samedi 7 juin 2008 par Le Nouveau Réveil

Tapé Koulou, président du SYNAPROCI, dans cet entretien, parle des malversations au sein de la filière café-cacao. L`homme n`a pas la langue de bois. Il parle, dénonce et accuse. Interview.
M. Tapé Koulou, vous êtes président de parti politique. Vous êtes également président d`un syndicat de la filière café-cacao, le SYNAPROCI. Si on commençait par le secteur du SYNAPROCI, quel est l`état des lieux au niveau de votre syndicat et de toute la filière café-cacao ?
C`est nous qui avons décrié haut et fort toutes les irrégularités qui ont eu lieu dans la filière café-cacao. 100 milliards de l`usine Fulton aux Etats-Unis, etc. Aujourd`hui, nous faisons encore un autre constat. Sous son mandat, le Premier ministre Banny a accordé 3 milliards à la filière. Cette somme devait être distribuée aux syndicats, aux coopératives et associations de la filière légalement constitués. Mais cet argent a été payé dans les maquis et dans les hôtels. Des gens ont été humiliés mais ils n`avaient pas le choix. Des coopératives ont reçu plus de 3 millions. D`autres ont reçu 200.000. D`autres encore 700.000. On ne sait sur quelle base.
L`argent était destiné à quoi ?
C`est un apport pour subventionner des syndicats. C`est le fonds de garantie des coopératives de café-cacao. C`est bien marqué sur le document que voici : Etat de répartition de la subvention aux coopératives, syndicats, associations et aux dirigeants des producteurs. Il y a combien de structures de la filière café-cacao qui étaient concernées par la distribution de ce fonds ?
Nous ne pouvions pas savoir. A l`époque, quand nous sommes allés devant le chef de l`Etat pour parler de syndicat, on était 11 syndicats. On voulait reformer la filière et on était 11 syndicats légalement constitués. Au moment où on devait repartir l`argent eux-mêmes leur état des lieux indique qu`il y a 83 syndicats. Chaque syndicat devait avoir 05 millions et il restait 250 millions. Concernant les coopératives, à l`époque on parlait de 400 à 500 coopératives. Mais nous avons eu le rapport après et on a découvert 1416 coopératives. Les associations, on parle de 50. On parle de collèges des producteurs, qu`est-ce que c`est que tout ça. C`est une manière de détourner de l`argent. Imprévus et OPA et autres prestations, missions d`information et de sensibilisation 100 millions, 162 millions, 144 millions tout cela répond à quoi ? Est-ce qu`on peut démontrer la véracité de l`existence des 1416 coopératives ? On ne peut pas laisser ces gens-là continuer de voler impunément en Côte d`Ivoire. Monsieur le président, c`est dire que vous aussi vous n`avez rien reçu de cet argent ?
Voilà la liste des syndicats qui ont reçu l`argent. 83 syndicats au lieu de 50 ont été servis. Le syndicat que je dirige n`a rien reçu. Vous estimez qu`il y a eu malversations. Qui accusez-vous dans cette affaire ?
J`accuse ceux qui ont distribué l`argent. On en veut d`abord à Bayou Jean Claude, le directeur général du FGCCC-SA. Je dis qu`il y a des anomalies et dès lundi, nous allons porter plainte.Vous allez porter plainte contre qui?
Contre ceux qui dirigent le FGCCC-SA. Il faut qu`on soit clair dans tout ce qu`on fait. Quand le directeur général de ARCC remettait l`argent, il l`a remis à M. Bayou Jean Claude. C`est ce dernier qui a fait appel à M. Zogbo Raphaël actuel PCA du FGCCC-SA et autres dont M. Dali Koffi président de la Confédération des syndicats des agriculteurs de Côte d`Ivoire (COSACI) pour distribuer l`argent. Donc c`est à eux que nous nous en prenons. Il faut qu`ils nous fassent le point de la situation. Pourquoi certains ont reçu leur argent et d`autres non. Donc dans les prochains jours, certainement, il y aura encore des remous dans la filière ?
Dès lundi, quand nous allons porter plainte, les gens vont accaparer le dossier. Parce qu`il y a eu malversations. Pourquoi dans la répartition, les délégués ARC ont 100 millions et les collèges des producteurs, également 100 millions. Pourquoi 160 millions pour les OPA et imprévus ? Ils ont choisi des syndicats qu`ils veulent et ils ont alloué des fonds à des gens ou à des groupes que nous ne connaissons pas. A part votre syndicat, y a-t-il d`autres qui se joignent à vous ?
Il y en a beaucoup d`autres. Ils sont déjà au tribunal dans un procès avec M. Bayou et Zogbo. L`affaire est renvoyée au 09 juin. C`est à cette occasion que le dossier nous est parvenu.
Vous allez donc vers un syndicat de syndicats grugés ?
Oui. Les syndicats sont très en colère d`autant plus qu`ils sont légalement constitués et qu`ils devaient d`ailleurs avoir plus que ce qu`ils ont reçu. Evidemment pour ceux qui ont reçu quelque chose. Au-delà de l`action en justice, est-ce que vous entrevoyez d`autres démarches. Par exemple auprès des autorités ivoiriennes ?
Ce sont ces dirigeants-là qui ont gâté le nom de Gbagbo. Je connais le Président Gbagbo pour l`avoir fréquenté. Lui, il ne s`intéresse pas à ce genre de chose. Mais ceux qui pensent qu`ils ont l`appui du Président alors qu`ils ne l`ont pas. Aujourd`hui nous allons nous plaindre. Ça ce n`est pas une enquête à mener par le procureur. Nous avons été grugés par des individus et nous allons porter plainte. Nous avons déjà essayé la voie du dialogue mais on nous a fait savoir qu`on nous a donné l`argent.

Un dernier mot de ce point.
Je crois qu`il faut extirper de la filière tous ces rats. Je pense que le président Gbagbo même a l`intention de les extirper. Mais il est occupé à préparer les élections. Il faut les extirper parce qu`ils n`honorent pas la filière. Ils ne font pas les choses de manière élégante. Ils peuvent encore régler ce problème à l`amiable avant qu`il ne soit trop tard, avant que nous saisissions les tribunaux.
Interview réalisée par
Diarrassouba Sory et
Paterne Ougueye Yves

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