jeudi 19 juin 2008 par Le Nouveau Réveil

Deux jours après, la grande manifestation des 1050 ex-combattants démobilisés du site de regroupement du 3ème bataillon de Bouaké le lundi dernier, qui avait paralysé la capitale des ex rebelles pour cause de retard dans le paiement des primes de démobilisés ou allocations forfaitaires (90. 000 frs Cfa) par ex-combattant n'a toujours pas trouvé de solutions. L'ultimatum de 48 heures lancé le lundi 16 juillet par les 1050 ex combattants, est entré dans sa phase d'exécution, hier mercredi à Bouaké. Malgré la réunion dévaluation urgente militaire organisée par l'Etat major des FAFN, les chefs militaires n'ont pu répondre aux préoccupations des jeunes soldats démobilisés.
Hier, mercredi 18 juin dernier, ne voyant aucune lisibilité quant à la suite de leur requête et suite à l'ultimatum lancé, les 1050 ex combattants démobilisés sont encore descendus dans les rues de Bouaké. Ils ont paralysé la ville durant des heures.

Récit de la folle journée encore mouvementée d'hier
Il était 8 heures 15 mn, hier matin, lorsque le commandant de la zone 3, Chérif Ousmane, s'est rendu sur le site de regroupement, le 3ème bataillon pour s'entretenir avec les 1050 démobilisés. Au cours du rassemblement, voyant que leur appel n'a pas encore trouvé de solution, des groupes de démobilisés, une centaine environ, demandent la permission de se retirer pour aller à la morgue, située au Centre Hospitalier Universitaire de Bouaké pour soit disant aller à la levée d'un de leurs camarades qui auraient trouvé la mort lors des derniers évènements du lundi dernier. '' C'était une fausse information et une ruse des démobilisés''. Un à un, ils peaufinent leur plan. Le plan mûri, ils sortent un par un du camp, du coté du quartier Belleville, situé à l'extrême nord-est de Bouaké et qui fait frontière avec le camp, pour rejoindre le centre-ville. Par dizaines, le message passé, ils se retrouvent plusieurs centaines qui, depuis ce quartier, lancent l'offensive sur le centre-ville. Aux environs de 8 heures 45 mn depuis le quartier Belleville, les premiers groupes arrachent les véhicules et des motos des particuliers pour se retrouver au centre ville. Le quartier commerce étaient leur cible.

Le quartier commerce sous le contrôle des démobilisés
Par vagues successives, vers 9 heures, ayant masqué leur visage de poudre de charbon, ils prennent en compte le quartier commerce. Une fois là-bas, ils s'organisent. Toujours habillés dans leurs tee-shirts verts ou rouges vifs, marqués DMM ou VAN (Détachement militaire mixte ou Volontaire pour l'armée nouvelle), certains d'entre eux ont commencé à arracher de force les véhicules et motos à bord desquels ils patrouillaient dans tous les quartiers de la ville dans le cadre de leur progression. Des ex-combattants ont pris pour cible la société Côte d'Ivoire Télécom qui, une fois encore après le lundi dernier, a fait les frais. Voitures, motos, ordinateurs et autres ont été emportés. Pendant ce temps, dehors, d'autres continuent dans leur lancée dans les différents quartiers de la ville, vidant les véhicules, leurs occupants qui, pris de peur, regagnaient leurs domiciles respectifs.

Les banques, magasins, boutiques et autres ont tous fermé
Remarquant une forte présence de démobilisés très en colère et sur excités qui arrachaient à tout bout de champ à leurs occupants, les voitures, motos et autres, les opérateurs économiques, boutiquiers et commerçants qui avaient pris peur, ont baissé les rideaux. Ainsi, ils ont fermé tous, leur commerce. En file indienne, marchant à pied, ou certains à motos, ils ont quitté le centre-ville pour leurs quartiers. Au contraire d'autres, la grande majorité, sont restés pour veiller sur les marchandises. Egalement, le transport a été perturbé. Les cars de transport, les gbaka, taxis et autres ont été mis en lieu sûr. Le grand marché de Bouaké et le reste des quartiers avaient tous été désertés. C'est suite à cela que certains démobilisés se croiront tout permis.

Commerçants et démobilisés vandales surexcités s'affrontent
L'autre aspect de cette révolte des démobilisés, c'est l'attaque des marchés et du centre commercial. Aux environs de 9 heures 30 mn, un groupe de démobilisés s'est rendu au Centre commercial situé entre l'immeuble du cinéma le Capitole et l'hôtel Harmattan, dans l'intention de voler et de piller des magasins. Pris de peur, les commerçants avaient tous fermés leurs boutiques et magasins. Craignant que les démobilisés ne volent ou pillent leurs magasins, ils décident de rester enfermés pour certains et pour d'autres surveiller leurs magasins. Plusieurs groupes de démobilisés se sont livrés au vandalisme. Arrachant aux passants les portables, les voitures et les motos. Ils décident donc de piller le centre commercial. Chose que les commerçants qui commençaient à avoir mare de cette situation ne vont pas accepter en s'organisant aussitôt en auto défense pour les affronter. Sous donc la grande menace des ex-combattants, les commerçants en colère se sont organisent en groupe d'auto défense et affrontent les démobilisés vandales. Selon Mamadou Bah, "l'évènement aujourd'hui nous a tous surpris. On pensait qu'avec pour le lundi passé, le gouvernement allait régler la situation des primes. Mais c'est beaucoup dommage car c'est nous qui payons les pots cassés ". Poursuivant, il précisera que " au début je les soutenais mais ils ont commencé à nous voler. C'est pour leur dire que nous aussi, nous n'allons plus nous laisser faire avoir. Si, c'est nous qu'ils ont vu pour voler et bien, nous allons riposter la prochaine fois ". Un autre très en colère qui répond au nom de Ouattara Drissa, vendeur de portable, réplique, " Trop, c'est trop. Ce sont des voleurs, des bandits. Est-ce que c'est nous qui avons leur argent. Est-ce que c'est nous qui leur avons dit de déposer les armes. Ils se trompent de maison ou quoi. Ils savent où se trouve leur état major. Mais, il faut qu'ils sachent que nous n'allons plus nous laisser faire ". Voulant coûte que coûte voler et piller le centre, ils se verront coude à coude avec les commerçants déchaînés qui ne voulaient pas se laisser faire. En renfort, d'autres viendront s'ajouter pour intimider les commerçants. Ceux-ci garderont leur calme. Mais, ils décident d'employer la manière forte. C'est ainsi qu'il y a eu un accrochage entre eux et les commerçants. C'est en ce moment que des bérets verts, des militaires du commandant Chérif Ousmane puissamment armés pour porter secours aux populations. Voyant les militaires arriver, ils ont pris la poudre d'escampette.

Des militaires infiltrés remarqués en cagoules ont semé la terreur
Durant tout le temps qu'a duré cette manifestation, des militaires non démobilisés ont profité de cette situation pour voler et aussi agresser les honnêtes populations. Ces cas isolés ont été constatés par les habitants du quartier N'Gattakro. Ils étaient, tous en treillis et en cagoule, cachant leur visage.

Les bérets verts à la rescousse des populations
Les hommes de Chérif Ousmane, informés de l'état de siège des démobilisés qui installaient la chienlit, sont venus en renfort, dans des pick-up, pour rétablir la sécurité dans toute la ville de Bouaké pour pourchasser les démobilisés. C'était à 10 heures 30 mn à la grande joie des populations et commerçants. Armés des kalachnikovs, des armes lourdes et autres, ils ont tenté durant des heures de reprendre le contrôle de la ville. Patrouillant à la recherche des démobilisés qui aussi, informés de la sortie des bérets verts, avaient pris la fuite. Tous les quartiers et les différentes rues et autres artères centrales et principales seront repris par les hommes de Chérif Ousmane vénus d'Angoua Yaokro. C'est finalement à 12 heures que la situation sera sous contrôle. Les bérets verts étaient aidés dans leurs tâches de sécurisation par des éléments du corridor sud, dirigés par le commandant Soro Dramane alias Soro Dramane, commandant de secteur Sud et des éléments de la compagnie Anaconda.

Quelques tirs sporadiques ont été entendus hier
Aux premières heures de cette nouvelle révolte des démobilisés mécontents qui avaient pris le centre-ville, dans le cadre de leur progression, certains tirs d'armes automatiques se sont fait entendre. D'abord les premiers coups étaient partis du coté du quartier N'Gattakro, plus précisément aux alentours des écoles EEP ville nord et ville sud. Le second, c'est à la suite de leur poursuite par les bérets verts que d'autres tirs de kalachnikovs ont été entendus du côté du quartier Sokoura.

Les examens de fin d'année perturbés dans certains établissements.
Débutés hier mardi, par les épreuves orales, les examens de fin d'année du Baccalauréat à Bouaké ont connu des perturbations dans la matinée. Une psychose s'était emparée de la population qui, apeurée, a couru dans tous les sens. Créant ainsi une débandade générale dans certains établissements scolaires, érigés en centre d'examens. Selon Mlle Cissé Bintou, rencontrée au centre d'examens du collège Luther King, sis au quartier Kennedy, " déjà que j'étais stressée pour passer mon oral aujourd'hui, (ndrl hier) et en plus ce qui vient de se produire m'a complètement perdue. Je ne tiens même plus sur les jambes. Tellement j'ai peur. Je rentre à la maison car tout le monde est parti. Même nos examinateurs ". Également, des démobilisés avaient fait irruption au centre d'examens du collège Point Carré pour prendre les véhicules de certains examinateurs qui étaient juste garés dehors. Un bras de fer a même opposé un professeur et ses bourreaux. A la suite de cela, un coup de feu serait parti. Pris de peur, les élèves qui étaient informés de la situation se sont tous sauvés.

Le retour d'un calme précaire
Après quelques heures, c'est-à-dire aux alentours de 12 heures 40 mn, un calme précaire a commencé à régner sur la capitale du centre. Les populations ont commencé à reprendre le chemin de leur maison. Tous ceux qui étaient bloqués dans d'autres quartiers ont rejoint leurs quartiers. Durant toute la journée, les hommes de Chérif Ousmane traquaient les ex combattants. Certains ont été raflés puis conduits au 3ème bataillon. Vers 14 heures 30 mn, les premiers véhicules encore cachés pouvaient circuler à nouveau à Bouaké. Quant aux commerçants, ils sont restés vigilants, les magasins et autres commerces fermés. Pour mieux sécuriser leur site, eux-mêmes ont barré l'accès au centre commercial.

La colère des populations
Les populations de Bouaké ne sont pas du tout contentes de cette énième situation qui fait d'elles des victimes innocentes car elles ont été prises pour cible par les manifestants durant cette journée. Selon M. N'Guessan Serge, instituteur, " nous sommes fatigués de cette situation. Que les autorités des Forces nouvelles fassent en sorte que ces genres de choses ne se reproduisent plus. Parce que cela risque de compromettre le processus et le redéploiement de l'administration ".
DELMAS ABIB
delmas2000@hotmail.com

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