samedi 5 juillet 2008 par Notre Voie

C'est un peuple frustré et mécontent que nous avons eu l'occasion de rencontrer le mardi 24 juin 2008 à Gabia, commune rurale située dans le département d'Oumé. Le chef de cette localité, Dago Bi N'Guessan, au nom des 13 chefs des villages gouro (l'une des ethnies parlée dans la région) a tenu à exprimer au président de la République, Laurent Gbagbo, l'inustice dont ils sont victimes depuis un peu plus d'une décennie.
Monsieur le président nous vous demandons d'intervenir afin que l'Etat nous rende notre mine d'or. Cette mine était connue et exploitée par nos ancêtres de Gabia bien avant la conquête coloniale française. C'est feu Etty Bi Akla, l'un des pères fondateurs du village de Gabia qui l'a découverte. Nous sommes les descendants de cet ancêtre. Nous ne pouvons donc pas brader son héritage?, a-t-il déclaré.
Selon lui, cette mine d'or qui fait l'objet de beaucoup de convoitise aujourd'hui se trouve sur les terres de Gabia. Malheureusement, a-t-il ajouté, Bonikro, le campement où est localisé la mine d'or se retrouve comme par enchantement dans la sous-préfecture de Hiré, dans le département de Divo. Ce qui pour le chef Dago Bi N'guessan, n'est pas normal. D'autant plus que pour lui, sur la carte administrative réalisée par le Bureau national d'études techniques et de développement (BNETD), Bonikro est bel et bien situé sur le territoire de Gabia, donc dans le départment d'Oumé et non à Gigikro, village situé dans la sous-préfecture de Hiré.
Et puis, a-t-il poursuivi, sur la carte administrative de la Côte d'Ivoire laissée par les colons et utilisée par l'adminsitration sous feu Félix Houphouët Boigny, premier président de la Côte d'Ivoire, la limite entre les préfectures d'Oumé et de Divo se trouve entre les campements de carrière et N'Guessankankro. C'est à partir de ce point que part la limite entre les deux préfectures en ligne droite jusqu'au fleuve Boubo, qui est la limite naturelle entre Oumé et Lakota?. Quant à Gabia, il fait frontière avec les villages de Bouakako et Kagbê?, a-t-il soutenu.
A la question de savoir pourquoi les habitants de Gogobro revendiquent la parternité de la mine d'or de Bonikro, le chef Dago Bi répond que tout est parti des liens d'amitié et de parenté que les habitants de Gabia ont avec eux.
Nous avons les liens d'amitié et quelquefois de parenté avec ceux de Gogobro. Ce sont nos cousins. En 1969, lorsque nous avons constaté que des gens avaient occupé frauduleusement la forêt où se trouve la mine, nous les avons chassés et détruits leurs plantations. Pendant cette période, les habitants de Gogobro nous ont soutenus. En reconnaissance, nous leur avons permis en tant qu'allogènes s'installer dans cette forêt pour créer des plantations. Sinon ce village ne fait pas partie des villages avec lesquels nous avons des frontières?, a-t-il indiqué.
Par ailleurs, il a rappelé que pour cette même forêt, en 1969, feu le président Félix Houphouët-Boigny a fait arrêter nombreux de leurs parents qui ont successivement fait les prisons de Gagnoa, Divo, et le camp pénal de Bouaké. Cette prison a duré 19 mois et notre chef, feu Kassia Bi Zan, a purgé une peine de deux ans de prison. A leur sortie, le président Houphouët les a contraints à payer une amende de trois millions six cent quarante mille cinq cent vingt francs (3.640.520 FCFA) pour dédommager les baoulé dont les plantations ont été détruites dans cette forêt. Ceux-ci sont finalement restés et ont créé Bonikro. Ils ont décidé après ce conflit de se faire recenser à Hiré. On ne peut donc pas dire que Bonikro fait partie de Hiré?, a-t-il relaté.
A en croire Dago Bi N'guessan, toutes les demandes auprès des autorités compétentes en vu de régler ce problème sont restées sans suite. Successivement, dira-t-il, il a rencontré Pascal Doué, premier préfet d'Oumé, puis le sous-préfet Abakou Assanvo, le préfet Katcha Picard, le préfet Ponté, feu le sous-préfet N'cho Séka, le préfet N'Zi Kanga Remi, le sous-préfet Mamadou Kamara, le président du conseil général, le député et le maire d'Oumé. Malgré toutes les démarches auprès de ces autorités, tant à Oumé qu'à Divo, nous n'avons pas eu de satisfaction, jusqu'à ce que la société Equigold s'installe dans cette zone aurifère pour l'extraction de l'or. Alors nous disons que s'il doit avoir des retombés économiques, elles doivent profiter aux habitants de Gabia en particulier et à tout le département d'Oumé en général. Nous ne pouvons accepter encore cette autre injustice. C'est pourquoi nous demandons au président Gbagbo de régler ce problème avant l'inauguration officielle de cette société. Parce que, c'est Gabia qui doit faire les libations en tant que propriétaire terrien. Et non personne d'autre?, a-t-il poursuivi. Les habitants de Gabia disent compter sur la sagesse du chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, pour trouver une solution à ce problème. Gabia a toujours été aux côtés de Laurent Gbagbo. Notre village est un bastion du FPI. En octobre 2000, nous avons voté Gbagbo à plus de 83 %.
L'artère principale du village est baptisée boulevard Laurent Gbagbo?, conclut le chef du village, Dago Bi N'guessan.




Sérikpa Benson (envoyé spécial)

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