samedi 7 juin 2008 par Le Nouveau Réveil

Mais qu'est-ce qui lui arrive, notre cher Président ? Quelle mouche l'a-t-il piqué et poussé à prononcer ces phrases incroyables qui défient avec autant de flagrance et de légèreté la vérité historique, la morale politique et le bon sens tout simplement? Laurent Gbagbo, invité de l'émission "Le talk de Paris" sur la chaîne de télévision mondiale "France 24", affirme en effet sans trembler que " En 1990, j'ai été candidat. Je n'ai pas été proclamé vainqueur, mais en fait, c'était moi le gagnant des élections ". Et pourtant, le verdict des urnes était sans appel, le candidat du FPI qu'il était avait été battu à plate couture. Plus de 81% des suffrages exprimés pour le Président Houphouët contre 18% seulement pour Laurent Gbagbo. La défaite fut tellement écrasante que le chef de file de l'opposition d'alors qui ne voulait sans doute pas tomber dans le ridicule s'était gardé de contester les résultats. Mais voilà que 18 ans après, Gbagbo revient à la charge et tente de réécrire l'histoire. Sur le plateau de "France 24", donc du monde entier, il se proclame vainqueur des élections contre le grand Houphouët-Boigny. On peut parler de culot, d'audace, de volonté manifeste de trahir le fait historique mais il faut se transporter au-delà de l'émotion et du factuel pour essayer d'appréhender le sujet qui parle ainsi, sa personnalité et les sentiments enfouis dans son subconscient. Car avec ces déclarations, Gbagbo annonce ce qui va se passer dans quelques mois, il annonce que même si les Ivoiriens constatent, chiffre à l'appui, qu'il a perdu largement les élections, lui, il se déclarera vainqueur. Parce que Gbagbo n'a pas la même grille de lecture des résultats des élections que les autres. Sinon, il se serait gêné et même abstenu de tenir des propos du genre. " En 90 c'est moi le vainqueur ". Le slogan " on gagne ou on gagne prend ici son sens ". Par tous les moyens, Gbagbo tentera de s'imposer. Peu importe si l'on parle de braquage électoral par-ci, de bourrage des urnes par-là. A partir du moment où il a l'armée à sa solde, il tentera tous les coups pour tenir tête au peuple. Quelqu'un qui tord le cou à l'histoire aussi fraîche, qui remporte une élection avec 18% contre un adversaire qui totalise plus de 81% des suffrages n'est-il pas un vrai danger pour la démocratie ?
Peut-on gagner les élections avec 51% devant Gbagbo ? Acceptera-t-il ce verdict étriqué lui qui dénie la victoire à quelqu'un qui le bat à plus de 81% ? Il y a ici une véritable matière à réflexion et à méditation pour l'opposition. Qui doit désormais intégrer dans ses stratégies de conquête du pouvoir, cette nouvelle éventualité c'est-à-dire la volonté de Gbagbo de se proclamer vainqueur quand bien même le résultat des urnes lui serait défavorable.
La Côte d'Ivoire n'est pas encore sortie de l'auberge.
Akwaba Saint Clair

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