Le ministère de la Jeunesse, des Sports et Loisirs piloté par Dagobert Banzio, a fait, cette année, des états généraux du sport ivoirien, son cheval de bataille. A partir du 22 juillet, les acteurs des fédérations sportives et autres sportifs se retrouveront à Grand-Bassam pour élaborer un avant-projet de loi. Noble objectif qui risque pourtant de buter sur des problèmes de fonds. Explication.
Le texte de loi qui régit le sport ivoirien date de 1960. Il est vieux et ne répond pas aux réalités actuelles. C'est pourquoi tous les observateurs de la scène sportive ont souhaité depuis belle lurette une nouvelle loi qui prendrait en compte bon nombre d'aspects pour le développement du sport ivoirien. Si ce souhait a éveillé un tout petit peu l'intérêt des différents ministres des Sports qu'a connus la Côte d'Ivoire, aucun d'eux n'a pu défendre un projet relatif au sport ivoirien devant les députés. En clair, toutes les initiatives ont accouché d'une lamentable souris. L'on avait cru que Mme Bro Grébé, la seule ministre qui avait réussi à organiser les états généraux du sport ivoirien en 2001, verrait son v?u se réaliser. Mais son départ précipité du ministère a provoqué la mort de son avant-projet de loi dont le contenu est demeuré depuis caché. Aujourd'hui, le ministre Dagobert Banzio lui emboîte le pas en voulant parachever son ?uvre. Déjà, il a fixé une date pour les états généraux après avoir bouclé les travaux préparatoires qui se sont déroulés à Abidjan la semaine dernière.
Attention aux querelles inutiles
Du 22 au 24 juillet donc, les experts du sport et autres présidents de fédérations se retrouveront à Grand-Bassam pour l'élaboration de l'avant-projet de loi qui régira le sport ivoirien. Le ministre Dagobert Banzio et ses collaborateurs se sont appuyés sur les travaux de l'ancien ministre Bro Grébé pour orienter les différentes commissions, qui essayeront à leur tour de les enrichir. C'est donc à Grand-Bassam que les invités prendront connaissance du projet et se prononceront. De sources dignes de foi et proches de certains présidents de fédérations, la rencontre de Grand-Bassam se transformera en une aubaine pour faire le procès de la tutelle. Une tutelle, à en croire ces sources, qui est à la base des crises dans les fédérations sportives. " Nous n'avons rien à cirer des états généraux du sport. Ce qui nous intéresse, c'est d'avoir des infrastructures adéquates pour la pratique de notre discipline. Le palais des Sports est fermé et nous ne savons plus où jouer. Que le ministre se préoccupe de cela au lieu d'engloutir des millions dans une réunion ", a fait savoir un responsable de fédération sous le couvert de l'anonymat. La plupart des présidents de clubs ou de fédérations interrogés approuvent l'idée mais soutiennent mordicus que la rencontre de Grand-Bassam risque d'être un fiasco. Parce que, avancent-ils, les états généraux seraient une arnaque du ministère du Sport pour avoir de l'argent. Surtout que l'avant-projet de loi existe déjà. Une attitude que condamne le ministre Dagobert Banzio, qui ne cesse de justifier l'importance des états généraux du sport, gage du développement des fédérations sportives. Lors du lancement des travaux le mardi 08 juillet 2008, il n'a pas manqué d'interpeller tous les acteurs du sport ivoirien sur la nécessité de participer à ces assises et de faire des propositions. Avant de révéler que son département veut parachever l'?uvre du ministre Bro Grébé.
Le plus dur reste à venir
Elaborer un avant-projet de loi reste la chose la plus facile, surtout que le travail avait été déjà fait. Là où le bât blesse, c'est le soumettre à l'appréciation des députés. La Côte d'Ivoire vivant une situation exceptionnelle et les politiques sont fixés sur les élections générales. Ce ne sera donc pas cette année qu'une nouvelle loi régira le sport ivoirien. Il est par conséquent indiqué que les responsables du ministère du Sport ne se précipitent pas pour avoir une loi. Tout est une question de volonté et d'organisation. Banzio veut entrer dans l'histoire, cependant, il ne doit pas sauter des étapes. Soit il reprend tout le boulot de Bro Grébé à zéro, soit il le propose aux sportifs le plus rapidement possible pour les amendements nécessaires. Déjà que certains sportifs ivoiriens sont sceptiques, il serait important que les états généraux se déroulent dans un bon esprit sans exclusion et autres doutes. Il faut que les présidents de la FIF (Jacques Anouma), de la FIB (Koré Moïse) et bien d'autres dirigeants qui ne répondent plus à l'appel de Banzio, soient du rendez-vous de Grand-Bassam pour l'élaboration un vrai avant-projet de loi sur le sport ivoirien. Sortir unis des états généraux sera une véritable victoire pour le sport ivoirien.