samedi 7 juin 2008 par Fraternité Matin

Le président du mouvement Action pour la France parle de la présidentielle de 2008 et des relations entre la Côte d'Ivoire et la France. Que recherchiez-vous en mettant sur pied, au plus fort de la crise, un Mouvement pour soutenir la France qui était accusée de faire la guerre à la Côte d'Ivoire?
Je recherchais tout simplement, en mettant en place un tel Mouvement, une certaine volonté, de faire en sorte que les Ivoiriens et les Français se parlent. Parce que ce sont deux peuples qui se connaissent, qui ont vécu ensemble depuis longtemps dans la paix et la sérénité. Et vous vous rappelez avec les évènements que notre pays a connus, et les diverses accusations qui ont conduit à une mauvaise passe dans les relations entre la France et la Côte d'Ivoire, il fallait faire en sorte que les deux peuples s'asseyent pour se parler. Il fallait donc quelqu'un pour initier cette attitude. C'est ce que nous avons essayé de faire en mettant en place l'ONG Action pour la France. Quel bilan faites-vous aujourd'hui de vos actions?
C'est un bilan qui est très fructueux dans la mesure où nous constatons aujourd'hui que les Ivoiriens et les Français se comprennent. C'est un bilan positif parce que les actions que nous avons eu à mener ont entraîné une certaine sérénité au sein des peuples. L'Ivoirien ne perçoit plus le Français comme son ennemi, ne perçoit plus la France comme un pays faisant la guerre à la Côte d'Ivoire mais plutôt un vrai partenaire qui a contribué au développement de la Côte d'Ivoire sous Houphouet- Boigny et aujourd'hui sous le Président Laurent Gbagbo. Avant la création de cette ONG, comment jugiez-vous les relations entre la Côte d'Ivoire et la France?
Surtout depuis la crise, vous êtes en Côte d'Ivoire comme moi, vous savez que les relations étaient totalement mauvaises. Parce que la France, comme vous l'avez dit tantôt, était accusée de faire la guerre à la Côte d'Ivoire. Les Mouvements patriotiques que nous avons connus étaient tous dirigés contre la France. Vous voyez que les relations étaient mauvaises. Paris et Abidjan ne se parlaient plus. Peut-être que les relations sur le plan économique continuaient plus ou moins, mais Paris et Abidjan ne se parlaient plus. Alors vous savez, quand il y a des positions aussi tranchées, il faut qu'au niveau des Ivoiriens, certains prennent la parole. Pour dire que ce ne sont pas tous les Ivoiriens qui sont contre la France. Car les Ivoiriens aiment les Français. Les Ivoiriens ont un amour profond pour les Français. Ils savent que sur le plan culturel, sur le plan de certaines relations profondes, nous sommes plus ou moins Français. Et donc, c'était quand même regrettable de continuer à entretenir cette relation d'animosité. Aujourd'hui, notre souci, c'est de continuer à contribuer à cette normalisation. Depuis les évènements de 2004, les opérateurs économiques français sont partis de la Côte d'Ivoire. Comment vous, le défenseur des intérêts de la France, avez-vous senti cela?
Vous savez, un pays qui n'a pas de PME et de PMI, ce n'est pas un pays qui vit. Donc nous avons pensé qu'avec le départ des opérateurs économiques français (qui sont repartis en grand nombre chez eux), les Ivoiriens en ont beaucoup souffert, beaucoup d'Ivoiriens ont perdu leurs emplois. Les conséquences du départ des opérateurs économiques français sur les Ivoiriens, sur la Côte d'Ivoire, ont été désastreuses. C'est la raison pour laquelle il fallait faire quelque chose. En France, beaucoup d'Ivoiriens ont perdu leurs emplois. Les dames qui jouent le rôle de Baby Sitter à Paris, par exemple, ont eu beaucoup de problèmes. Dans la mesure où on perçoit l'Ivoirien comme un être violent, un homme qui a chassé les Français. Vous comprenez donc qu'il fallait contribuer à cette normalisation. Pour que les Ivoiriens aient du travail, parce qu'on a besoin des entreprises françaises en Côte d'Ivoire. Que faites-vous aujourd'hui pour leur retour en Côte d'Ivoire?
Nous faisons beaucoup. Nous avons organisé des séminaires pour rassurer les uns et les autres. Des séminaires qui ont montré que la France est incontournable dans le système de développement de la Côte d'Ivoire. La France nous aide beaucoup parce qu'elle continue d'être un partenaire privilégié de la Côte d'Ivoire. Pour recréer la confiance, nous avons organisé la nuit de l'amitié et de la fraternité ivoiro-française au Palais des Congrès de l'hôtel Ivoire. Au cours de cette nuit-là, Français et Ivoiriens se sont retrouvés, ont chanté, dansé. Et au mois de mars dernier, nous sommes partis en France. Pour échanger avec les opérateurs économiques français. Nous sommes allés au Quai d'Orsay. Pour expliquer la position de la Côte d'Ivoire. Pour dire aux Français que les Ivoiriens les aiment, pour leur dire que les évènements que nous avons connus dans notre pays sont des évènements qui doivent être dépassés. Car il y a un moment pour faire des histoires et un autre pour faire la paix. Et nous voulons que cette paix là soit une vraie paix entre Ivoiriens et Français. En Côte d'Ivoire, nous avons parcouru le District d'Abidjan pour expliquer aux Ivoiriens que les Français ne sont pas contre eux. Ils ont compris. Nos amis les Patriotes l'ont compris. Aujourd'hui, ils savent que la normalisation des relations entre la France et la Côte d'Ivoire peut être bénéfique pour les Ivoiriens. Bénéficiez-vous, dans le combat que vous menez, du soutien du président de votre parti, le PDCI-RDA, du Premier ministre Soro Guillaume et du Président de la République, Laurent Gbagbo?
Au niveau du PDCI-RDA, vous savez que c'est un parti de paix. Donc au PDCI-RDA, personne ne peut accepter des actes de violence, personne ne peut accepter qu'il y ait des crises entre une nation comme la France et une autre comme la Côte d'Ivoire qui sont s?urs. Donc nous bénéficions du soutien du président Henri Konan Bédié et de son secrétaire général Alphonse Djédjé Mady. Nous bénéficions également du soutien, au sommet de l'Etat, du Premier ministre Soro Guillaume qui comprend les actes que nous posons. Nous bénéficions du soutien du Président Laurent Gbagbo qui affirme qu'il n'a pas de problème avec la France. Il y a eu certainement un moment de l'histoire de notre pays, des incompréhensions et lui, il est prêt à dépasser ces incompréhensions. Vous voyez, il nous soutient à travers ses dires, à travers les actes qu'il pose. Il n'a jamais dit que les Ivoiriens doivent chasser les Français de la Côte d'Ivoire. Aujourd'hui, le Président Gbagbo a posé de grands actes. Des chantiers en construction à Yamoussoukro sont aux mains des Français. Vous comprenez que si le Président Laurent Gbagbo était contre les Français, il aurait donné ces chantiers à d'autres personnes. Il n'a jamais été contre les Français. Il nous apporte à travers des actes qu'il pose, son soutien. Il nous comprend de très loin, c'est vrai que nous n'avons pas encore eu la chance de le rencontrer. Mais ceux qui le rencontrent disent qu'il nous soutient. Avez-vous l'impression d'avoir contribué à la résolution de la crise ivoirienne?
Ce sont les autres qui peuvent le dire. Nous ne pouvons pas véritablement l'affirmer. Mais nous ajoutons notre pierre à l'édifice de la normalisation des relations entre la Côte d'Ivoire et la France. Et nous pensons, avec humilité, que les actes que nous avons posés, ont contribué à cette normalisation. Nous continuons en tout cas de faire en sorte que les Ivoiriens et les Français ne puissent pas se regarder en chiens de faïence. Vous savez, bientôt, les écoles françaises vont rouvrir, les entreprises françaises vont revenir. Ce qui signifie qu'on sent la normalisation. Le Président de la République avec cette volonté de faire revenir les Français, a contribué à alléger les comptes des Français sur le plan fiscal. Le gouvernement avec à sa tête le Premier ministre et au plus haut niveau le Président de la République, a dégagé près de six milliards de francs CFA pour permettre aux entreprises françaises de revenir. Il y a eu des allègements fiscaux pour permettre aux entreprises françaises de revenir. C'est une volonté politique qu'il faut saluer.
Qui peut adhérer à votre mouvement ? Est-ce des nationaux, des Français?
Tous les Ivoiriens, les Africains, tous ceux qui aiment la paix peuvent adhérer à notre mouvement. C'est un mouvement de paix, un mouvement qui prône la réconciliation entre les hommes, entre deux nations qui ont intérêt à continuer à s'aimer. Aujourd'hui, notre mouvement compte beaucoup de membres dont des députés du PDCI, du FPI et issus d'autres partis politiques. Donc, ce n'est pas un mouvement exclusif. C'est plutôt un mouvement qui veut rassembler les Ivoiriens. Je voulais vous dire que les Ivoiriens, dans leur grande majorité, quelles que soient leurs tendances politiques, n'ont jamais été contre les Français. Ce qu'ils m'ont dit, c'est qu'ils n'ont pas apprécié la politique française à un moment donné de l'histoire de la Côte d'Ivoire. C'est la raison pour laquelle ils adhèrent tous au mouvement que nous avons mis en place. Nous défendons donc le bonheur des Ivoiriens. Que pensez-vous du 30 novembre 2008, date choisie pour le premier tour de la présidentielle en Côte d'Ivoire?
Nous ne pouvons que nous féliciter de cette date-là. Nous pensons que les acteurs principaux des Accords de Ouagadougou ont bien fait de trouver une date. Dans la mesure où les Ivoiriens sont fatigués de rester dans une situation de ni paix ni guerre. Ils sont fatigués de rester dans une situation où on ne connaît pas ce que l'avenir nous réserve. Cette date nous permet de nous nourrir d'un espoir nouveau. C'est pourquoi nous souhaitons que cette date soit incompressible.
Les activités que vous menez au niveau du mouvement Action pour la France , vous permettent-elles de vous mettre au service de votre parti qui aspire à revenir au pouvoir?
On peut faire les choses concomitamment. Il y a des actions que nous menons pour le mouvement, donc dans l'intérêt de la Côte d'Ivoire, et celles que nous faisons pour la victoire de notre parti aux prochaines élections. Les actes que nous posons contribuent à faire revenir la paix. Nous sommes engagé pour la victoire du PDCI, mais aussi pour la victoire des Ivoiriens. Nous voulons que les Ivoiriens comprennent que le Président qui sera élu doit être nécessairement celui de tous et contre lequel on ne doit pas prendre des armes.



Entretien réalise Par Emmanuel Kouassi

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