L'enquête menée par le procureur général sur les malversations au sein de la filière café-cacao sera bientôt bouclée. Et tout indique que les coupables sont désignés d'avance.
L`enquête judiciaire commanditée par Laurent Gbagbo pour faire la lumière sur la gestion financière de la filière café cacao va rendre ses conclusions bientôt. Mais de sérieuses menaces pèsent sur la crédibilité des résultats des investigations du parquet vu que, selon des sources proches du dossier, l`enquête est en voie de quitter la trajectoire judiciaire pour se retrouver sur le champ politique. On le sait, l`affaire de l`acquisition de l`usine fictive de Fulton qui a mis à nu les gigantesques malversations dans la filière café cacao a révélé l`implication de personnes proches du palais. Mêmes si les recherches, avancent les mêmes sources, ne disculpent pas certains dirigeants de structures de gestion, elles s`orientent inexorablement vers les commis de l`Etat. Inacceptable pour les partenaires américains qui n`ont pas hésité à demander le remboursement de leurs investissements. A l`issue du tête-à-tête qu`il a eu avec les partenaires américains, à l`occasion de son dernier séjour aux Etats-Unis courant mars, Laurent Gbagbo a expliqué que les dysfonctionnements pourraient être imputables aux producteurs et non à l`Etat qu`il incarne. C`est ce montage qui est en plein échafaudage. Jeudi dernier entre 18 heures et 19 heures, Laurent Gbagbo a reçu le procureur de la République, Raymond Tchimou, en sa résidence de Cocody, à l`effet de lui donner des directives pour la conduite de la procédure. Selon des sources bien informées, Sansan Kouao, Henri Amouzou, Tapé Do, Bernard Kouamé devraient être publiquement mis en cause.
Un triple coup politique en perspective pour le chef de l`Etat. Le Premier ministre vient en effet de lancer un comité de réflexion sur le café cacao. Des décisions fortes de Gbagbo auraient sans doute pour effet de noyer les conclusions dudit comité. Mais, surtout, les élections s`annoncent. Et le candidat Gbagbo a l`intention de se poser en ennemi de l`impunité. Une hypothèse d`autant plausible que plusieurs rapports sur la gestion du café cacao ont été mis sous le boisseau. Absolument scandaleux, commente le délégué départemental Anaproci de Tiassalé, Kassi Ignace, par ailleurs membre du conseil de gestion du Fonds de développement et de promotion des activités des producteurs de café cacao (FDPCC), présidé par M. Amouzou. Il est récurrent qu`on veut arrêter des dirigeants. Il est aussi évident que ce serait un procès politique parce qu`en choisissant des boucs-émissaires, on se sépare du droit, récrimine-t-il, s`insurgeant contre cette sorte d`immunité accordée aux ministres qui étaient pourtant les seuls à ordonner les décaissements. C`est un abus. Or l`abus entraîne des émeutes, menace-t-il.
Lanciné Bakayoko