mardi 17 juin 2008 par Fraternité Matin

Les populations de la ville de Bouaké, sorties hier matin pour vaquer à leurs préoccupations, ont dû regagner précipitamment leur domicile. Pour la simple raison que, selon les chiffres du commandant Chérif Ousmane, 1.050 ex-combattants démobilisés des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN), regroupés depuis le 02 mai dernier, au camp du 3e bataillon d'infanterie de Bouaké dans le cadre du processus de désarmement, se sont déportés au centre ville. Au rond point de la gare routière, situé en face de la préfecture de police, ils ont dressé des barricades à l'aide de barres de fer, de cailloux, de pneus et de tables qu'ils ont incendiés pour protester contre leurs conditions difficiles de vie en caserne; paralysant du coup la ville de Bouaké.
Ces manifestants reconnaissables par leur tee-shirt de couleur rouge et vert qu'ils portaient, réclamaient le versement de leur prime d'allocation forfaitaire de 90.000 francs Cfa. Le paiement de cette prime, disaient-ils en ch?ur, accuse aujourd'hui un retard d'un mois et demi. Selon eux, au moment où la Côte d'Ivoire tend vers la sortie de crise, il n'est pas normal que ceux qui ont combattu auprès des Forces nouvelles soient des laissés-pour-compte. Dans leur colère et munis d'armes blanches, de gourdins, de barres de fer et de fusils de chasse, ils ont arraché plusieurs véhicules dont des taxis-ville à leurs propriétaires dont celui de M. Coulibaly Inza, sous-préfet de Languibonou. Pour éviter que leurs magasins et boutiques soient mis à sac par les manifestants surexcités, par précaution, les commerçants et les commerçantes ont baissé pavillon et sont rentrés la mort dans l'âme chez eux. A telle enseigne que la ville de Bouaké, durant la matinée d'hier, ressemblait à une ville morte. Mais à la mi-journée, le calme est revenu et les ex-combattants, mécontents, ont regagné leur base de regroupement du 3e bataillon grâce à l'intervention du commandant de la zone 3, le chef de bataillon Chérif Ousmane. Celui-ci, reconnaissant la situation difficile des ex-combattants, leur a demandé pardon au nom de l'état-major des FAFN et de toute la grande famille des Forces nouvelles. Car, précise-t-il, la manifestation n'était pas faite sciemment ni dirigée. Toutefois, il leur fait savoir que cette situation ne dépend pas de la zone 3 encore moins de l'état-major et du secrétariat général des Forces nouvelles. Mais que ce problème se situe au niveau de l'Etat de Côte d'Ivoire qui éprouve en ce moment quelques difficultés de trésorerie. Néanmoins, il a indiqué que se tiendra aujourd'hui à l'état-major des FAFN une importante séance de travail au cours de laquelle tous les problèmes concernant le regroupement seront débattus de fond en comble pour qu'une solution définitive soit trouvée aux maux qui minent le processus de désarmement dans les zones Forces nouvelles. Signalons qu'en fin d'année dernière, deux manifestations similaires menées par, d'une part, des ex-combattants et d'autre part, des chasseurs traditionnels communément appelés dozo et des engagés volontaires, ont paralysé Bouaké, l'ex-fief de la rébellion.

Adjé Jean Alexis

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