Le sport ivoirien va, certainement, amorcer un virage important après les états-généraux tenus les 21, 22 et 23 juillet. Le sport est aujourd'hui un véritable phénomène social. Il mobilise et déchaîne des passions. Avec ses institutions, ses règles, ses techniques, ses instruments de mesure de plus en plus sophistiqués, en vue d'établir des performances, etc., il a dépassé sa dimension ludique et est devenu une industrie et participe au développement d'une nation. Les participants aux assises de Bassam l'ont bien compris. C'est pourquoi, pendant 72 h, loin des bruits, ils ont, sous la houlette du ministre de tutelle, Dagobert Banzio, réfléchi, diagnostiqué le mal qui mine le sport ivoirien et proposé des solutions applicables pour sa relance. Au niveau de la loi sur les activités physiques et les sports, la formation des athlètes et des encadreurs, le sport scolaire et universitaire (OISSU) et les infrastructures sportives et des loisirs, toutes les voies ont été explorées afin de trouver le remède approprié. Les débats furent passionnés et houleux. Notamment au sujet du projet de loi et de la réorganisation de l'Oissu pour l'amélioration des conditions de la pratique du sport à l'école. Ainsi, dans la mouture finale qui sera soumise à l'appréciation du Gouvernement et peut-être du Parlement, l'on note la création d'un Fonds national pour le développement et la promotion des sports. Dont les modalités d'organisation et de gestion seront fixées par décret pris en Conseil des ministres (Article 77) ; la mise en place d'une assurance au profit des athlètes licenciés, des encadreurs et des organisateurs ou promoteurs de manifestations sportives, le déchargement de l'Office national des sports du volet financier des compétitions qui sera désormais l'affaire d'une régie, la création de lycées sportifs dans chaque région. Sans oublier que l'Institut national de la jeunesse et des sports (INJS), devenu obsolète et non opérationnel doit, dans sa restructuration, introduire de nouvelles filières de formation adaptées aux aspirations de la jeunesse et du mouvement sportif. Il doit élaborer un plan de carrière des enseignants. Il y a aussi la recherche en matière d'anatomie, de physiologie, de biologie et de sciences humaines en relation avec les Universités et instituts de recherche à travers une unité médico-sportive. Ce travail de fourmi abattu par les participants a amené le ministre Banzio et le député-maire de Bassam à faire des promesses: Vous avez bien travaillé, la balle se trouve maintenant dans notre camp et dans celui du Gouvernement pour la mise en ?uvre des actes du séminaire. Le ministre Bakayoko, représentant le Premier ministre, a abondé dans le même sens. Et le député-maire de Bassam, Jean-Michel Moulod, d'ajouter: En ma qualité d'homme parlementaire, je suis prêt à convaincre mes collègues députés pour l'adoption de ces textes s'ils arrivaient à l'Assemblée. Quant à Roland Zakpa, président de la Commission Loi, il se dit heureux d'avoir pris part à ces assises. Vu l'urgence d'agir, il demande la promulgation et l'application des résolutions prises. Nous avons désormais un cadre juridique. S'il est pris en compte, ce sera une bonne chose pour l'avenir du sport en Côte d'Ivoire. Pour Sory Diabaté, le président de la Ligue professionnelle de football, tout a été arrondi comme il se devait au niveau de la loi. Je tenais à remercier le ministre Banzio et ses pairs d'avoir pris en compte les préoccupations et de les avoir fait partager avec les autres. Le Fonds qui a été créé est important. On verra les efforts à fournir pour son alimentation, promet-il. Au-delà de la passion, il faut saluer la discipline dans laquelle se sont tenues les assises.
Jean-Baptiste Behi
Option : Disponibilité et solidarité
Pour espérer réussir son pari, le ministre Dagobert Banzio, avec beaucoup d'humilité, a tenu à inviter aux assises de Grand-Bassam, ses prédécesseurs. Cinq ont répondu à son appel, en dépit des troubles qu'a connus le pays ces dernières semaines. Au nom de la nation, ils ont largement contribué à la réussite des travaux. De par leur dévouement, leur perspicacité, leur chaleur, leur sens du patriotisme, leur expérience, MM. Roland K. Zakpa, René D. Diby, le Général Michel Gueu, Siguidé Soumahoro et Mme Geneviève Bro Grebé ont su diriger leurs commissions respectives et aidé Banzio à débloquer des situations difficiles, en plénière. Pendant trois jours et à des heures tardives, l'on les a vus, à la tâche, comme s'ils étaient encore en fonction, au département de la Jeunesse, du Sport et des Loisirs. Nous sommes au service de la nation, même si nous ne sommes plus aux affaires. Nous saluons l'initiative du ministre Banzio de nous associer à la réforme du sport ivoirien. Il a privilégié l'intérêt général. En notre temps, nous avions pris un gigantesque projet qui devait permettre au sport ivoirien d'être davantage compétitif, à tous les niveaux. Mais n'étant plus ministre, cela n'a pas abouti. Je souhaite que ces résolutions, obtenues au prix d'un travail intense, soient prises en compte par le Gouvernement et l'Assemblée générale afin que le sport participe au développement du pays. Ces propos de Mme Bro Grébé traduisent l'esprit convivial et fraternel dans lequel les travaux se sont déroulés. Cette solidarité dont ont fait preuve ces anciens ministres doit servir d'exemple aux autres. C'est pourquoi, le ministre des NTIC, Hamed Bakayoko, qui représentait le Premier ministre à la clôture, leur a rendu, publiquement, hommage. Vous êtes une fierté pour la Côte d'Ivoire. Au nom du Premier ministre et en mon nom personnel, je vous félicite pour le travail abattu, a-t-il ajouté.
par Jean-Baptiste Behi
Le rapport général des assises
Les Etats Généraux du Sport se sont tenus du 21 au 23 juillet 2008, au VITIB Académie, ex-IIAO de Grand-Bassam. Ces assises ont porté sur quatre grands thèmes :
1 - LOI RELATIVE AUX ACTIVITES PHYSIQUES ET AUX SPORTS;
2 - SPORT SCOLAIRE ET UNIVERSITAIRE;
3 - FORMATION DES ATHLETES ET DES ENCADREURS;
4 - INFRASTRUCTURES SPORTIVES.
I - LES PARTICIPANTS
Ont pris part à ces états généraux cent vingt (120) participants, au nombre desquels, le Ministre de la Jeunesse, du Sport et des Loisirs, Monsieur Dagobert BANZIO et Cinq (5) Ministres qui ont eu à diriger les départements chargés des sports, ce sont :Les anciens ministres:
René DIBY;
Roland ZAKPA KOMENAN;
SIGUIDE SOUMAHORO;
Geneviève BRO-GREBE;
Michel GUEU.
y ont pris part également :
- Les représentants des Ministères techniques impliqués dans la gestion du Sport ;
- Le représentant du Comité National Olympique (CNO-CIV) ;
- Les présidents de fédérations sportives nationales;
- Les journalistes sportifs;
-Les Cadres du Ministère de la Jeunesse, du Sport et des Loisirs.
II - L'ORGANISATION
Pour la tenue de ces états généraux, trois (3) structures ont été mises en place.
Un Comité d'organisation ;
Un Comité scientifique ;
Quatre (4) Commissions de travail présidées chacune par un Ministre.
III - LE DEROULEMENT
Les travaux se sont déroulés en quatre étapes :
La cérémonie d'ouverture
Elle s'est déroulée en présence des autorités politiques et administratives de Grand-Bassam. Elle a été présidée par le Ministre chargé des Sports et marquée par deux allocutions.
D'abord, celle de Monsieur Jean-Michel MOULOD, député-maire de la Commune de Grand-Bassam qui a souhaité la bienvenue aux participants à ces assises ; ensuite, celle du Ministre de la Jeunesse, du Sport et des Loisirs, Monsieur Dagobert BANZIO qui a remercié les participants pour leur présence, tracé le cadre du travail, annoncé les thèmes et déclaré ouvert les états généraux. Les travaux en commissions
Après une pause, les travaux proprement dits ont commencé dans les commissions constituées à cet effet. Les travaux en commissions se sont déroulés sur deux demi-journées.
La plénière
Une plénière a permis de présenter les résultats des travaux en atelier, de les analyser et de les adopter. La cérémonie de clôture
La cérémonie de clôture, présidée par Son Excellence Monsieur le Premier Ministre a mis fin aux Etats Généraux du Sport en Côte d'Ivoire.
IV LES RESULTATS
COMMISSION 1 :
LOI ET REGLEMENTATION
Elle a été coprésidée par les Ministres Roland ZAKPA KOMENAN et Geneviève BRO-GREBE. Au terme du rapport de la Commission, un avant- projet de loi relatif aux Activités Physiques et aux Sports est adopté. Cette loi est articulée autour de six titres.
Titre 1 est consacré aux dispositions générales
Titre 2 porte sur la classification et l'organisation des activités physiques et des sports
Titre 3 est intitulé des ressources
Titre 4 porte sur l'éthique et l'assurance sportives
Titre 5 met l'accent sur les distinctions et les récompenses
Titre 6 met en relief la coopération internationale
COMMISSION 2 : SPORTS SCOLAIRES ET UNIVERSITAIRES
Elle a été présidée par le Ministre, le Général Michel GUEU. Après avoir entendu le rapport de la Commission, il a été retenu :
a modification du décret N°98 ? 332 du 15 juillet 1998, dans ses aspects portant sur la gestion des compétitions sportives à l'Ecole et la restructuration de l'OISSU. La mise en place de plates formes de collaboration entre d'une part, le Ministère chargé des Sports et les Ministères chargés d'Education et de Formation, et d'autre part entre l'OISSU et les fédérations sportives nationales ;
L'implication des COGES dans le financement du sport à l'école.
COMMISSION 3 :
FORMATION DES ATHLETES ET DES ENCADREURS
Elle a été présidée par le Ministre René DIBY. Après audition du rapport, les participants ont adopté la réorganisation de l'INJS et l'adaptation des programmes de formation qui répondent aux exigences de la gestion et l'encadrement du Sport moderne avec la prise en compte du système de formation LMD.
COMMISSION 4 :
INFRASTRUCTURES SPORTIVES
Elle a été présidée par le Ministre SIGUIDE SOUMAHORO.
Il a été retenu de cette Commission, la nécessité de l'affirmation d'une volonté politique soutenue par :
la prévision d'espaces destinés à la pratique des Activités sportives dans les aménagements urbains ;
un programme hardi de réhabilitation, de construction, de maintenance et d'entretien des infrastructures sportives sur toute l'étendue du territoire, impliquant les collectivités territoriales ;
la restructuration de l'ONS chargé de la gestion des infrastructures ;
La prise en compte des handicapés dans la réalisation des infrastructures sportives.
V LES RECOMMANDATIONS
Les participants aux Etats Généraux des Sports tenus les 21, 22 et 23 juillet 2008, au VITIB Academie, ex-IIAO à Grand-Bassam.
- Considérant l'ensemble des travaux effectués en Commissions, discutés et adoptés en plénière,
- Tenant compte de la nécessité et de l'urgence d'agir, ici et maintenant, pour mettre le Sport ivoirien en phase avec les exigences du mouvement sportif mondial,
RECOMMANDENT AU GOUVERNEMENT
- de prendre les dispositions qu'il jugera utiles à l'effet de faire adopter le présent projet de loi ;
- la restructuration des Etablissements Publics Nationaux ayant en charge la gestion de :
- la formation des ressources humaines (INJS),
- le Sport Scolaire et Universitaire (OISSU) ;
les infrastructures sportives (ONS). En vue de les adapter aux exigences d'encadrement, de formation, de pratique et de gestion du sport moderne ;
- l'adoption d'un décret précisant les responsabilités du Ministère chargé des Sports et ceux chargés d'Education et de Formation dans la gestion du Sport à l'Ecole ;
- l'affirmation de la volonté politique de développement du Sport en Côte d'Ivoire soutenue par un programme hardi de réhabilitation, de construction, de maintenance et d'entretien des infrastructures sportives sur toute l'étendue du territoire en impliquant les collectivités territoriales ;
- l'information et la sensibilisation des décideurs, des partenaires dans la mise en ?uvre de la politique du sport ;
-l'information et la sensibilisation des populations sur les bienfaits de la pratique du sport.
Focus : Ils ont dit...
Me Yahi Vincent (Pdt de Karaté):
Je salue le retour du sport à l'école?
Je voudrais d'abord féliciter le ministre Dagobert Banzio qui a marqué un très grand coup en se faisant entourer de ses prédécesseurs. C'est une marque d'humilité. Je remercie également les anciens ministres du sport qui ont fait preuve de solidarité. Je retiens de ce séminaire qu'il y a eu un consensus autour des textes. Le mouvement sportif ivoirien s'est donné un projet de loi relatif aux activités sportives et au sport. C'est formidable. Nous espérons que ce projet de loi sera adopté par l'Assemblée nationale et promulgué par le Chef de l'Etat. Par ailleurs, un Fonds national de développement et de la promotion du sport (Fndps) est créé. J'en suis heureux. Nous avons discuté de la réorganisation de l'Office national des sports (Ons) qui va exclusivement s'occuper du développement et de la gestion des infrastructures sportives. Le financement des compétitions internationales sera désormais du ressort des régies. J'en suis aussi heureux.
Le plus important de tout cela, c'est la mise en place d'une filière sportive et la création de lycées sportifs dans chaque région de la Côte d'Ivoire. Il ne faut pas oublier que la détection des athlètes de haut niveau se fait au niveau de l'école. C'est heureux d'assister au retour du sport à l'école.
Nous souhaitons vivement que les résolutions de Grand-Bassam soient appliquées. Cela fera du bien au sport ivoirien?. Dié KACOU(PDT de cyclisme)
Le football a voulu nous écraser encore...?
Nous avons abattu un travail énorme. J'ai envie de dire que nous venons de créer le sport. Il existait avant mais sans texte. Aujourd'hui, juridiquement, le sport est connu en Côte d'Ivoire. Tous les textes ont été adoptés en plénière. Maintenant on attend si le Président de la République va directement prendre une ordonnance en Conseil des ministres pour leur application ou si c'est à l'Assemblée nationale que cela va se décider. Ce qui est sûr, pour nous fédérations, nous avons mis sur pied des textes pour gérer le sport en général en Côte d'Ivoire. Je dis bien en général. Ce sont des textes consensuels et demain, personne ne pourra dire quoi que ce soit. En tout cas, je félicite le ministre Banzio et je suis convaincu que ces résolutions ne resteront pas dans les tiroirs. Je lui fais entièrement confiance tout comme je fais confiance au Gouvernement ivoirien. Le ministre Banzio, avec l'avènement de la parafiscalité, a déjà fait la preuve de son engagement. Avec cette parafiscalité, les fédérations sont devenues un peu autonomes.
Il y a eu des débats houleux pendant les travaux ; c'est normal. Il faut confronter les idées pour aboutir à quelque chose de concret. Toutes les autres fédérations ont estimé que le football les écrasait trop. Et à ces assises, il a voulu encore nous écraser. Nous ne l'avons pas accepté. C'est en cela que je salue le travail abattu par le ministre Banzio et son prédécesseur Zakpa. Ils ont su trouver les mots justes pour nous faire entendre. Sinon, ça aurait tourné autrement.
Dié Fonéyé (FIF)
Je suis satisfait?
Je suis globalement satisfait de la tenue de ces états généraux du sport. Il y a eu plusieurs assises du sport dont les résolutions sont restées dans les tiroirs. Mais, pour ces états généraux de Bassam, nous avons eu l'assurance que les résolutions (qui en sont issus seront prises) en compte au niveau du Gouvernement pour produire une loi qui va gérer le sport en Côte d'Ivoire.
Je suis satisfait dans la mesure où le ministre a pris en compte les observations de la Fédération ivoirienne de football (FIF). Le travail a été bien fait. L'ambiance était également bon enfant et l'organisation a été une réussite.
J-B Behi
Repères
Animation. Le comité de soutien aux Eléphants était à la clôture des assises de Bassam. Il a su mettre de l'ambiance et égayer les participants. Il faut indiquer que la cérémonie de clôture a pris fin aux environs de 18h. Et le premier car transportant la presse a quitté Bassam à 19h 30.
Satisfaction. La plupart des participants logés à l'EX-IIAO de Bassam ont beaucoup apprécié l'accueil, l'hébergement et la restauration dirigée de main de maître par M. Ballet, bien connu dans le milieu sportif pour avoir été un des responsables du Satellite FC. Amendement. Les ministères chargés du Sport et de la Santé et le Comité national olympique participent désormais à la définition de la politique de protection de la santé des sportifs et contribuent à la régulation des actions de lutte contre le dopage. Ils sont informés des opérations de mise en place des contrôles antidopage, des faits de dopage portés à la connaissance de l'administration ou des fédérations sportives (nouvel article 85 du chapitre 1, de l'éthique et assurance sportives).