C'est l'hebdomadaire français Le Canard enchaîné?, qui, dans son édition du 4 juin, lève le voile sur l'inutilité du séjour des soldats de la force Licorne en Côte d'Ivoire. Et surtout les pratiques de bon vivant qui font de ce contingent une véritable équipe de touristes en randonnée dans notre pays. Aux frais du contribuable français qui est confronté, comme de nombreux autres européens, à la montée du prix du pétrole et des denrées alimentaires. Y a des tas de ficelles pour justifier un voyage comme ça. Il suffit de prévenir l'attaché de défense de l'ambassade qu'on va prendre un càontact sur place?, rapporte l'hebdomadaire français. Pour la seule année 2007, la note s'élève à 159 millions d'euros (soit plus de 104 milliards FCFA).
Les contribuables français savent désormais à quoi sert le fruit de leur travail. Grosses 4X4 rutilantes pour s'éclater en brousse, sauts de puce en transall, cigares, whisky et espaces verts à rendre jaloux un anglais, la vie est belle à Port-Bouët, dans la banlieue d'Abidjan, pour les vaillants guerriers de l'opération Licorne?, écrit notre confrère. Qui précise que l'opération Licorne regroupe 1 856 éléments chapeautés par un général trois étoiles, sept colonels et 77 officiers supérieurs. Une armée mexicaine? qui n'a plus rien à faire, puisque les Ivoiriens règlent leurs problèmes eux-mêmes, et ça marche bien.
En plus de pomper inutilement les sous des français, l'opération Licorne traîne des casseroles. On se souvient qu'au début de la guerre, les populations ivoi-riennes des localités attaquées par les rebelles accussaient les soldats français de la force Licorne de servir d'éclaireurs aux agresseurs. Sans oublier les vols et casses des agences de la BCEAO à Bouaké et Korhogoainsi que le pillage des ressources naturelles.
La cerise sur le gâteau fut la rocambolesque affaire sur le bombardement du camp militaire français de Bouaké, lors de l'opération César ou Dignité. Sans jamais donner les preuves de leurs accusations selon lesquelles l'armée ivoirienne a tué délibérément huit français et un américain, les soldats français ont détruit les aéronefs ivoiriens et tiré sur des civils aux mains nues. Faisant des centaines de morts et des milliers de blessés. Les images de ces scènes insupportables ont fait le tour du monde et sont encore disponibles.
Aujourd'hui, personne ne doute que les soldats français doivent partir. Qu'ils soient de la Licorne ou du 43ème BIMA. Certes, la tension a quelque peu baissé avec le départ de l'ex-chef d'Etat français Jacques Chirac. Mais la présence du contingent français est devenue agaçante pour les Ivoiriens et inutilement onéreuse pour la France. L'heure du départ a donc sonné.
Paul D. Tayoro