vendredi 18 juillet 2008 par Nord-Sud

La secrétaire générale du Syndicat des sages-femmes de côte d'Ivoire donne la situation dans les maternités depuis le début des manifestions contre la hausse prix du carburant. ?Depuis deux jours, Abidjan enregistre des manifestations dues à la cherté de la vie. Manifestations qui se traduisent par le manque de moyens de transport. Quel est aujourd'hui la situation au niveau des maternités? Avant même de répondre à votre interrogation, je tiens à relever que le constat est clair : il n'y a pas de moyen de transport comme vous l'avez dit depuis deux jours. Et dans ces conditions comment voulez vous que la sage femme puisse aller au travail ? La sage- femme avec ses 100.000 Fcfa par mois, n'a pas de voiture ? Et c'est l'occasion de vous dire aujourd'hui que moins de 5% de sages-femmes ont des voitures. Donc face à la situation, que peuvent-elles faire ? Et si la sage-femme n'est pas à l'hôpital, qui fera accoucher les femmes ? Il faut dire qu'aujourd'hui le gouvernement appelle au génocide de la population ivoirienne. Parce que sans le dire, tout est mis en place pour que la population meure, soit pour cause de maladie, soit en voulant mettre un enfant au monde, où tout simplement à cause de la faim. (). Et aujourd'hui on assiste à l'apothéose, les Ivoiriens vont mourir par la volonté de certaines personnes qui ont décidé de s'enrichir sur le dos des populations. C'est pourquoi nous pensons normalement qu'au niveau où nous nous trouvons, il n'est plus besoin qu'il y ait des éveilleurs de conscience parce que chacun, à son niveau, a au moins expérimenté la situation qui fait qu'il est déjà dans le mouvement de protestation. Nous sommes tous dans le mouvement, le syndicat des sages-femmes est dans le mouvement. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle notre centrale syndicale (la Fédération des syndicats autonomes de Côte d'Ivoire : Fesaci) vous (les journalistes) a convié à cette conférence de presse pour crier notre ras-le-bol. J'ai l'impression que c'est un schéma qui a été mis en place depuis longtemps. On a d'abord commencé par corrompre les responsables syndicaux. Et quand cela n'a pas marché, on nous a imposé des responsables syndicaux qui n'étaient pas l'émanation de la base. Au niveau de la Fesaci, on nous a imposé un certain Nyamien Messou pour que les travailleurs se taisent face à ce qu'ils entendaient faire. C'est une machination qui vient de loin. Actuellement des femmes vont mourir, et elles meurent. On ne pourra certainement pas punir les sages-femmes de Côte d'Ivoire comme on l'a fait avec le Syndicat des cadres supérieur de la santé (Synacass-ci) parce que pour cette fois, c'est un mouvement général, le ras-le-bol est exprimé par toute la population en même temps. ?Au niveau des consultations et des accouchements, l'affluence est-elle la même qu'il y a un mois? Ce n'est pas possible, ce n'est vraiment plus la même affluence. Mais donnez- nous un mois et on vous sortira les chiffres relatifs au nombre d'accouchement à domicile. Parce que les grossesses existent déjà, nombreuses femmes sont à terme et leurs accouchements auront lieu à domicile parce qu'il n'y a pas de moyen de transport. D'autres par contre n'ont pas suffisamment d'argent pour payer les frais de transport avec la hausse des prix. Se nourrir constitue un véritable problème aujourd'hui, ne parlons donc pas de garder un peu d'argent pour aller accoucher ! Cette préoccupation n'est pas d'actualité. Et je suis convaincue qu'actuellement nombreuses sont les femmes qui prient pour retarder au maximum leur accouchement. Ce qui n'est malheureusement pas possible. Voyez la détresse dans laquelle vivent aujourd'hui les femmes. Pour celles-ci, être enceint aujourd'hui n'est plus une joie. ?Que fait le Sysafci face à cette situation? Comprenez que les actions individuelles, isolées ne payent pas. On est vite fait d'être taxé de rebelle. Aujourd'hui c'est une action d'envergure qu'il faut initier. Et c'est pourquoi nous nous retrouvons-là ce matin (mardi 15 juillet) avec notre centrale la Fesaci afin de mettre en place une action concertée. C'est-à-dire poussée l'autorité à revoir à la baisse toutes ces hausses de prix qui nous asphyxient et permettre aux femmes d'avoir le pouvoir d'achat, la possibilité d'aller à l'hôpital pour accoucher comme des êtres humains et non plus à domicile comme des animaux. ?C'est l'occasion pour nous de revenir sur l'information qui nous est parvenue, relative aux sages-femmes exigeant la somme de 5.000 Fcfa aux parturientes avant qu'elles n'aient droit au lit d'accouchement? Ce n'est pas possible. Pour cette interrogation, certainement vous allez vous adresser à l'administration parce que c'est elle qui met en place la procédure pour atteindre la salle d'accouchement. La sage-femme ne gère pas le côté administratif, elle n'a pas été formé pour faire du recouvrement, elle n'en fait donc pas. Interview réalisée par Touré Yelly

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