lundi 28 juillet 2008 par Notre Voie

Malgré son appartenance au PDCI, le maire de Tiapoum était hyper-actif pour faire de la visite de la Première dame dans sa cité, un succès total. Notre Voie l'a rencontré.

Notre Voie : Dans de nombreuses localités où Mme Gbagbo est passée, les maires, parce qu'ils sont PDCI, ont quitté leur commune pour ne pas avoir à la recevoir. Mais vous, vous l'avez bien reçue. Qu'est-ce qui explique cela ?
Félix Famié Akattié : Les gens ne savent pas ce que c'est que la politique. C'est un jeu. Quand quelqu'un est élu, il est l'élu de tout le monde et il doit se mettre à la disposition de tout le monde. C'est vrai, les autres partis ne nous informaient pas avant de venir ici. J'ai pris un arrêté pour dire que tout parti politique qui vient pour un meeting dans ma commune et qui ne nous en saisit pas officiellement, n'en aura pas le droit. Parce que nous sommes responsable de toute la population. Nous sommes obligés de militer dans plusieurs partis pour développer notre région. C'est cela, l'intérêt de la démocratie. Celui qui n'a pas une ouverture d'esprit est obligé de se cacher. Seuls ceux qui viennent à la politique pour s'enrichir ont ce genre de comportement. Mais celui qui vient pour aider son peuple est obligé d'être de tous les partis, de les accueillir tous.

N.V. : Ne craignez-vous pas des critiques ou des représailles de la part de votre parti le PDCI ?
F.F.A. : Moi, je n'ai pas épousé un parti politique. C'est moi qui suis dans le parti. Le parti profite de moi, je ne profite pas du parti. Ce sont deux choses différentes. Les gens qui n'acceptent pas les critiquent ne peuvent pas diriger un parti politique. Voyez-vous, je suis le maire. Mais toute la population d'ici n'est pas forcément du PDCI ! Et ce sont mes administrés. Il n'est écrit sur le front de personne qu'il est de tel ou de tel parti politique. Voilà.

N.V. : On vous dit à la porte du FPI
F.F.A. : C'est la Première dame qui vient chez nous. Même si elle est vice-présidente du FPI, c'est la Première dame. Dans l'intérêt de tous, nous devons être ensemble pour la recevoir. Ce qu'elle dit nous intéresse au même titre que les militants du FPI. C'est un message national. Même si après, il va y avoir un entretien dans la chambre, il faut faire la distinction des choses.
Moi, je ne change pas d'identité. J'ai dit que j'épouse les idées du président Gbagbo. Prenons le cas des Américains. Ils sont démocrates ou républicains. Mais est-ce que ce sont tous les démocrates qui votent pour le candidat démocrate ou tous les républicains qui votent pour le candidat républicain ? Il faut que certains démocrates votent pour un républicain ou que certains républicains votent pour un démocrate pour qu'il soit élu. C'est cela la démocratie. Si tu lis le programme du candidat et que ce programme te sied, tu le soutiens. Je suis de tous les partis parce que je suis Ivoirien d'abord et nous luttons pour la nation ivoirienne. C'est le plus important. Quand quelqu'un, devant moi, lutte pour la nation ivoirienne, je le suis. Je ne cherche même pas à connaître sa couleur politique.

N.V. : C'est ce qui vous a conduit vers le président Gbagbo ?
F.F.A. : Ecoutez, je ne cache pas mes choses ! Moi, je dis la vérité. Quand je ne suis pas content, je le dis, et personne ne peut rien contre moi. J'ai dit à tout le monde ici que je suis au PDCI mais si le FPI, le PIT ou le RDR me demande une aide, je le fais. Le député Angbozan Angbozan est du FPI, et moi, je suis du PDCI, mais c'est moi qui ai demandé qu'on le choisisse comme candidat ! Et j'ai fait sa campagne contre mes camarades du PDCI. Même au bureau politique, je le leur ai dit et j'ai expliqué pourquoi. Il faut laisser les autres émerger. Il ne faut pas accaparer le pouvoir. Arrivé à un certain moment, il faut prendre sa retraite et laisser les autres évoluer. Ceux qui n'ont pas d'activité et qui n'ont rein à faire, ce sont eux qui accaparent le pouvoir et pensent qu'ils ne peuvent rien faire d'autre. Je vous assure que c'est ce qui fait qu'aujourd'hui la Côte d'Ivoire n'avance pas.

N.V. : Vous qui êtes du PDCI, vous avez invité devant la Première dame, les dirigeants locaux du FPI à cultiver l'entente et l'union. Pourquoi ?
F.F.A. : Il faut se servir des erreurs des autres pour s'améliorer. Au PDCI, nos devanciers ont connu ces mêmes problèmes de division. Cela a mis la région en retard. Aujourd'hui, c'est la même chose. Je suis désolé ! On dit qu'il y a une seule chaise et on combat pour le même objectif. Pourquoi ne pas s'entendre ? Et moi, je n'aime pas le mensonge. Les gens sont hypocrites. Ils sont autour d'elle et font comme si tout marche, alors qu'il y a toujours des brouilles entre eux. C'est cela que le président Gbagbo vit aujourd'hui. Il y a trop d'hypocrites autour de lui. Ceux qui ne peuvent pas s'entendre, il faut les mettre à l'écart. Dans la Bible, il est dit que si ton ?il droit gêne il faut l'enlever. Cela veut dire que lorsque tu travailles avec des gens qui veulent te noyer, il faut les écarter et avancer. Je vous dis que si Gbagbo étend ce qu'il est en train de faire dans la filière café et cacao dans les autres services de l'Administration, il n'aura même pas besoin de faire campagne pour être réélu. Mais s'il baisse les bras et veut couvrir certains, il aura lui-même occasionné sa perte.



Interview réalisée à Tiapoum par

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