samedi 7 juin 2008 par Fraternité Matin

Avec ses infrastructures vieillissantes et dégradées, la mère des universités de Côte d'Ivoire est confrontée aux offres de la saison des pluies. Au nombre des victimes des pluies diluviennes de ces derniers jours, figure en bonne place l'Université de Cocody. Les infrastructures sont dans un état de dégradation inquiétant. La situation est si désespérante que certains locaux ne peuvent opposer la moindre résistance aux eaux torrentielles qui tombent en ce moment sur Abidjan. Conséquence, des amphithéâtres et salles de travaux pratiques sont inondés et les étudiants travaillent pratiquement les pieds dans les flaques d'eau. Dans les amphithéâtres D et E d'une capacité de 300 à 400 places des Unités de formation et de recherche (UFR) des Sciences économiques, les fenêtres ne sont pas totalement couvertes, les toits arrière des édifices, faits de matière transparente pour laisser passer la lumière du jour, sont troués. Les étudiants assis sur les bancs du fond de la salle sont donc exposés aux intempéries. Ceux de devant ont simplement déposé des morceaux de briques dans l'eau pour protéger leurs pieds. Il n'y a pas de canalisation pour évacuer les eaux de pluie à l'intérieur et à l'entrée des amphis. Bientôt, ces endroits vont constituer des sources de maladies avec les moustiques et autres bestioles.
Les allées des bâtiments, les salles de TD et les bureaux des enseignants ne sont pas mieux lotis. Des enseignants donnent des cours aux étudiants dans des salles délabrées et non éclairées. Des images inimaginables pour la plus grande et la plus ancienne des universités de Côte d'Ivoire. Personnel administratif et technique, enseignants et étudiants blasés fonctionnent dans cet environnement sans moyens et sans recours. Les budgets des différentes UFR estimés à 60 ou 70 millions de FCFA restent insignifiants face aux besoins immenses. Des efforts ont tout de même été faits pour renforcer les infrastructures d'accueil. Ainsi, des bâtiments ont été construits sur un nouveau site pour l'UFR des Sciences juridiques, administratives et politiques. Il s'agit de 3 amphis dont un grand de 700 places et 2 petits de 150 places chacun. Malheureusement, les locaux affectés aux enseignements du deuxième cycle ne sont utilisables que dans la journée à cause des problèmes d'électricité. Selon le secrétaire principal, M. Atsé Cyril, le gros câble qui alimente les amphis a été sectionné pendant les travaux l'année dernière et depuis, on utilise les fils électriques pour le fonctionnement du matériel de sonorisation. Les bibliothèques à l'université n'existent que de nom. Celle de l'ancienne faculté de Droit, créée depuis 1965, est dans un état de délabrement incroyable et n'est pas informatisée. Le local est vétuste et poussiéreux ainsi que les 3 salles annexes affectées depuis aux cours et aux compositions. Il y a des problèmes de climatisation, d'éclairage et d'entretien. Le fonds documentaire est vieillissant et les moyens manquent cruellement pour le renouvellement des ouvrages. Pour Djy Germain, bibliothécaire, la bibliothèque, qui a une capacité d'accueil de 156 places avec 1445 titres, reçoit chaque année 100 à 150 nouveaux ouvrages qui, malheureusement, n'arrivent pas à couvrir les besoins des étudiants. Il n'y a l'Internet pour permettre aux enseignants et étudiants de consulter des ouvrages ou des sites de recherche en ligne. Pour s'en sortir, le secrétaire principal demande à de bonnes volontés de leur venir en aide car les ressources financières ne sont pas importantes pour faire face aux besoins. Il a particulièrement invité les anciens étudiants de la faculté de Droit de l'Université de Cocody, qui occupent de hautes fonctions administratives et politiques, à s'impliquer dans le développement de leur ancienne école à l'image de ceux des Sciences économiques. Un autre responsable de la scolarité a lui déploré la multiplication des structures de base en oubliant l'enseignement supérieur qui accueille tous les élèves qui viennent des établissements primaires, secondaires et des grandes écoles. Il souhaite que les filières Droit et Sciences économiques soient ouvertes à l'Université d'Abobo-Adjamé qui a moins d'étudiants et plus d'espace pour décongestionner l'Université de Cocody. Il demande également aux autorités de créer une université dans certaines zones d'Abidjan, Yopougon par exemple, pour abriter les filières de langues. Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a, pour sa part, pris l'engagement de réhabiliter certains locaux. Il avait fait la promesse lors de sa visite improvisée à l'Université de Cocody, le mois dernier, en présence du doyen, le Pr. Mélèdje Djédjéro Francisco. Ainsi, des travaux de réfection de l'amphi F et de certaines salles sont en cours. L'UFR de Droit fait partie des filières les plus prisées de l'Université de Cocody et compte plus de 6500 étudiants, une centaine d'enseignants et une trentaine de personnels administratifs et techniques.
C'est également l'une des filières qui n'ont pas connu de perturbations majeures. Les cours pour l'année académique 2007-2008 vont s'achever le 7 juin pour le premier cycle et les examens programmés le 16. Pour le deuxième, les cours prennent fin le 21 juin et les examens fixés au 30 juin. Les étudiants de Maîtrise arrêtent les cours le 5 juillet et composent du 16 au 23 juillet. Contrairement à certaines UFR qui n'ont pas encore achever les cours de 2006-2007.



Bernadette Bah

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