vendredi 18 juillet 2008 par Notre Voie

Autrefois pratiquée par les femmes ghanéennes et nigérianes, la prostitution est aujourd'hui entrée dans les habitudes des ivoiriennes. A Yamoussoukro, capitale politique de la Côte d'Ivoire, nombreuses sont les jeunes filles qui arpentent les trottoirs pour se livrer au plus vieux métier. K.F. est une jeune adolescence qui fait partir de cette bande?. Chaque soir, aux environs de 22 heures, elle se rend dans les environs de l'hôtel Président pour vendre ses charmes. Son entrée dans ce monde de la prostitution a été possible grâce à sa tante qui est aussi une prostituée. Je suis entrée dans ce métier grâce à ma tante qui est actuellement une grande du côté de San Pedro, c'est elle qui m'a dit que je pouvais bien gagner ma vie en me prostituant?, raconte-t-elle avec un joli petit sourire. Avant de poursuivre qu'elle gagne bien sa vie dans ce métier parce qu'il lui permet de se prendre en charge. Au début c'était un peu difficile parce que j'étais une nouvelle dans le milieu, mais aujourd'hui, ça va très bien chez moi () Je réussis même à envoyer un peu d'argent à mes parents au village avec le travail que je fais?.
Les clients de cette prostituée sont de tous âges. Nous fixons les prix ici en fonction de l'âge de celui qui est en face de nous. Si c'est un vieux, nous lui disons 5000 FCFA pour le passage. Par contre, nous fixons 1000 Fcfa aux jeunes parce que nous considérons qu'ils sont dans le système?, ajoute-t-elle. Après avoir payé la somme exigée, il est demandé au client d'indiquer l'endroit qui lui sied le mieux pour voyager au septième ciel.
Le client a le choix entre les chambres d'hôtel et les bois que vous voyez (ndlr : elle nous montre une plantation de teck qui est à l'entrée de l'hôtel Président) pour faire l'amour avec nous. Mais c'est au client de décider, s'il veut que nous le suivions chez lui, nous augmentons le prix?.
Les prostituées qui se livrent au plus vieux métier du monde sont souvent accompagnées par des gros bras qui sont tapis dans l'ombre et qui surveillent leurs patronnes. Nous sommes souvent agressées par des vandales qui n'hésitent pas à nous violer?, soutient K.M., une prostituée rencontrée en ce lieu. A la question de savoir si ces gros bras les suivent jusqu'aux chambres d'hôtel, celle-ci répond par la négative. Mais elle indique que si les prostituées veulent soutirer de l'argent à leurs clients, elles n'hésitent pas à envoyer leurs gorilles en mission pour opérer tranquillement avec des méthodes bien étudiées. Souvent si nous constatons que le client a assez d'argent sur lui, nous lui faisons bien l'amour une fois arrivée en chambre. Après s'être endormi, nous appelons nos gros bras qui entrent discrètement dans la chambre. Ces derniers versent par la suite de la poudre de tabac dans toute la chambre pour plonger le client dans un profond sommeil. C'est donc après cette méthode que nous nous emparons de tout le blé (Ndl ; l'argent)? confesse-t-elle.

Les lesbiennes envahissent le terrain

Les prostituées de la capitale politique sont désormais obligées de cohabiter avec les lesbiennes qui ont depuis un certain temps envahi le marché du sexe? de la cité des lacs. Une cohabitation qui n'est pas du goût des prostituées. Nous ne voulons pas de ce genre de filles ici, qu'elles aillent se faire voir ailleurs?, se plaint Simone N., 40 ans considérée à l'hôtel le Rônier du quartier Habitat de Yamoussoukro comme une doyenne. Pour la simple raison qu'elle totalise à elle seule plus de 15 années de prostitution. Si cette cohabitation inquiète certaines prostituées, elle est du goût de certaines femmes aisées? de Yamoussoukro qui ne se font pas prier pour visiter ces lieux tard dans la soirée. Nous voyons souvent des femmes qui viennent garer leurs voitures pour causer avec des lesbiennes qu'elles n'hésitent pas à embarquer?, ajoute Simone N.
Interrogées, certaines lesbiennes à l'image de Mlle Mireille K. et C. D. nous expliquent comment elles sont devenues homosexuelles. La première révèle que son envie de pratiquer cette autre forme de l'amour lui a germé dans la tête depuis l'age de 20 ans. Déjà à cet âge, je commençais à sortir avec certaines filles du quartier. C'est comme cela que le déclic est venu?, indique- t-elle. La seconde, quant à elle, explique qu'elle est entrée dans le monde de l'homosexualité dans l'espoir de se faire suffisamment d'argent . J'ai réussi à m'attraper une partenaire qui n'hésite pas souvent à mettre la main à la poche pour m'entretenir?. A la question de savoir comment elle a pu dénicher sa cible C. D. répond : Nous nous sommes rencontrées à la faveur d'une soirée organisée au Kotou Night club de Yamoussoukro. C'est dans le regard que j'ai réussi à la draguer. Il y a aussi une chose qui a fait que j'ai su qu'elle était homosexuelle. Elle se lapait tout le temps les lèvres?.
Si la vie est rose chez les lesbiennes, il arrive souvent qu'elles soient battues par leurs partenaires qui n'acceptent pas une présence masculine à leurs côtés. Comme le temoingne ici, K Amandine, 29 ans, une homo qui s'est confiée à nous dans un restaurant chic de la place. Un jour, ma partenaire m'a surprise avec un copain qui est dans une structure de micro finance de la place. N'eut été la présence de ce dernier, j'allais recevoir une bonne correction de la part de celle-ci, parce qu'elle ma prise par les cheveux avant de me traîner au sol?.

Des prostituées
secourues

La situation de ces prostituées qui traînent dans les rues de Yamoussoukro touche profondément le c?ur de l'ONG Action 2000? dirigée par Mme Guéi Florence qui n'hésite pas souvent à venir en aide aux prostituées de la capitale politique. Nous passons régulièrement sur les sites de prostitution pour nous enquérir de leurs situations et voir si elles ont été victimes d'abus. () nous engageons par la suite des discussions avec elles en vue de leur insertion dans le tissu social afin qu'elles quittent la rue?. Les prostituées qui acceptent de quitter, poursuit notre interlocutrice, sont totalement prises en charge par l'ONG Action 2000 qui leur octroie des prêts non remboursables de 100.000 à 300.000 mille francs Cfa. Cette initiative de cette structure connaît un réel engouement de la part des filles de joie, pour la simple raison qu'elles prennent d'assaut tous les jours le siège de l'ONG qui est situé au quartier Millionnaire. Nous sommes vraiment contentes de cette action. Car avec ces prêts, nous allons dire adieu à la prostitution () c'est pourquoi je voudrais profiter de votre journal pour lancer un vibrant message à toutes mes s?urs pour qu'elles adhèrent à ce projet qui est venue pour nous sauver?, déclare toute émue une bénéficiaire que nous avons rencontrée dans les locaux de cette structure.






Une enquête express de Gervais Amany

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