vendredi 18 juillet 2008 par Fraternité Matin

Pourquoi le mot d'ordre de grève n'est pas levé malgré les différentes interventions?

Le mot d'ordre ne peut être levé parce qu'il y a un problème de fond qui a été posé. Les chauffeurs qui l'ont levé sont un groupuscule qui exerce à Yopougon. Ce sont nos jeunes gens qui nous ont contacté pour un soutien que nous avons bien voulu leur apporter en précisant que nous irons jusqu'au bout. Nous avons accepté de garer nos véhicules, parce qu'il était question pour nous que le prix du gasoil soit revu à la baisse. C'est sur cette base que nous avons appelé tous nos représentants de l'intérieur du pays à se joindre à nous. Et tout le monde a suivi. Au début, le mouvement était circonscrit à Yopougon.

Que s'est-il donc passé pour que

Nous ne comprenons pas le ballet incessant de nos collègues syndicalistes dès qu'ils ont une réunion avec un ministre. Nous ne savons pas ce qui s'y passe, mais dès qu'ils en sortent, sans même nous appeler, ils font des déclarations. Nous avons été choqués hier (Ndlr, mercredi soir), parce que le jeune qui est passé à la télé (Ndlr, Touré Amadou Boudé, président du Collectif des chauffeurs roulants) est un de nos membres. Pendant que tous les syndicats étaient chez le ministre Désiré Tagro, on nous a appelé pour nous dire qu'il est allé avec une horde de chauffeurs à la Présidence. Nous n'avons pas apprécié cela parce que notre problème est que l'on puisse nous dire ce que nous gagnerons après avoir garé nos véhicules durant tous ces jours. Nous ne pouvons pas garer nos véhicules, perdre tout notre argent et le cinquième jour rouler comme si nous n'avions pas besoin d'argent! Il faut que l'on nous respecte!

N'est-ce pas un problème d'inorganisation à votre niveau, qui fait que des jeunes se rendent à la Présidence sans vous consulter?



Nous avons été informé au ministère des Transports que nos jeunes allaient à la Présidence. En l'absence du Chef de l'Etat qui revenait de Yamoussoukro. Nous ne savons pas ce qui a été décidé là-bas. Nous n'avons pas le contenu de leur entrevue. La seule information que nous avons, c'est ce que tous les Ivoiriens ont pu constater avec nous à la télévision. Nous disons que nous ne pouvons pas concevoir cela. Nous ne pouvons pas accepter que ce soit de cette manière que l'on nous informe.



Lors de la conférence de presse mercredi, vous avez dit que la seule personne que vous voulez écouter c'est le Chef de l'Etat. Pourquoi ne vous êtes-vous pas entendus pour le rencontrer ensemble, au lieu d'y aller par petits groupes?



Justement, nous n'allons pas chez le Chef de l'Etat avec Blé Goudé. Non. Nous, nous sommes des opérateurs économiques. Le jeune homme en question, il est allé avec Blé Goudé chez le Président Gbagbo. Nous, nous y allons avec un ministre de la République pour qu'il y ait un suivi de ce que nous aurons arrêté. Ce sont des milliards que nous brassons. Nous n'avons rien contre Blé Goudé, mais nous ne pouvons pas aller voir M. Gbagbo avec une personne du secteur informel. Sinon on parlerait d'arrangement et non de négociations. Je l'affirme et je l'assume. Nous n'avons rien contre Blé Goudé, nous le respectons. Il nous connaît, nous le connaissons. Mais nous ne pouvons pas aller de façon informelle chez le Président de la République. Sinon après, qui va suivre notre dossier? Nous avons été victime de pareille situation en 2005. Nous avons prodigué tous les conseils possibles à nos jeunes gens. Certains y sont quand même allés, c'est normal, lorsque le Chef de l'Etat appelle un citoyen, il se doit de répondre, ce n'est pas négociable, mais après, il faut retourner à la base. Depuis que nous leur avons montré le chemin des ministères, nous sommes toujours revenus à la base avant de prendre une décision. Mais je peux vous rassurer, nous venons d'être contacté par le ministère des Mines et de l'Energie qui fait des pieds et des mains pour que toute la corporation soit devant le Chef de l'Etat d'ici le soir (Ndlr: hier).



Ne craignez-vous pas que l'on vous accuse de politiser le débat?



Je suis très à l'aise à partir de ce que je viens de vous dire. Nous n'avons rien à voir avec la politique. Dès que le Chef de l'Etat nous recevra et qu'une négociation sera ouverte, vous allez voir, le transport va reprendre. Notre seul point à l'ordre du jour, c'est le problème du gasoil. Nous voulons que son coût soit revu à la baisse.



Le ministre Désiré Tagro nous a tellement mis à l'aise hier (Ndlr, avant-hier) à la réunion. Il nous a demandé si l'on ne touchait pas au prix du gasoil, quelles seraient nos propositions? Tous les syndicats réunis, nous allons sortir un document et ensuite le rencontrer à 15h. (hier) et lui dire: Si le prix du carburant n'est pas touché, voilà nos pneumatiques, l'assurance, les patentes, les vignettes, les différents produits qui entrent en ligne de compte dans l'exercice de notre métier. Donc si l'Etat peut nous faire un rabais sur leurs coûts, pourquoi pas? Nous pouvons faire l'effort de reprendre le travail?. Il faut que l'on nous respecte. Nous respectons nos membres. Nous avons payé pour être transporteur, personne ne nous a nommé. Il faut que l'on nous respecte, c'est pour cela que nos véhicules sont à la maison. Nous ne posons pas d'actes violents.



Si les prix du carburant chutent, vous allez certainement baisser le coût du transport, puisque les deux éléments vont de pair?



Evidemment, si les prix du carburant sont revus à la baisse, automatiquement, et je m'y engage, vous allez voir que nous allons revoir nos tarifs qui seront d'ailleurs affichés dans les véhicules. La coordination a toujours fait cela.



Propos recueillis par



Marie-Adèle Djidjé

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