mardi 15 juillet 2008 par Fraternité Matin

Le Président de la République a visité, hier, les localités de Séguéla et Vavoua où les populations l'ont accueilli dans la ferveur.

Le Président de la République, Laurent Gbagbo, a érigé, hier, la sous-préfecture de Kani, dans le département de Séguéla, en préfecture. Le Chef de l'Etat a annoncé la bonne nouvelle aux populations du Worodougou à la place de l'Indépendance de Séguéla, au cours d'un meeting. Une nouvelle qui a été fortement applaudie par ces populations qui avaient massivement effectué le déplacement. Le Président de la République a en outre accepté de se rendre en visite d'Etat dans cette région, à la demande du peuple du Worodougou. Pour ce faire, il a demandé aux cadres de Séguéla de se mettre en rapport avec le Premier ministre, Guillaume Soro, pour en fixer la date. M. Gbagbo a aussi promis aux travailleurs du ranch de la Marahoué que leurs arriérés de salaires, qui s'élèvent à quelque 400 millions de francs, leur seront payés dans les semaines qui viennent. De même, il a assuré les enseignants volontaires de la zone que leur décret d'intégration à la Fonction publique est en route.



Le Chef de l'Etat a saisi cette tribune pour appeler les Ivoiriens à croire en leur capacité de se relever de la chute qu'ils viennent d'effectuer avec la guerre. Le moment est venu pour la Côte d'Ivoire de se relever. Je suis prêt à ça?, a-t-il martelé. Pour lui, le plus important n'est pas de commencer une guerre. Mais ce qui importe, c'est de pouvoir y mettre fin. C'est le faiseur de paix qu'on retient. Je ne suis pas venu pour faire un jugement?, mais voir comment faire pour que la Côte d'Ivoire regagne la paix, a-t-il insisté. C'est pourquoi il a appelé le Worodougou à adhérer définitivement à l'Accord de Ouagadougou (APO). Qui a rendu, selon lui, la paix irréversible. Mieux, le Président de la République a invité ses compatriotes à profiter de l'accident? qui est arrivé à leur pays pour bâtir une nation?. En tout état de cause, il a estimé que la grave crise a permis de comprendre que plus jamais on ne parlera de la Côte d'Ivoire en excluant une de ses régions.



Depuis la place de l'Indépendance de Séguéla, le Président de la République a également appelé les Ivoiriens, notamment les candidats à l'élection présidentielle prochaine, à croire à la date du 30 novembre retenue pour le premier tour. Le 30 novembre, a-t-il lancé, il y aura élection !?. Il a soutenu que cette élection servira non seulement à renouveler les institutions de la République. Mais aussi elle prouvera à la communauté internationale la volonté de la Côte d'Ivoire de faire la paix.



Particulièrement applaudi par des populations qui ont manifesté qu'elles avaient soif de le voir et de l'entendre, le Chef de l'Etat les a invitées à se faire inscrire sur les listes électorales. Pour avoir leurs cartes d'identité après. Laurent Gbagbo s'est dit ému et heureux? d'être parmi les siens. Non sans rappeler qu'il a passé trois mois au camp génie de Séguéla et parcouru la plupart des localités de la région. Les notables, les cadres, les femmes et les agents du ranch du Marahoué ont offert sept b?ufs à leur illustre hôte. En plus, le chef de village de Séguéla l'a habillé avec un boubou traditionnel. Plusieurs membres du gouvernement, les autorités militaires ainsi que les autorités administratives, coutumières et religieuses de la région, des représentants de partis politiques, ont assisté à la rencontre du Chef de l'Etat avec le Worodougou. Des délégations venues notamment de Gagnoa, Ouragahio, Daloa et Man y ont également pris part.



Pascal Soro



envoyé spécial à Séguéla



Option : Le prix de la souveraineté



Le Président Laurent Gbagbo a lancé, hier depuis la mairie de Vavoua, un message fort en faveur de la souveraineté nationale qui, a-t-il dit, a un coût. C'est doux d'être libre. Mais la liberté coûte cher?, a affirmé le Chef de l'Etat, invitant ainsi les Ivoiriens à apprendre à se prendre en charge plutôt que de tendre la main pour tout besoin. Cette position du Président Gbagbo s'explique, en partie, par les déclarations de certaines personnalités étrangères, notamment les ambassadeurs de France et de Suisse. Qui disaient récemment que l'élection est un acte de souveraineté pour un Etat.



Dès lors, pour manifester cette souveraineté, tout peuple doit se donner les moyens d'organiser lui-même ses élections. C'est pourquoi, le Président de la République qui a toujours ?uvré pour l'indépendance totale des Etats africains et singulièrement de la Côte d'Ivoire ne saurait rester insensible à une telle vérité. Les Ivoiriens, soutient-il, doivent apprendre à vivre comme des orphelins en ne comptant que sur eux-mêmes?.



Ce message de souveraineté, de sobriété et de rigueur morale intervient à un moment marqué en Côte d'Ivoire par la moralisation de la vie publique : lutte contre le racket et la corruption ; information judiciaire contre de nombreux responsables de la filière café- cacao, etc. Le Président Laurent Gbagbo reste donc persuadé que l'avenir d'un Etat repose sur des valeurs clés qu'on ne devrait jamais perdre de vue, sauf à vouloir aller à la dérive.



En 2000, sous le régime militaire, le général Guéi Robert avait lancé un message similaire au peuple ivoirien, quand il demandait aux uns et aux autres de compter moins sur la communauté internationale, lorsque celle-ci avait cru nécessaire de faire chanter le CNSP (junte militaire alors au pouvoir) qui cherchait les moyens d'organiser les élections pour sortir de la transition militaire. Guéi Robert, on se souvient, avait répondu que si la Côte d'Ivoire n'avait pas de moyens, les Ivoiriens pouvaient se nourrir de feuilles de manioc et de patate, au lieu de quémander de l'argent, au risque de se faire humilier.



La Côte d'Ivoire a décidé de sortir de la grave crise qu'elle traverse depuis le 19 septembre 2002 grâce à l'Accord politique de Ouagadougou qui est une initiative novatrice en matière de sortie de crise. Et dont le succès pourrait être un cinglant désaveu de la communauté internationale dont les différents accords, depuis Linas Marcoussis en janvier 2003 jusqu'au Conseil de sécurité de l'ONU, n'avaient fait qu'exacerber les tentions et les clivages entre le camp présidentiel et les Forces nouvelles.



Il va donc de soi que cette même communauté internationale ne soit pas enthousiaste quant à la bonne application de l'Accord de Ouaga. D'où cette valse-hésitation des bailleurs de fonds qui promettent de l'aide à la sortie de crise et posent dans le même temps des conditions drastiques pour le décaissement de cette aide.



On aura tout compris, comme dirait l'artiste. Quoi qu'il en soit, les élections auront bel et bien lieu le 30 novembre 2008?, a réaffirmé hier Laurent Gbagbo devant une population enthousiaste qu'il a invitée à se faire établir les documents nécessaires pour prendre part au vote.



par Abel Doualy



Hommage à Yog et Gléi Marcel



Fidèle à ses amitiés, le Président de la République a tenu hier avant tout propos, à rendre un hommage poignant à deux de ses amis décédés sans avoir véritablement bénéficié des fruits de la lutte qu'ils ont menée ensemble. Ces deux personnes sont : Bony bi Golè Alphonse et Gléi Marcel, respectivement ancien condisciple et compagnon de lutte avec qui il dit avoir organisé une grève au Lycée classique d'Abidjan en 1964 ; puis ancien chef d'état- major particulier du Chef de l'Etat qui lui a prodigué des conseils utiles, a dit le Président Gbagbo. Le premier est décédé le 09 mai dernier. Le lieu et la date de ses obsèques font toujours l'objet de négociations au sein de la famille. Le second s'est éteint en août 2003 (au lieu de 2004 comme mentionné dans notre article d'hier à la page 3). Ils sont tous les deux originaires de Vavoua.



Le Président Gbagbo leur a opportunément rendu un hommage posthume en présence des parents des défunts réunis à l'occasion de cette grande rencontre. A cet hommage, le Chef de l'Etat a associé toutes les populations de Vavoua, terre de rencontre où cohabitent Gouro, Sokia, Niédéboua, Baoulé, Malinké, Burkinabé, Maliens, Guinéens, etc.



A ces vaillantes populations, Laurent Gbagbo a lancé un message d'espoir quant à une sortie de crise effective grâce à l'Accord politique de Ouagadougou.



Abel Doualy



envoyé spécial



Gbagbo demande aux Ivoiriens de s'assumer



Le Président de la République, SEM. Laurent Gbagbo, a rendu visite hier aux populations du département de Vavoua. A cet effet, selon les informations recueillies sur les ondes de la radio nationale, il a insisté sur les notions de paix et d'indépendance. Il est doux d'être libre. Mais en même temps, ça coûte cher d'être libre. Dès l'instant où les indépendances ont été proclamées, nous devons nous montrer à la hauteur de ces indépendances. Nous demandons aux uns et aux autres de nous aider. Mais nous nous apprêtons à aller au charbon. Tant mieux, si l'on nous aide. Dans le cas contraire, on ne baisse pas les bras. C'est cela que je vous apprends toujours. Les Ivoiriens doivent toujours agir comme des orphelins?, dira-t-il. Prêts à s'assumer eux-mêmes mais aussi à avoir la main tendue pour recevoir toutes les aides qui viennent. Malgré la volonté de se battre pour sortir de la crise, le Président sollicite toutefois les aides des uns et des autres mais rassemble aussi les ressources propres de son pays pour aller de l'avant. Dans cette perspective, il invite les populations à voir loin. Ne regardez plus derrière, regardez devant. Ne pensez plus aux petits soubresauts. Regardez le boulevard de la liberté, de la paix qui est devant nous?, a-t-il souhaité. Car la liberté, l'indépendance et la paix ont un prix qui est cher. Nous finançons la sortie de crise, les opérations électorales. Mais en même temps, nous ne voulons pas hypothéquer l'avenir de la Côte d'Ivoire.



C'est pourquoi, il a demandé au gouvernement de payer les dettes. Les 118 milliards de F de la Banque mondiale ont été payés. Il reste la dette de la BAD estimée à 100 milliards de F. Elle est en train d'être payée.



Par rapport à la tenue de la présidentielle, certains aident ce pays ; d'autres par contre ne le font pas. Mais il ne leur tient pas rigueur. Cependant le Chef de l'Etat demande aux Ivoiriens de ne pas se laisser tromper au sujet de la date de l'élection présidentielle fixée au 30 novembre 2008. Il a soutenu que l'élection aura bel et bien lieu à cette date. Cela démontre que la guerre est terminée. Le Chef de l'Etat a affirmé qu'il est venu parler de paix, ouvrir les bras de la République et non faire un procès. Il veut que ce pays se relève. Certes, l'on souffre mais c'est dans la souffrance qu'on forge la nation. Le bout du tunnel s'aperçoit.



Il peut y avoir quelquefois des agissements comme ce fut le cas à Vavoua, mais en réalité la guerre relève désormais du passé. Des agitations qui s'expliquent par le fait que dans ce département, existent le cacao et le café. C'est normal que les gens aient du mal à quitter une économie de guerre pour rentrer dans une économie de paix?, a-t-il affirmé. Il a rendu hommage au Président du Burkina Faso, M. Blaise Compaoré, facilitateur de l'accord politique de Ouagadougou et au Premier ministre Soro Kigbafory Guillaume qui ont accepté de prendre sa main tendue au nom de la paix. Et tous travaillent dans la sincérité afin que la paix arrive totalement. Le courage et la dignité du corps préfectoral ont été salués.



Quant au président du Conseil général de Vavoua, Yué Bi Sehi, il a dénoncé les barrages de contrôle encore érigés par les combattants des Forces nouvelles et le fait que les maisons ne soient pas rendues à leurs propriétaires. Il a demandé le redéploiement des agents assermentés dans le cadre du centre de commandement intégré. Qui seront placés sous le contrôle exclusif du préfet. M. Yué Bi a traduit le soutien des populations des 89 villages du département au Président de la République. Il a souhaité l'érection de 8 villages en commune, la réhabilitation de l'hôpital général de Vavoua et 10 centres de santé ruraux, le reprofilage de 370 km de pistes, l'achèvement des travaux d'électrification de 7 villages du canton Sokya, la réhabilitation et l'équipement du lycée moderne de Vavoua et des 127 écoles primaires.



Christian Dallet



Reportage



Radio Côte d'Ivoire



Repères



Absence. Le Premier ministre n'a pu être aux côtés du Président Laurent Gbagbo à Vavoua. Interrogé sur cette absence, le porte-parole de Guillaume Soro a indiqué qu'elle s'explique par des contraintes de calendrier?. Selon ses explications, après le meeting de Séguéla, M. Soro devait regagner Abidjan par la route. Méité Sindou a confié que le Premier ministre doit honorer une série de réunions? dans la capitale économique aujourd'hui.



Accueil. Tous les villages et villes qu'a traversés le cortège du Président Laurent Gbagbo, de Daloa à Séguéla, en passant par Vavoua, se sont attroupés le long de la voie pour voir et applaudir le Chef de l'Etat. Des accueils qui n'étaient qu'un avant-goût de l'enthousiasme et de la ferveur que réservaient les villes de Séguéla et Vavoua à leur illustre hôte.



Honneurs. Les honneurs militaires ont été rendus au Chef de l'Etat tant à Séguéla qu'à Vavoua par deux sections de l'école de gendarmerie de Toroguhé, trois sections des Forces de défense et de sécurité de Côte d'Ivoire (FDS-CI) et deux sections des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN). Sous le commandement du commandant Okou Diby des FDS-CI. La musique a été assurée par la Garde républicaine.



Brassards. C'est par des brassards oranges, estampillés FDS CI? et portés à l'épaule gauche, que les éléments des Forces de défense et de sécurité de Côte d'Ivoire (FDS CI) se sont distingués de leurs frères d'armes des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN). Les deux forces ont travaillé en symbiose et harmonieusement assuré la sécurité du Chef de l'Etat et des populations durant toute la visite.

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