lundi 14 juillet 2008 par Le Nouveau Réveil

Le crépuscule s'accélère et s'intensifie pour le président sortant Laurent Gbagbo et son régime dont trois des plus beaux fleurons étaient avant-hier sur le plateau de la Rti, 1ère chaîne, pour éclairer l'opinion sur la flambée des prix, actuelle ou future, due à la hausse de celui du carburant. Ces gouvernants : Bohoun Bouabré (Plan et développement), Léon Emmanuel Monnet (Mines et Energies) et Diby Koffi (Economie et Finances), se sont illustrés tristement, faute d'arguments, à travers baragouins, baratins, contresens et contrevérités.
Sur le plateau, il s'agissait d'expliquer aux Ivoiriens, la situation conjoncturelle de l'heure, de les rassurer en leur proposant les mesures d'ajustement structurel visant à endiguer, ou à défaut, à minimiser les effets sur leur pouvoir d'achats. Pendant les 3 heures que l'émission a duré, ils ont proclamé l'apocalypse sur le peuple de Côte d'Ivoire. "L'Etat a demandé aux Ivoiriens d'accepter la hausse", selon Emmanuel Monnet. Aveu d'impuissance attestant que le régime gouverne au jour le jour et donc à vue. Leurs déclarations à renverser le bon sens sont tellement légion qu'il serait fastidieux de les énumérer. Cependant, citons-en quelques unes pèle mêle pour la gouverne de l'opinion publique. Sur la question de la fiscalité, Bohoun Bouabré feint d'ignorer que trop d'impôts tue l'impôt, dit-on. Il cite tous les maillons de la chaîne de production et de distribution pour justifier le coût du produit à la pompe. Or la Gestoci, la Douane et le Port autonome qui font partie de cette chaîne, sont dirigés par des pontes du Fpi notamment Alphonse Mangly (Douane) et Marcel Gossio (Port). En plus, l'opinion nationale soutient que la quasi-totalité des stations d'essence qui ont poussé comme des champignons appartiendrait aux refondateurs. Ceci expliquant cela, on comprend aisément pourquoi la hausse des prix du carburant ne dérange pas le régime frontiste. Le célèbre confrère Venance Konan n'a pas tort de dire qu'on prend les Ivoiriens pour des gogos. Chose que confirme Bohoun Bouabré en disant que "sur les produits pétroliers, l'Etat prélève une taxe spéciale à hauteur de 10 milliards de francs Cfa par an pour construire et entretenir le réseau routier". Archi-faux ! Même si on devait accepter cette autre couleuvre, ce serait partiellement. Car, pour l'entretien des routes, le financement provient essentiellement de l'argent que l'Etat perçoit sur les vignettes autos. D'ailleurs, de quel réseau routier s'agit-il puisque le président Laurent Gbagbo, lui-même, a été scandalisé lors d'une visite de propagande, en découvrant l'état dégradé du tronçon de goudron Abobo samaké - Abobo Baoulé. Ce qui a soulagé les Ivoiriens, du moins ceux qui ont osé suivre cette émission, c'est que le ministre des Mines, Monnet, est en train d'ouvrir une brèche dans l'exploitation du pétrole ivoirien. " La Côte d'Ivoire produit pétrole et gazNous avons intérêt à le vendre plutôt que de le raffiner sur place. La Sir peut acheter le brut moins cher car elle a ses caractéristiques " Dans cette argumentation, l'incohérence, grosse comme une église, saute aux yeux, du moins de ceux qui savent ce que vaut la Sir en matière de raffinage de pétrole brut. Les Ivoiriens doivent savoir que la Côte d'Ivoire et l'Afrique du Sud sont les deux pays d'Afrique noire qui disposent d'une raffinerie de pointe. A la Sir en effet, le président Houphouët-Boigny avait fait construire une unité appelée hydrocraqueur. Celle-ci permet de briser les atomes d'hydrogène contenus dans le produit bruit et en récolter le maximum de produits finis : Super, super sans plomb, essence ordinaire, Kérosène (avion), gazole, pétrole lampant et autres gaz. En terme de pourcentage, sur 100% de brut, la Sir obtient environ 95% de produits raffinés. Si en plus de cette performance, on exporte l'or noir comme le signifie Emmanuel Monnet, la Côte d'Ivoire ne peut que s'en frotter les mains. Car ses caisses récolteront beaucoup plus de bénéfices issus de la vente du pétrole. Mais on assiste à l'effet contraire sur les consommateurs ivoiriens.
Sur le gaz, le ministre des Mines est transparent. " Le gazole est un produit polluant. La tendance par rapport au réchauffement climatique est de faire en sorte que le parc automobile se réduise "Toutefois, il se laisse prendre à son propre piège en relançant le débat des déchets toxiques. Lorsqu'il s'agit d'aider les Ivoiriens à supporter le coût de la vie, on brandit l'argument de la lutte contre la pollution. Alors question : comment Emmanuel Monnet va-t-il expliquer les déchets qui, plus que polluants, ont été déversés en 18 points à Abidjan ? Autrement dit, entre la fumée de gazole et les déchets du Probo Kouala, lequel produit dérivé du pétrole est très nocif ? Désormais, chaque citoyen sait ce que vaut réellement la refondation, concept avilissant et exécrable, érigé en principe de gouvernance.
Marc Koffi

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