samedi 7 juin 2008 par Notre Voie

Si vous pensez que les consignes du chef d'état-major sont des paroles en l'air, essayez et vous verrez?. Cet avertissement du commissaire du gouvernement Ange Kessy, le 2 juin dernier, lors du lancement de la campagne de lutte contre le racket, ne semble pas avoir été compris par des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS). Car, le constat sur le terrain est tout autre, et certains d'entre eux persistent dans cette pratique malsaine. En effet, certains hommes en tenue continuent de s'adonner au racket. Un tour dans le district d'Abidjan nous a permis de nous en rendre compte.

Les barrages fictifs
reviennent

En prenant à bras le corps le problème du racket, le chef d'état-major des armées (CEMA), le général Mangou a pour ambition non seulement d'éviter les tracasseries routières mais également d'assurer la fluidité routière qui pourrait fortement aider à la relance des activités économiques. C'est pour cela qu'il a réduit à un nombre raisonnable les corridors dont la liste a été rendue publique. Malheureusement, des éléments véreux continuent de créer des barrages dans certaines artères du district d'Abidjan. A deux ou à trois, ils se dissimulent dans des endroits fréquentés par des véhicules de transport en commun (taxis communaux, taxis inter-communaux, gbakas, etc.), remettant du coup en cause les consignes laissées par le CEMA. Pourtant, les deux premiers jours qui ont suivi le lancement de la campagne, ils avaient disparu des routes. Jeudi dernier, deux éléments des FDS étaient bien visibles au terminus des bus d'Angré, juste à coté de la gare des wôrô-wôrô assurant la ligne Angré-Riviera II. Au carrefour Inch Allah de Koumassi, des hommes en tenue étaient présents, s'en prenant uniquement aux taxis communaux. Dans la nuit de ce même jeudi, d'autres étaient camouflés dans la pénombre au niveau du carrefour II Plateaux, sur la voie gendarmerie d'Agban-Abobo. Seule la lumière de leurs torches qu'ils utilisaient pour arrêter les gbakas indiquaient leur présence. Dans la journée d'hier, comme s'ils s'étaient passés le mot, ils avaient envahi les voies et routes de Yopougon.
Comme on peut le voir, si de grands corridors ont disparu, les petits barrages fictifs, eux, n'ont disparu que le temps du lancement de l'opération de lutte contre le racket pour ensuite revenir avec de nouvelles méthodes de racket des automobilistes ayant leurs documents en règle.
En effet, depuis le début de cette campagne, les véhicules de transport en commun qui ne disposent pas de tous les documents administratifs exigibles lors des contrôles, ont préféré arrêter de circuler en attendant de se mettre en règle . Des responsables syndicaux avaient même affirmé qu'ils ne peuvent pas être complices des transporteurs hors-la loi?. Ceux qui disposent de tous leurs documents administratifs n'échappent pas aux FDS véreux. Ces derniers ayant opté pour d'autres moyens pour les racketter. Mon frère, chez nous ici, le racket n'a jamais été comme ailleurs. Il y a quelqu'un qui a été désigné pour encaisser l'argent destiné à soudoyer les forces de l'ordre. Chaque matin, on paie à ce dernier qui nous remet des tickets. Ce sont ces tickets que nous présentons en cas de contrôle. Les forces de l'ordre passent plus tard pour récupérer l'argent collecté?, nous explique un chauffeur de wôrô wôrô qui a requis l'anonymat et qui a préféré qu'on ne cite pas sa gare. Il a ajouté que cette pratique avait cours avant le lancement de la campagne et continue aujourd'hui encore. Un autre chauffeur, dans une autre gare, nous explique que depuis le 2 juin 2008, les FDS sont devenues très sévères et ne tolèrent aucune gaffe. Les infractions ordinaires qu'on pouvait tolérer contre 200 FCFA ou 500 FCFA sont désormais sévèrement sanctionnées. Seulement, les sanctions ne sont plus les contraventions régulières. Il faut payer plus cher qu'avant pour pouvoir continuer à travailler. Le drame est que cet argent ne va pas dans les caisses de l'Etat mais dans les poches de ces agents. Pis, selon notre interlocuteur, les forces de l'ordre créent des infractions imaginaires. Imaginez vous que le dégagement rapide au feu orange n'existe pas dans leur vocabulaire. Ils t'accusent systématiquement de n'avoir pas respecté le feu rouge. Lorsque tu veux nier, ils te montrent le feu qui, entre temps, est passé au rouge. Et il faut encore payer de l'argent qui va dans leurs poches?, nous révèle-t-il.

Les consignes du CEMA ne sont respectées

Pourquoi ne dénoncent-ils pas ces agents véreux ? A cette question, notre interlocuteur nous répond qu'ils ne portent pas leurs badges. En effet, après notre tournée dans le district d'Abidjan, le constat est clair. La plupart des agents rencontrés n'arborent pas leurs badges sur lesquels le CEMA a tant insisté. Il n'est donc pas possible de les identifier. Les rares éléments des FDS qui en ont les renversent. En d'autres termes, les badges ne sont pas à l'endroit mais à l'envers. Là encore, il est impossible de les identifier. Chef, tu m'imagines en train de dire à un agent de porter correctement son badge pour que je puisse l'identifier alors que lui-même sait ce qu'il risque? ? Sans commentaire.







Koné Modeste konemo2002@yahoo.fr

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