mardi 17 juin 2008 par Notre Voie

Nous proposons ci-dessous l'intégralité du discours d'ouverture de Pascal Affi N'Guessan, président du FPI, à la réunion de l'Internationale socialiste.

Au nom de tous mes camarades du FPI et en mon nom propre, je vous souhaite la fraternelle bienvenue en côte d'ivoire et à Abidjan, sa capitale économique. Pays jugé infréquentable il n'y a pas longtemps, la Côte d'ivoire a juste le temps de dire au revoir aux participants à la réunion du groupe des 77 qu'elle s'honore et est heureuse de vous accueillir.
Nous nous souvenons qu'en octobre 2002, aux premières heures de l'agression armée contre la côte d'ivoire, le comité Afrique s'est réuni à Abidjan pour marquer sa solidarité et apporter son soutien à des camarades confrontés à la crise la plus grave de l'histoire de leur pays. De façon constante et systématique, la crise ivoirienne a toujours été évoquée et discutée à l'occasion de nos différentes réunions ; témoignages de l'intérêt soutenu que l'internationale socialiste n'a cessé d'accorder à la situation en côte d'ivoire. Permettez, chers camardes, que je vous adresse des remerciements et les salutations fraternelles des patriotes et démocrates de côte d'ivoire. Je voudrais saluer tout particulièrement nos camarades et frères de l'ANC (Afrique du Sud) et MPLA ( Angola) dont les délégations à ce comité sont conduites respectivement par nos camarades Obed Bapela et Paolo Jorge, le combattant infatigable et inusable. Je n'oublie pas le président de notre comité régionale, Ousmane Tanor Dieng, et le frère et ami du FPI, Mahadou Issoufou, à qui nous formulons des v?ux ardents de succès à la prochaine présidentielle en 2009. Salue à toi chairman Ni John Fru Ndi, vétéran de la lutte pour la démocratie et l'alternance politique au Cameroun. Ton soutien constant nous réconforte et ta présence à ce comité nous rassure. Merci à tous les camarades venus du mali (Boubacar Bah de l'ADEMA), Treta Boubakar (RPM), du Burkina Faso (Ali Lankouandé du PAP), du Bénin (Bruno Amoussou du PSD), de Guinée équatoriale (avec Wenceslao Mahsongo Alo) à qui nous demandons de transmettre nos amitiés à Placido Miko, président du CPDS, de Congo-Brazzaville (Bonvaventure M'Baya, non encore membre de l'internationale socialiste, mais qui participe à nos travaux dans la perspective d'une adhésion future). Je salue enfin la présence de l'internationale socialiste des femmes, avec Marlène Haas, son secrétaire général et Chantal Kambiwa, le parti socialiste belge avec Etienne Gaudin, son secrétaire aux relations extérieures, et l'honorable sénateur Philippe Mahoux, président du groupe socialiste du Sénat belge ; le parti social-démocrate du Danemark avec Steen Christensen et Anne Sofie Alarp ; la fondation Jean-Jaurès avec le franco-ivoirien Guy Labertit. Le parti socialiste ouvrier espagnol avec Orestes Suarez à qui nous adressons nos félicitations pour la récente victoire aux législatives. Le PASOK de Grèce qui nous accueillera bientôt à l'occasion du prochain congrès de l'internationale socialiste, SAP de suède.

Chers camarades,
Ce comité Afrique se tient au moment ou grâce à la clairvoyance et au génie politique du président Laurent Gbagbo d'une part, au réalisme du Premier mi-nistre Soro Guillaume, secrétaire des forces nouvelles d'autre part, la côte d'ivoire est engagée définitivement sur la voie de la paix, de la réunification
totale et des élections. L'accord politique de Ouagadougou (APO), fruit d'un dialogue direct est un accord inter ivoirien, signé librement par les deux parties en conflit le 04 mars 2007 avec la facilitation du président en exercice de l'UEMOA et de la CEDEAO, le président Blaise Compaoré, la caution de l'UA et le soutien de la communauté internationale avec l'accord politique de Ouagadougou, s'est opéré une rupture totale avec le climat de méfiance et de défiance qui ont caractérisé les cinq ans de processus de paix sous l'égide de la communauté internationale, une décrispation sensible de l'environnement socio-politique et des avancées concrètes et notables sous la voie de la paix, de la reconstruction institutionnelle, politique, économique, sociale et humaine. Votre séjour si bref soit-il (camardes) vous permettra de noter que de plus en plus en Côte d'Ivoire, la politique prend le pas sur la violence politique, la collaboration du sommet de l'Etat sur la défiance stérile, la responsabilité sur l'instinct de destruction. Après la cérémonie de la flamme de la paix organisée à Bouaké, le 30 juillet 2007, et au cours de laquelle 2000 armes ont été brûlées pour marquer la fin de la guerre, l'administration territoriale a été entièrement redéployée sur l'ensemble du territoire national. Dans les zones anciennement occupées par la rébellion, les autres administrations sont en cours de redéploiement. La libre circulation est rétablie sur toute l'étendue du territoire national, le regroupement et le désarmement des ex-combattants est engagé de façon résolue par la hiérarchie militaire des forces nouvelles. Tout ceci a été facilité par la visite historique que le chef de l'Etat, le président Laurent Gbagbo, lui-même a effectuée dans le nord pour briser le mur de méfiance, exorciser la peur et créer une dynamique en faveur de la réunification et de la norma-lisation du pays. Dans la foulée et en tant que président du Front populaire ivoirien, j'ai pu effectuer moi-même un séjour de plus de quarante jours dans le nord pour rencontrer les militants et les populations, réactiver les structures locales du parti, les mettre en ordre de bataille dans la perspective des échéances électorales prochaines, m'imprégner des réalités politiques et socio-économiques résultant de ces six ans de crise et tester la sincérité de l'engagement de forces en faveur de la paix. J'ai pu faire plus d'une centaine de meetings sans le moindre incident.
La fixation de la date du premier tour de l'élection présidentielle au trente novembre 2008 oblige, les acteurs politiques, les partis politiques à se recentrer sur le jeu démocratique ; c'est un facteur important de consolidation du processus de paix et un signe tangible de sortie de crise. Tous les partis politiques ont signé un code de bonne conduite et se sont engagés à faire en sorte que les élections qui viennent se déroulent dans la paix et ouvrent les perspectives les plus favorables pour le progrès démocratique, économique et sociale de la côte d'ivoire.
La rébellion est donc finie. C'est le temps de la remise en ordre ; et d'un nouveau départ. Avec la crise et ces solutions de compromis compromettants, le pays a perdu ses repères et s'est éloigné de certaines valeurs. En déstabilisant les institutions de la République, tout particulièrement l'institution exé-cutive, la rébellion a déréglé le fonctionnement harmonieux de l'Etat. Le laxisme, l'indiscipline, l'insu-bordination et l'incivisme se sont installés dans l'appareil d'Etat. La gabégie, les prévarications et les abus de tous ordres se sont multipliés. Il faut nettoyer les poches de nuisance et assainir tous les milieux gangrenés par l'incivisme et la corruption. C'est le temps de ce combat. Celui-ci est de la même nature que le règlement de nos cent dix huit milliards d'arriérés de dettes vis-à-vis de la banque mondiale et du FMI. Ce combat n'est pas prématuré, il n'est pas électoraliste; il est républicain et d'une brûlante nécessité. Le président Laurent Gbagbo l'a engagé ; il doit être poursuivi dans le temps et dans l'espace pour créer les conditions de la renaissance de notre pays. Pour ce nouveau départ, nous avons déjà les pieds à l'étrier. De nombreux projets de développement sont en cours d'exécution (Extension du port, prolongement de l'Autoroute de Singrobo à Yamoussoukro, voie expresse de l'EST, deuxième raffinerie de pétrole à Abidjan, etc.); il y a quelques semaines, le chef de l'Etat à reçu une délégation du MEDEF, le patronat français en vue d'examiner les modalités de leur implication dans la relance économique du pays; les hommes d'affaires des quatre coins du monde ont repris la direction de la Côte d'Ivoire.
Si la Côte d'Ivoire s'apprête à aller à des élections pour fermer la page de la crise liée aux terribles évènements du 19 septembre 2002, l'Afrique de façon générale reste confronté au défi de la démocratie, de la paix et du développement, et le monde à ceux de la mondialisation de la crise alimentaire, de la crise énergétique et du réchauffement climatique.
Depuis quarante ans, le continent africain est déchiré par des conflits interétatiques, intraétatiques à caractère économique, ethnique, politique ou religieux. 60% de la population du continent, soit 500.000 personnes sont affectées par les conflits. Des processus démocratiques engagés dans des conditions d'extrême pauvreté par les acteurs politiques réfractaires au principe démocratique et des populations peu instruites ont engendré des situations chaotiques alimentées par les ingérences extérieures. Pendant ce temps, l'activité humaine et le modèle de développement en vigueur depuis l'ère industrielle menace de détruire la planète. Les ressources naturelles (pétrole, métaux, terres agricoles, eaux, forêts, ressources halieutiques) s'épuisent alors que la demande augmente, dopée par la croissance des pays émergents.
Le réchauffement climatique provoque la fonte des glaces, le recule des plages, canicule (20.000 morts en France en 2003), inondation, cyclone, tempête dérègle le cycle des saisons et affecte les rendements agricoles. Les experts estiment que les zones déjà sèches de l'Afrique sub-saharienne le seront de plus en plus et verront leur production agricole baisée. Ces catastrophes naturelles constituent désormais le premier risque pour les campagnes d'assurances. 2004 milliards de dollars est le coût des dégâts en 2005.
Approvisionner toute la planète en énergie, en eau, en nourriture sans entraver l'aspiration légitime des pays émergents à accéder au confort et au bien-être pose assurément un problème de choix de société de modèle de développement et de gouvernance globale des ressources mondiales stratégiques.
Camarade Secrétaire Général de l'IS,
Camarades leaders et délégués
Nous avons choisi de réfléchir et d'apporter des réponses à ces défis pour mettre en ?uvre et être fidèles aux principes que nous nous sommes donné au congrès de Stockholm en 1989 et qui reconnaissent que de nombreuses tendances du monde actuel font planer sur l'humanité des menaces sans précédent :
-La prolifération des technologies de destruction entraîne un équilibre précaire de la terreur sans offrir de garanties suffisantes pour la sécurité de l'humanité.
- Les conditions physiques de la vie sur la planète sont menacées par une expansion industrielle et urbaine incontrôlée, la dégradation de la biosphère et l'exploitation irrationnelle des ressources vitales.
-La faim, la disette et la mort menacent, des régions et des communautés entières dans le sud, alors que le monde a suffisamment de ressources techniques et naturelles pour se nourrir.
Face à ces problèmes cruciaux, l'IS réaffirme ses convictions fondamentales.
Elle est, depuis toujours, engagée en faveur de la démocratisation à grande échelle des structures de pouvoir économiques, sociales et politiques. Les principes et les engagements politiques qui ont toujours été ceux du socialisme doivent être mis en ?uvre dans un monde qui a radicalement changé depuis la déclaration de FRANCFORT de 1951.
Quelles tâches exaltantes que de travailler en faveur de la paix et du développement durable. C'est pourquoi le FPI voudrait vous remercier encore une fois d'avoir décidé de tenir cette instance du Comité Afrique chez nous.
En 2002, au moment où des forces puissantes voulaient ternir notre image, vous étiez venus pour bien marquer que ce masque de laideur n'était pas le visage authentique de la Côte d'Ivoire ni de vos camarades qu'on accusait de tous les péchés.
Aujourd'hui, votre présence constitue une reconnaissance de nos efforts pour restaurer la paix dans le pays. Elle nous invite à poursuivre sur le chemin de la paix qui est aussi celui du progrès. Elle confirme enfin votre attachement à la paix dans notre sous-région où de nouveaux foyers de violences viennent de s'ouvrir à notre grande tristesse. En tant que témoin, nous comptons sur vous pour témoigner de notre volonté et de nos efforts pour faire aboutir le processus de paix.
Allez dire partout et déjà au prochain congrès de l'internationale socialiste d'Athènes, que la Côte d'Ivoire avance vers la paix et qu'elle a besoin d'être soutenue diplomatiquement et financièrement.
Camarade Luis Ayala, secrétaire général de l'Internationale Socialiste,
Camarade Tanor Dieng, chers camarades africains et européens,
C'est donc fort de votre sympathie militante et de votre soutien que je voudrais clore mon propos tout en souhaitant les travaux fructueux et enrichissants, et un séjour agréable à toutes et à tous en Côte d'Ivoire.

Vive la Solidarité Internationale
Vive la Côte d'Ivoire

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