Le chef de l`Etat ivoirien a accordé une interview à la chaine de télévision " France 24 ". Le moins qu`on puisse dire, c`est que Laurent Gbagbo a fait de graves contradictions dans ses échanges au cours de cette émission. Par moments aussi, il a donné des informations sans preuves et donné l`impression de fuir ses responsabilités face à des sujets engageant l`image de la Côte d`Ivoire. " En 1990, j`ai été candidat. Je n`ai pas été proclamé vainqueur, mais en fait, c`était moi le gagnant des élections " a déclaré Gbagbo qui, tout le monde le sait, n`a obtenu que 18% des voix des Ivoiriens face à Houphouët. Gbagbo qui ne dit pas le pourcentage que chaque candidat a obtenu à cette époque n`a pas réclamé sa victoire comme il l`a fait avec le Général Guéi Robert. Pourquoi ? " En 2000, j`ai gagné avec 59% des voix " a-t-il affirmé. Là encore, les faits étant récents, les Ivoiriens se souviennent encore que le décompte des voix n`est pas arrivé à son terme en 2000. Que cherche à démontrer Laurent Gbagbo avec ces victoires ( ?) qu`il annonce ? Rien d`autre certainement que de préparer les esprits à accepter qu`il sera le vainqueur des futures présidentielles même s`il ne gagne pas. D`ailleurs il a prévenu : " Je ferai tout pour que le sort me reste favorable si je suis candidat ". Parlant des événements de mars 2004, il dit ceci " aucun Français n`a été détroussé en Côte d`Ivoire, aucun Français n`a été pillé, aucun Français n`a été tué, chassé ". Quand on sait que ces événements de 2004 sont contemporains parce qu`il y a seulement 4 ans qu`ils ont eu lieu, l`on est stupéfait de cette déclaration du chef de l`Etat. En effet, qui ne se souvient pas de la descente des jeunes patriotes dans les rues d`Abidjan après l`appel de Blé Goudé. Ces derniers, tout le monde le sait, ont pillé des entreprises, incendié des écoles françaises après avoir tout emporté et empêché des Français ou tous ceux qui ont la peau claire de mettre le nez dehors. Des témoignages vrais ou faux ont même annoncé des cas de viol de femmes de nationalité française. " On s`en fout de blancs " était l`une des boutades très en vogue à Abidjan. D`une réponse qui nie les faits, Laurent Gbagbo passe à une autre qui, elle, reconnaît les mêmes faits. A cette question du confrère Ulysse Gosset : il y a quand même eu de graves incidents. Des Français ont été molestés et d`autres choses graves. Vous le savez bien Laurent Gbagbo répond : " Oui, mais je vous ai restitué le contexte (ndlr : la destruction de la flotte ivoirienne par l`armée française), mais sur ça, je ne me sens pas coupable, pas du tout ! ". Pour Gbagbo, " il n`y a pas eu de guerre civile en Côte d`Ivoire. On a eu une guerrec`est une drôle de guerre ". Mais plus loin, le chef de l`Etat dit le contraire de ce qu`il a avancé " il y a eu une guerre civile dans mon pays. L`Etat français, dirigé par Jacques Chirac, a pris des positions qui nous ont amené à le suspecter légitimement. Bon ! " Concernant la disparition du journaliste français Guy André Kieffer, le chef de l`Etat ivoirien indique : " moi, cela n`empoisonne pas du tout ma vie ". Et d`ajouter plus loin " Guy André Kieffer a disparu. Nous avons fait les recherches comme nous avons pu. Nous avons fait beaucoup de recherches. Je me suis investi, effectivement, dans ces recherches tout le temps que j`ai cru qu`il s`agissait d`une affaire de disparition d`homme, qu`il fallait donc retrouver. Je me suis rendu compte, il y a quelque temps, que c`était brandi dans certains milieux comme un chiffon rouge devant le taureau que je suis censé être politiquementChaque fois que certaines personnes sont en difficulté, ils brandissent Guy André Kieffer. Ce n`est plus mon affaire. Je pense que c`est totalement déplacé de jouer comme ça sur les sentimentsMoi j`ai fait mon travail de chef d`Etat ". Laurent Gbagbo qui se désengage de cette affaire qui pourrit l`image de la Côte d`Ivoire se garde de donner un traitre soupçon sur l`identité des personnes qui, en difficulté, brandissent le chiffon rouge dont il parle. Aussi, faut il rappeler que concernant les recherches dont parle le chef de l`Etat, aucun Ivoirien ne sait aujourd`hui où en est le procureur de la République avec l`enquête qu`il a ouverte. Et la seule fois que celui-ci a informé l`opinion publique, c`était au cours d`une conférence de presse qui visait d`ailleurs à disculper le pouvoir d`Abidjan après les accusations formulées par Berté Seydou qui s`est présenté comme le chauffeur de Tony Oulai cité dans l`affaire de la disparition du journaliste. Gbagbo, par ailleurs, dans ses propos, tente de faire passer la disparition de Kieffer comme un fait banal comme il en existe partout dans le monde. Il feint d`oublier que Kieffer n`est pas n`importe quel citoyen d`un pays qui disparaît en Côte d`Ivoire. " Pourquoi Guy André Kieffer dont je ne vois pas d`ailleurs en quoi il me gênait, pourquoi sa disparition, les gens brandissent le chiffon rouge pour faire comme si c`était moi qui l`avais fait disparaître ? Pourquoi ? Il est qui ? " A dit Gbagbo. Alors que Kieffer, Gbagbo l`a certainement appris, est un spécialiste de la filière café cacao et dit-on, suivait de près un dossier qui accablait des barons de la refondation. Et Gbagbo n`ignore pas que Michel Légré, le beau-frère de son épouse Simone Gbagbo est cité comme l`un des sachants dans la disparition de Kieffer. " je suis en train de d`étudier un plan pour relancer l`économie vivrière " soutient enfin Laurent Gbagbo. Parole d`un Président après 08 ans de règne sur un pays agricole.
Diarrassouba Sory