() On paie la redevance cadeau ! Est- ce que ceux qui travaillent à la RTI (Radiodiffusion Télévision Ivoirienne) vivent en Côte d'Ivoire comme nous ?! C'est ainsi que Loua Vamé Jean- Luc a crié son indignation, mardi dernier, au moment où le générique de fin du JT (journal télévisé) de 20 h passait sur la première chaîne de la RTI. Cet homme, déçu et ulcéré, attendait de s'informer sur la deuxième journée de la grève des transporteurs, des mouvements de protestation consécutifs à la flambée des prixen Côte d'Ivoire. Hélas ! Comme lui, ils sont des millions d'Ivoiriens qui paient leur redevance à la RTI mais, qui, en retour se disent frustrés et outrés de ne pouvoir s'informer par le canal de leur télévision. Sur les sujets brûlants de l'actualité sociale du pays, la RTI a fait un "black-out" complet. Pour s'insurger contre les mesures impopulaires, prises par le régime des refondateurs, notamment l'augmentation du prix du carburant, lundi dernier, les transporteurs ont décidé d'immobiliser leurs véhicules, estimant la majoration effectuée sur les produits pétroliers excessive et insupportable. Conséquence, les prix de toutes les denrées de première nécessité, sur les marchés, ont pris l'ascenseur. Face à cette situation, les organisations professionnelles, civiles et corporatistes, par le truchement de conférences, meetings ont dénoncé ce fait.
La nécessité d'être au profit
de tous les citoyens
Mais, toutes ces manifestations ont été purement et simplement ignorées. C'est le cas de l'Union Générale des Travailleurs de Côte d'Ivoire (UGTCI). Le meeting tenu, mardi dernier, à la Bourse du travail à Treichville par Adé Mensah et ses camarades appelant à une grève de 48 h a été passé sous silence. Par contre, le lendemain, Mahan Gahé de la centrale syndicale ( ?) Dignité, commis pour briser la grève, envahissaient l'écran. Sa conférence de presse est diffusée à plusieurs reprises. Le même soir, également, la télévision présentait des individus, attroupés autour d'un Laurent Gbagbo tout souriant. Le porte-voix de ces derniers rassurait qu' eux et le locataire du palais du Plateau se sont parlé et se sont compris. Mais, la suite, on la connaît. Le lendemain, Abidjan et les grandes villes du pays sont demeurées paralysées. Auparavant, dans la soirée de lundi, le porte- parole du président de la République, Gervais Coulibaly, à mots couverts, faisait un appel du pied à l'armée pour réquisitionner les chauffeurs à sortir leurs véhicules. Mais, c'était un coup d'épée dans l'eau. La cherté de la vie, aujourd'hui, n'épargne ni les militaires, ni le citoyen lambda. Même les farouches partisans du chef de l'Etat passeront à la caisse.
Depuis lundi, la RTI ne fait que diffuser, au journal télévisé et en éditions spéciales, le voyage de Laurent Gbagbo à Séguela et Vavoua et l'inauguration de Orca Deco Avoir une télé nationale et s'informer sur les chaînes étrangères, c'est le comble.
Jean- Antoine Doudou