maisons dénaturées





Malheureusement, l'apparition de nouveaux matériaux de construction a affecté l'authenticité de ces ouvrages. Certains ont véritablement été dénaturés par des particuliers. Plusieurs cas ont été relevés au quartier France. Il s'agit de la Bao créée en 1902 qui est aujourd'hui méconnaissable. Des habitations construites dans la zone du peuple N'Zima n'ont pas échappé à cette destruction. Les populations effectuent des travaux de réhabilitation à leur guise. Au regard de ce désordre il est important que le ministère de la Culture et de la Francophonie prenne ses responsabilités pour la conservation de ce patrimoine historique. A cet effet, les gouvernants ivoiriens ne doivent pas perdre de vue que Grand-Bassam est classé patrimoine mondial de l'Unesco.

Emmanuelle Kanga (Correspondante régionale)

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023