vendredi 18 juillet 2008 par Nord-Sud

Malgré la mise en place d'une association pour réguler le milieu du spectacle en Côte d'Ivoire, des organisateurs de mauvaise moralité continue de sévir.









Considérée comme la plaque tournante du showbiz en Afrique, Abidjan vit pratiquement chaque week-end au rythme de grands événements. Les organisateurs se bousculent au niveau des dates pour occuper soit le Palais de la culture, soit le Palais des congrès de l'hôtel Ivoire pour permettre aux Ivoiriens de communier avec leurs artistes. Si dans la plupart des cas, les choses se passent sans accroc.





La mauvaise foi existante





Il existe, en effet, malheureusement, les organisateurs véreux de spectacles. Ce qui les caractérise tous est la mauvaise foi. Bien qu'ils sentent des difficultés dans l'organisation pratique, ils refusent de s'arrêter. Pour la simple raison qu'ils sont guidés uniquement par le désir de se remplir le poches avec l'argent des tickets et disparaître dans la nature. Nous reconnaissons qu'il y a effectivement de mauvais organisateurs de spectacles parmi nous. Mais que voulez-vous qu'on fasse ?, s'interroge un organisateur de spectacles sous le sceau de l'anonymat. Au mois de mars dernier, le rappeur Sean Paul, qui vit aux Etats-Unis, devait venir jouer à Abidjan après un séjour au Cameroun. Les adeptes de ce rythme se sont mobilisés et ont payé les tickets. Le jour du spectacle, ils se rendent compte qu'ils ont été roulés dans la farine. Par voie de presse, ils apprennent que le rappeur d'origine jamaïcain ne pourra pas fouler le sol ivoirien. Un mois plus tard, c'était autour d'un concert de rap à la sauce locale d'être annulé par ses organisateurs. Pendant ce temps, des tickets avaient été vendus. Le jour J point d'organisateurs et les spectateurs qui ne se doutaient de rien se retrouvent devant le Palais de culture sans interlocuteur. Je suis là depuis 12 heures puisque le spectacle était prévu pour 16 heures. Mais, je viens d'apprendre que le spectacle vient d'être annulé. Et je ne vois aucun organisateur pour me rembourser, indique Malick, un féru du hip-hop qui ne sait à quel saint se vouer. Il finit par s'en remettre à Dieu. C'est lui seul qui peut faire payer aux organisateurs ce qu'ils viennent de nous faire, martèle-t-il. Au mois de février dernier, le retour de Petit Dénis sur scène, après sa sortie de prison, va mal se passer. Fadiga de Milano, organisateur du spectacle et son poulain (il est le producteur de l'artiste) ne tombent pas d'accord sur les modalités du concert. Pendant que Fadiga demandait à l'enfant de Gbatanikro de chanter avant de percevoir la totalité de son cachet, le manager du zouglouman, qui n'est autre que sa femme, tenait un autre discours. Pour elle, il était hors de question que Petit Dénis monte sur scène sans voir perçu la totalité de son cachet. Pendant ce temps, plus de 4.000 spectateurs attendent leur idole dans la salle Anoumabo. Dans cet imbroglio, Petit Dénis n'effectue pas le déplacement du Palais de la culture. Le public qui, à un moment donné, sent le coup, envahit le podium et tente d'avoir la peau des organisateurs qui n'ont eu d'autres solutions que de prendre leurs jambes à leur coup. Abandonnant ainsi les spectateurs à leur sort sans aucun remboursement. Le 6 août 2002, Aladji Adewalé qui organisait un concert de Chantal Taïba au complexe sportif de Yopougon, s'est sauvé avec la recette. Toute chose qui a failli gâcher la fête dans la plus grande commune de Côte d'Ivoire. En 1998, Eric Didia et Eric Mambou, tous deux animateurs à Nostalgie, décident de faire venir Papa Wemba. Ils vendent les tickets sachant très bien que l'artiste avait des problèmes pour obtenir le visa à l'ambassade de Belgique. Le jour du spectacle prévu au Palais des congrès de l'hôtel Ivoire, ils n'infirment pas l'information de son arrivée. La salle du spectacle refuse du monde. Sentant la nervosité du public, Eric Didia se met derrière les rideaux pour imiter la voix de l'artiste. Toute chose qui irrite les spectateurs qui mettent le Palais des congrès à sac. Les organisateurs passent quelques jours à la Maca avant de recouvrer la liberté. La plus grosse arnaque s'est passée en 1981. Georges Benson avait promis faire jouer Bob Marley à Abidjan. Les tickets ont été vendus alors que l'artiste était en concert à Paris. Le pape du reggae n'a pas foulé le sol ivoirien et aucun spectateur n'a été remboursé.

Pour mettre fin à l'anarchie dans le milieu, les organisateurs de spectacles ont mis en place une association dirigée par Victor Yapobi. Le secrétaire général de cette association, Georges Aziz, affirme que leur objectif est de mettre un terme au désordre dans le milieu. Quant à Doudou Steven, il exhorte le ministère de la Culture et de la Francophonie, à instaurer la carte professionnelle de sorte à faire le tri dans le milieu.









Issa T.Yéo

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