mardi 1 juillet 2008 par Fraternité Matin

Ce qui s'est passé samedi est tout simplement ahurissant et intolérable. Il faut que ceux qui ont fait ça sachent que nous en avons marre. Y en a marre". Entouré de deux notables, hier, en début de soirée, le chef du village de Séguéla, Diomandé Mégbêma dit Prési, est encore au bord de la colère. Soit deux jours après la mutinerie de certains soldats des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN), le samedi à Vavoua et dans cette ville. De fait, M. Diomandé, comme la plupart de ses "administrés", est encore sous le choc de ce vent de mécontentement de ces soldats. Et pour cause, la liberté de circulation est devenue une réalité, a-t-il lancé, sous l'approbation de Diomandé Mégbêma et Messéba Diomandé (ses notables). Pour lui donc, tout le monde doit s'inscrire dans le processus de paix et sortir de la logique des armes. En tout état de cause, Prési et sa notabilité entendent prendre leurs responsabilités dès demain mercredi. Ils convoquent les populations à une importante réunion "où des décisions seront prises et portées à la connaissance des Forces armées des Forces nouvelles", annonce-t-il. "Le temps est venu pour que ceux qui ne veulent pas faire la paix aillent ailleurs", lâche le chef du village de Séguéla. Du reste, Prési est convaincu que le nouveau commandant de la zone, "le com'zone Wattao veut la paix. Il faut que les autres le rejoignent". "Certes, les mutins n'ont pas eu affaire aux populations civiles. Mais les tirs qu'ils ont effectués dans la ville ont traumatisé plus d'un habitant de Séguéla", condamne une tenancière de maquis, sous le couvert de l'anonymat. Pour elle, il faut que tout le monde fasse en sorte que la zone retrouve définitivement la quiétude comme partout ailleurs. Eric Soumahoro, opérateur économique, lui, parle de "psychose qui s'est emparée de la ville ce samedi". Au point que, explique-t-il, "depuis ce jour, même quand le pneu d'un véhicule ou d'une moto éclate, c'est la débandade". Il se rappelle que même hier matin, un véhicule qui roulait à vive allure a fait fuir le marché pendant quelques instants. Mais le calme est revenu dans la ville de Séguéla et le marché est resté ouvert toute l'après-midi. Ainsi que l'atteste le deuxième adjoint au maire, Ségbê Soumahoro : "Il n'y a plus rien. A Séguéla, tout est rentré dans l'ordre depuis le dimanche matin". Cependant, à Vavoua (que nous avons traversée pour Séguéla hier à 14 h), les magasins en bordure de la voie principale sont restés fermés. Et il nous a été donné de constater des cendres de pneus sur la chaussée. Selon Alerte Info, le porte-parole des mutins, Abdoulaye Koné, a indiqué que la force française, Licorne, mène des pourparlers entre les mutins et le commandant Wattao. Cette source précise que le com'zone rejette "l'idée de zone tampon" évoquée par les insurgés et se "donne 48 heures pour récupérer les deux villes", lors des pourparlers, hier. Déjà, Séguéla est sous son contrôle et Vavoua aux mains des mutins. Des chars de la Licorne et de l'ONUCI ont été vus hier, à la tombée de la nuit, en train de sillonner la ville de Séguéla. La situation s'est toutefois améliorée, au dire du ministre Sidiki Konaté, porte-parole des Forces nouvelles, qui est intervenu hier, à 20 h, sur les antennes de la télévision Première chaîne. A preuve, il a affirmé que les chefs militaires qui étaient détenus à Vavoua par les insurgés ont été libérés hier. Selon lui, 110 ex-combattants (80 à Séguéla et 30 à Vavoua) manifestent parce qu'ils se plaignent de n'avoir pas été pris en compte dans le programme de démobilisation. Une situation à laquelle le mouvement compte faire face. A noter que le général Soumaïla Bakayoko est arrivé hier en début de soirée à Séguéla.




Pascal Soro
Envoyé spécial à Séguél

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