mercredi 11 juin 2008 par Le Patriote

Il est l'un des 21 directeurs régionaux de campagne du candidat du RDR dans la région de l'Agnébi. Adama Bictogo, dans cette interview, lève un coin de voile sur sa stratégie pour faire gagner son candidat dans une région qui a la réputation d'être un bastion du parti au pouvoir. Un défi qu'il compte relever.

L.e Patriote: M. Bictogo, vous êtes parmi les 21 directeurs régionaux de campagne nommés par le président Ouattara. Est-ce que vous attendiez à cette nomination?
Bictogo Adama. : Merci de m'avoir donné la parole après un long silence même si le silence est une forme de communication. Depuis le congrès où le président Ouatttara m'a désigné, soutenue en cela par la base, pour présider la commission de politique générale, j'ai compris que sa confiance à mon égard était intacte. Et que les différents événements qui ont émaillé la vie politique après mon retour d'exil, n'ont à aucun moment altéré cette confiance. Je le savais parce que le président Ouattara est fondamentalement attaché à la pluralité d'opinion. Il sait que cela ne peut que construire, consolider et renforcer le parti. Je peux donc confirmer que le RDR a retrouvé toute sa force, toute son unité, toute sa cohésion autour d'un seul homme : le docteur Alassane Dramane Ouattara. Aujourd'hui, avec la nomination du directeur national de campagne en la personne de Amadou Gon Coulibaly, nomination à laquelle nous adhérons et que nous saluons, il ne fait que confirmer cette cohésion. Au plan de la loyauté, de la compétence, Amadou Gon Coulibaly est la personnalité qui sied. C'est pourquoi, nous saluons le président du parti et le secrétaire général, le Pr Henriette Dagri Diabaté pour ce choix.

L.P. : Le président ADO n'a pas manqué de vous dire que vous avez un défi à relever dans la région de l'Agnébi. Comment pensez-vous pouvoir le relever?
B.A. : Le président est conscient que la région qui m'est confiée est une région difficile. Il ne faut pas oublier que l'Agnébi (Akoupé, Alépé, Adzopé et Agboville, Ndlr) est un bastion du pouvoir en place. Mais ceux qui connaissent ma combativité, mon engagement, ma politique de proximité avec les militants et mon esprit d'ouverture, savent que nous ferons tout pour relever ce défi. Comment, nous, directeurs de campagne allons-nous, au-delà des frontières du RDR, créer les conditions du rassemblement autour de notre parti et de son candidat ? C'est, je crois, ce challenge que nous sommes invités à réussir. Je pense pour ma part bénéficier d'un atout majeur. Si Agboville est d'abord un carrefour, c'est aussi une région dont je suis issu.

L.P : quelle est donc la feuille de route que vous a confiée le président?
B.A. : Le président Ouattara a misé sur notre niveau de responsabilité. Il considère que les 21 directeurs régionaux qu'il a choisis sont conformes à l'efficacité recherchée par le parti, à l'engagement attendu par les militants du parti. Engagement encré dans l'idiologie du parti et dans le programme Vivre ensemble . Au-delà de nous qui avons été choisis, il y a des hommes et des femmes qui par leur efficacité et leur compétence seront d'un apport indispensable à la réussite de notre mission. Pour moi donc, la feuille de route est simple. C'est comment rassembler et consolider notre électorat, ensuite comment rassembler tous ceux qui croient réellement en la politique du président Ouattara, politique qui s'articule autour de la réconciliation, de la fraternité et surtout du développement économique de notre pays. Vous êtes sans ignorer que la Côte d'Ivoire est aujourd'hui confrontée à une difficulté majeure : la vie chère. Et il n' y a pas que le seul pouvoir en place qui est concerné. Nous partis politiques de l'opposition, considérés comme une alternative crédible, sommes également concernés par cette situation. Notre devoir est donc de proposer autre chose aux Ivoiriens, leur proposer un autre discours : sortons de la crise ensemble, construisons la Côte d'Ivoire nouvelle ensemble avec la création d'emplois pour la jeunesse, la formation, l'économie, la santé, etc.

L.P. : Quelles sont les actions concrètes que vous allez mener sur le terrain pour relever le défi dans la région de l'Agneby ?
B.A. : La première chose, c'est de réunir les départementaux pour qu'on fasse ensemble le diagnostic. De cette évaluation, nous allons donc déterminer les forces et faiblesses du RDR. Lorsque nous aurons terminé cette évaluation, je vais donc définir les missions qui sont assignés à chaque secrétaire départemental. Ces missions vont comporter deux volets. Le premier volet est de savoir quel est notre taux d'occupation au plan géographique ? De combien d'électeurs disposons-nous réellement ? A ce moment, nous pourrons dégager une matrice qui prenne en compte la jonction de l'occupation du terrain et le nombre d'électeurs potentiels dont nous disposons sur cet espace. Je prends un exemple : vous savez tout le grand Nord qui représente pratiquement 50 % du territoire mais n'excède pas 20 % de l'électorat. C'est dire qu'on peut bénéficier de l'espace et ne pas bénéficier d'une densité forte d'électeurs. Or dans la région de l'Agnebi, on a une densité très forte de population. Il est important que nous puissions définir l'occupation d'espace et prévoir quelle est réellement la représentativité du RDR dans cette population électorale. Le président nous a dit qu'on va faire une campagne décentralisée. Pour moi, les secrétaires départementaux qui sont les directeurs départementaux vont constituer des sous groupes, des points focaux de sorte que notre couverture puisse être en adéquation avec le nombre de bureaux de vote existant.

L.P. : La région de l'Agneby à l'instar de certaines régions, a été abreuvée de discours anti-Ouattara. Comment allez-vous faire pour remettre les pendules à l'heure ?
B.A. : Vous savez, nous partons avec un avantage. Le FPI a gouverné, quand on a gouverné, on a un bilan à défendre. Le FPI a un devoir de défendre son bilan. Le parti au pouvoir, à la lumière de son bilan, sait qu'il a des faiblesses à la pratique de la gestion de l'Etat. C'est ce qui préoccupe les Ivoiriens dans leur ensemble aujourd'hui, ce n'est pas l'appartenance à un parti politique, encore moins à une ethnie ou une religion qui compte dans ce cas-là. Lorsque qu'il s'est agi récemment de réagir contre la cherté de la vie, les Ivoiriens toutes tendances confondues se sont soulevées. A travers notre projet de société les Ivoiriens comprendrons que le discours longtemps entretenu contre la personne d'Alassane Ouattara n'était qu'un discours électoraliste et qu'aujourd'hui rattrapée par la réalité économique, la Côte d'Ivoire a besoin qu'un homme puisse par sa forte personnalité, la confiance que lui témoignent les opérateurs économiques, par sa maîtrise de la gestion des finances publiques, reprendre les choses en mains.

L.P. : En tant que Direction régional de campagne, vous êtes amené à vendre le produit Ouattara. Quels sont les atouts de ce produit ?
B.A. : Le premier atout du président Alassane Ouattara, c'est son expérience des affaires de l'Etat, c'est sa rigueur dans la gestion des affaires publiques, c'est son expérience au plan international. Il est celui-là qui est tout indiqué pour que la Côte d'Ivoire retrouve sa place dans le concert des nations. Du poste qu'il a occupé au Fonds monétaire international, il a la capacité d'apporter le changement dont ont besoin les Ivoiriens, il est aujourd'hui l'homme du consensus pour avoir fait l'expérience du Front républicain et celle du RHDP. Donc il n' y a pas meilleure passerelle, meilleur fédérateur que le docteur Alassane Dramane Ouattara parce que connaissant l'état psychologique des deux partis que sont le FPI et le PDCI. Dernière chose, le président Alassane Ouattara n'a pas encore présidé aux destinés de la Côte d'Ivoire, contrairement aux autres candidats. Il est bon que cette fois la Côte d'Ivoire lui donne une chance.

L.P. : Mais l'un des candidats estime que ses adversaires, dont Alassane Ouattara, ont déjà géré l'Etat. Que répondez-vous de cela ?
B.A. : Nous sommes dans un régime présidentiel, en tant que Premier ministre, on ne peut pas dire que Ouattara a déjà géré. Nous serions dans un régime parlementaire, où le Premier ministre est responsable devant le Parlement, on pourrait dire cela. En tant que Premier ministre, Ouattara n'a fait que mener la politique d'un président. Nous ne disons pas que la politique qu'il a menée pour le Président Houphouët n'était pas bonne. Mais nous disons qu'au regard de la Constitution aucune chance ne lui a été donnée pour le moment pour présider aux destinées de la Côte d'Ivoire. Au plan constitutionnel, les autres candidats ont bénéficié de cette chance.

L.P. : Qu'avez-vous à dire pour dissiper des éventuelles craintes de quelques partis politiques quant à leur participation à la gestion de l'Etat au côté d'Alassane Ouattara, s'il était élu ?
B.A. : Je voudrais dire que par principe, Alassane Ouattara ne gouvernera pas sans associer les autres partis à la gestion de l'Etat. Au plan sociologique, la composition de notre pays nous impose pour un équilibre social, une ouverture aux autres groupes sociopolitiques. Au plan institutionnel, au regard de la représentativité des différents partis, dès son élection, Ouattara gouvernera en ayant un socle institutionnel très large, pour lui permettre de faire adopter sa politique économique, sociale. C'est pour cela que nous l'avons mandaté d'ouvrir le parti aux autres sensibilités. Qu'une rencontre entre le président Gbagbo et Ouattara ne soit pas un sujet tabou, une rencontre entre le FPI et le RDR ne soit pas un sujet tabou. Qu'une rencontre entre le RDR et les Forces nouvelles ne soit pas un sujet tabou parce qu'il s'agit de la Côte d'Ivoire.
Interview réalisé par
Yves M. Abiet, Kristian Kara et
Ibrahima B. Kamagaté

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