jeudi 14 août 2008 par Notre Voie

La presse s'est fait l'écho, hier mercredi 13 août, de la volonté de la Cour pénale internationale (CPI) de rechercher activement des informations concernant les crimes relevant de sa juridiction en Côte d'Ivoire et au Kenya.
Cette information a pour source principale un communiqué de la CPI diffusé à l'issue de la visite du procureur de la Cour, Moreno Ocampo, lundi 11 août, à Dakar, au Sénégal.
La CPI, instituée par le statut de Rome le 17 juillet 1998 et entrée en vigueur le 1er juillet 2002, qualifie de crimes contre l'humanité un certain nombre de délits.
Selon l'article 7 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, sont qualifiés de crimes contre l'humanité les délits de meurtre, d'extermination, de réduction en esclavage, de déportation ou de transfert forcé de population, d'emprisonnement, de torture, de viol, d'esclavage sexuel, de prostitution forcée ou autre forme de violence sexuelle de gravité comparable de persécution de tout groupe, etc.
L'action de la juridiction dirigée par Moreno Ocampo est loin de contrarier l'Etat ivoirien, qui a promulgué, par ordonnance, une nouvelle loi d'amnistie en 2007 qui couvre les crimes et délits liés aux troubles qui ont secoué la Côte d'Ivoire depuis septembre 2000.
Mais ne s'applique pas aux infractions écono-miques et aux crimes et dé-lits autres que l'atteinte à la sûreté de l'Etat.
L'Etat de Côte d'Ivoire a donc bien fait la part des choses.
En effet, par cet acte, l'Etat a spécifié qu'il accordait son pardon pour les actions d'atteinte à la sûreté, à la violence politique Il a exclu tous les autres faits qualifiés de crime de guerre ou de crime contre l'huma-nité.
La CPI, dans ses intentions, est donc en phase avec l'exécutif ivoirien.
Ceci dit, la tâche de la CPI est bien complexe, contrairement à ce qu'on pourrait imaginer compte tenu de la diversité des acteurs ayant intervenu dans la crise ivoirienne.
Il y a, d'un côté, les belligérants, pour ce qui est de la guerre déclenchée en 2002, et, de l'autre, les commanditaires.
Dans la guerre débutée en septembre 2002, nous avions deux belligérants en présence. D'un côté, l'Etat ivoirien et, de l'autre, la rébellion armée conduite par l'actuel premier ministre Guillaume Soro, SG des Forces Nouvelles.
Nous imaginons que la CPI va mener des enquêtes sur les supposées exactions commises par les deux camps.
La Cour pénale internationale va sans doute plancher sur des dossiers tels que les escadrons de la mort, assassinat des gendarmes à Bouaké, action des groupes d'auto- défense, etc.
Sur ces sujets et bien d'autres, il faut, bien entendu, que le peuple ivoirien et le reste du monde sachent la vérité. Rien que la vérité !
Mais il ne faut pas en rester là ! La CPI doit aller plus loin et se pencher sur les commanditaires de cette sale guerre imposée aux paisibles populations ivoiriennes.
Qui a financé cette rébellion armée ? Qui a offert les moyens diplomatiques et politiques à ceux qui ont attaqué la Côte d'Ivoire ? Quelle est la part de responsabilité de l'armée française durant toute cette crise ?
Quelle suite la CPI donne-t-elle à l'assassinat des Ivoiriens aux mains nues par la France en novembre 2004 ? Que devient l'affaire Firmin Mahé, du nom de ce jeune ivoirien tué de sang-froid par l'armée française ? Où en est-on avec l'enquête sur l'attentat manqué contre le Premier ministre Soro Guillaume perpétré en juin 2007 à Bouaké ?
Voilà autant de questions auxquelles il faudra trouver réponses. Nous pouvons même dire que ce sont des préoccupations qui, si elles ont trouvé réponses, pourront permettre de saisir toute la vérité.
La CPI joue donc encore une fois sa crédibilité fortement entachée par son récent désir de poursuivre, dans la crise soudanaise, le président Omar El Béchir, encore en fonction, devant sa juridiction. La procédure utilisée par la CPI pour l'instruction de cette affaire et la cécité dont elle a fait preuve pour les autres acteurs du conflit au Soudan ont été fortement dénoncées par la Ligue arabe et l'Union Africaine (UA).
On espère donc que l'heure de la réhabilitation pour la CPI a sonné.



Serge Armand Didi sardidi@yahoo.fr

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