lundi 9 juin 2008 par Nord-Sud

? Une semaine après le début de la lutte contre le racket, quel bilan pouvez-vous faire ?

Le bilan est positif. Au niveau des woro-woro de Cocody que je maîtrise le mieux, plus de 75 % des véhicules continuent de circuler. C'est un taux relativement bon. En ce qui concerne les recettes, je puis assurer que tous les chauffeurs sont contents aujourd'hui. Cela va nous amener peut-être à percevoir des les recettes à la hausse. Cela dit, on ne peut pas nier que de nombreux véhicules sur d'autres axes ont garé. Certains sont au garage afin de se mettre à jour pour la visite technique. Les longues files d'attendent devant les ateliers de la Sicta montrent, si besoin en était, que les choses entrent dans l'ordre.





? Est-ce que l'opération se passe comme vous le souhaitiez?

Ce que nous dénoncions, ce n'était pas qu'il y avait des barrages parce que parmi ces barrages, il y en a qui sont conventionnés. Ce sont les barrages fictifs qui nous exaspéraient et les pratiques de racket qu'ils sous-tendaient. Or ce que nous constatons en ce moment, c'est que les forces de l'ordre ont abandonné tous les barrages y compris ceux qui sont réglementaires. Ce n'est pas ce que l'Etat-major leur a dit. Cette situation est dangereuse d'autant que nos agents renoncent là à exercer leur rôle régalien qui est de sécuriser les citoyens par la traque des faussaires, des tricheurs je veux parler des sans-papiers qui viennent dérégler le système. Il y a manifestement, une tentative de sabotage.





? Les barrages sont partis mais les brigades mobiles subsistent. Ce n'est pas incongru ?

Absolument. Nous sommes encore à nous demander la raison de ce choix. C'est un gros point qui mérite d'être traité avec diligence. A mon avis, dès lors qu'il existe des barrages conventionnés, les brigades mobiles n'ont plus de raison d'être. Tout se passe comme si ces agents étaient en dehors des directives du général Philippe Mangou.





? Qu'en est-il des escortes militaires et même civiles ?

Ce niveau est du ressort des opérateurs économiques. Toutefois, j'estime que si les barrages sur les grandes voies sont limités, il va de soi que ces escortes n'ont plus leur sens.





? Les radars demeurent et le fait de se dissimuler ressemble à un racket

Les contrôles radars tels que pratiqués sont une forme de racket. Je pense que les forces de défense et de sécurité commises à cette tâche doivent arrêter la répression systématique et faire de la prévention parce que l'objectif n'est pas d'extorquer des fonds aux automobilistes. Les agents se cachent sous des arbres ou sous des tentes. Impossible de voir les photos en cas de contestation. C'est le règne de l'arbitraire absolu. Ils doivent mettre en avant le rôle pédagogique. Des chauffeurs ont été tués pour cela.





? Vous parlez de racket des forces de l'ordre, occultant ce qui fait rage dans votre corporation. Vos syndicats sont de véritables groupes armés, des racketteurs.

Nous ne sommes pas des racketteurs. Nous sommes bien organisés. Le problème, c'est l'anarchie entretenue volontairement par certains acteurs du système. Les patrons doivent s'occuper des problèmes qui les touchent tandis que les chauffeurs doivent être les seuls interlocuteurs si le problème relève de leur secteur. Pour l'heure, ce n'est pas le cas et c'est ce qui entraîne le désordre dont vous parlez. Vous savez, trop de personnes qui, parfois n'ont rien a avoir avec notre profession, gravitent autour. Ce sont ceux-là qui utilisent la violence et les machettes. Cela parce qu'il y a de l'argent que chacun veut prendre.





? On peut douter de ce que vous dites. Les batailles armées sont légions. Et puis vous menacez tout le monde y compris ceux qui ne veulent pas adhérer, en cassant les vitres ou les rétroviseurs. Parfois, l'intégrité des gens est menacée. Que signifie chez vous la liberté syndicale ?

Il y a des règles dans toutes les corporations qu'il faut respecter. Il y a la liberté syndicale. Ceux qui font les délits ne sont pas des syndicalistes. Ils n'ont aucun document en leur possession. Nous avons une convention à laquelle il faut souscrire. La convention est supervisée par la mairie.





? Pourquoi vos syndicats ne prennent-t-ils pas les devants pour mettre de l'ordre en votre sein?

Ce n'est pas notre travail de traquer ces gens-là. C'est plutôt l'Etat. Nous avons peut-être un rôle d'assistance et de sensibilisation. Je veux dire que la répression revient aux pouvoirs publics.

Entretien réalisé par Lanciné Bakayoko

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