jeudi 14 août 2008 par Nord-Sud

Fondateur du musée de Manéga, avocat et écrivain, Me Frédéric Pacéré Titinga, ministre des Cultes à la cour du Moro Naba, a marqué son passage à Abengourou, lors de la 6ème édition du Festival international de la route des reines et des rois. Dans cette interview, il parle de la littérature burkinabé, de sa production littéraire, du festival et des dirigeants africains.


?Comment expliquez-vous le réveil tardif de la littérature burkinabé qui n'a démarré qu'en 1962 avec Nazi Boni?

Je peux dire que de nos jours, la littérature burkinabé se porte assez-bien. Encore que je puisse dire en même temps que je suis un peu déconnecté.





?Et pourquoi ?

Pour la simple raison que depuis 1996, je suis dans les Grands lacs. D'abord envoyé par les Nations Unies pour les procès sur les crimes au Burundi et ensuite depuis 1998 jusqu'à ce jour devant le tribunal pénal pour le Rwanda à Arusha. De fait, nous avons des sessions de 3 ou 4 mois et souvent des suspensions de dix jours. Et si j'ajoute à cela 4 jours pour revenir et 4 jours pour retourner au tribunal, vous comprenez que je ne suis pratiquement plus au pays. Ce qui fait que je n'arrive pas à tout suivre. Mais il y a une nouvelle génération qui s'y met et s'implique pour tenter d'assurer plus que la relève. Le problème évidemment au niveau du Burkina Faso, qui peut se retrouver un peu partout, c'est qu'il n'y a pas de maison d'édition sur le territoire. Or concernant les jeunes comme je l'ai souvent dit, ils sont pris dans un cercle vicieux. Ce cercle vicieux qui dit ceci, pour pouvoir publier, il faut avoir édité. Et pour avoir édité, il faut être connu et avoir déjà publié. Ce qui fait que dans ce cercle vicieux, les jeunes n'arrivent pas et ne peuvent pas dans les maisons classiques à l'extérieur pouvoir publier.





?Est-ce la faute à l'Etat ou aux investisseurs privés ?

Il peut y avoir la faute de tout le monde. Je ne dis pas la faute parce que je sais que la littérature est un parent pauvre. Mais dans nos pays, il apparaîtrait difficile à l'Etat de s'impliquer dans des maisons d'édition qui ne seraient pas rentables. Ce qui peut être rentable selon beaucoup d'analystes, ce sont des ouvrages scolaires pas de littérature mais des livres didactiques qui ne relèvent pas des écrivains en tant que tel de la littérature. Ce qui fait que la littérature sous l'angle d'édition, par les Etats donc par les maisons d'édition, parrainées souvent par les Etats, cela est rare. Je crois qu'il faut qu'il y ait quelques mécènes dans nos pays. Dans des pays comme le Burkina Faso, avec des moyens les plus difficiles parce qu'après toutes les réserves qui s'imposent, dans le classement, le Burkina est parmi les trois pays les plus pauvres de la planète au-delà de la sécurité, la paix, le bonheur qui s'y trouve, il y a des pesanteurs économiques. Ce qui fait que les opérateurs économiques sont obligés de s'orienter vers des domaines quelque peu rentables pour leur propre survie en sorte que la maison d'édition, c'est toute une problématique. Mais enfin les jeunes et tout le monde doivent faire en sorte que chacun puisse être le témoin de son temps par le roman, la littérature, la poésie, le théâtre. Je pense que tout le monde fait le maximum pour cette préservation par la plume.





?A travers vos ?uvres, vous avez opté tout comme Zadi Zaourou dans son ouvrage Fer de lance à une liberté dans l'écriture. Qu'est-ce qui vous a motivé pour une telle forme d'expression ?

Ma démarche avec l'un de mes premiers amis en dehors du Burkina et je voudrais même dire à l'intérieur du Burkina. J'avoue que je ne connaissais pas le professeur Zadi Zaourou lorsqu'il a publié ses premiers ouvrages. Il a publié à Oswald comme moi et un jour ma femme m'a appelé pendant que j'étais hors du continent pour me dire qu'il y a un professeur de Côte d'Ivoire qui décide d'aller dans mon village. Je lui ai demandé comment il est. Elle me l'a décrit. J'étais donc surpris de voir ce professeur. Il a visité mon village avant même de me connaître. Ce qui est très touchant. J'ai publié mes ouvrages Quand s'envole l'aiguille couronnée, Un sou de Sahel, Quand ça tire sur le Sahel, le professeur Zadi Zaourou a cru en ma poésie, j'allais dire avant moi-même. Et il a commencé ses travaux, ses enseignements. Je l'ai souvent dit, si quelqu'un vous lave le dos, il faut avoir au moins la décence de vous laver le visage. J'ai écrit simplement parce que j'aime la poésie et surtout j'ai dirigé une troupe de théâtre à la colline verte? c'est-à-dire à l'Ecole normale de Dabou. En raison de ma troupe, j'écrivais des poèmes mais je n'accordais pas trop d'importance à cela. Mais quand je me suis aperçu que le professeur Zadi Zaourou s'y est beaucoup intéressé, pour moi cela avait une valeur. Et enseigner cela à ses étudiants qui ont pris la relève tels que Coulibaly Mawa, les professeurs Yépri, Amoa Urbain et autres. C'est ce qui m'a imposé, dicté parce que je dois répondre de leur honneur. Parce que je dois faire en sorte qu'ils ne se soient pas trompés. Je veux dire que cela a été des un indicateurs qui m'ont orienté dans la littérature et dans ma plume. A partir de cet instant, j'ai décidé de faire des travaux de recherche en particulier sur le langage des tambours, des tam-tams. C'est à partir de là que j'ai eu à rencontrer le professeur Niangoran Bouah qui est également venu à Ouagadougou pour me voir. Autrement dit, avec tous ces grands écrivains, chercheurs, professeurs de l'Ecole normale supérieure d'Abidjan, mes travaux ont commencé à être étudiés à ce niveau. A l'Ens, se sont ajoutées les universités d'Abidjan, de Bouaké et Charles Louis Montesquieu du professeur Amoa Urbain. Tout cela est axé sur la foi en notre culture africaine. Evidemment, tout cela m'a indiqué que pour l'avenir du continent et de l'être africain, quoiqu'on dise, l'homme n'est pas un être multiple à l'infini. L'homme a des originalités, des spécificités et est même une culture. Je l'ai même dit au 50ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme. 250 ONG m'ont demandé de parcourir le continent et j'ai fait aussi bien l'Angola, l'Ouganda que la Côte d'Ivoire. Je suis venu prononcer une conférence sur les cultures africaines et les droits d l'Homme. On s'est aperçu que la culture est certes universelle mais sur le continent africain l'homme est d'abord même la culture. Il n'est pas hors de la culture et c'est la raison pour laquelle je dis que les grandes déclarations, que ce soient les pactes civils, économiques des Nations Unies, leurs définitions de la culture ne correspondent pas à la culture africaine. Parce qu'on dit dedans par exemple que l'homme est libre de participer à la culture. En Afrique, l'homme n'est pas libre de participer, il est même la culture, il participe, il est imbriqué dans la culture. C'est une autre définition de la culture. En raison de cette importance de la culture pour l'homme africain, je pense que tout ce qui se passe ici en Côte d'Ivoire, initié par les professeurs et parce que nous venons de vivre ces jours-ci avec le festival de la route des reines et des rois de l'université Montesquieu, et tout cet engouement, tout cet apport de la part certes des rois et chefs de Côte d'Ivoire et tout ce qui se passe au niveau de l'Etat pour appuyer le festival est à saluer. Comme aussi la présence des rois venus du Cameroun, Nigeria, Ghana, Benin, Burkina Faso, tout cela est une conscience de l'Afrique qui s'affirme pour elle-même. Et je crois que c'est la bonne voie.





?Pour parler de cette conscience de l'Afrique, la littérature africaine doit-elle impérativement être écrite dans nos langues pour pouvoir s'affirmer?

Nos langues ont des limites. Je suis de ceux qui défendent les langues africaines et j'ai été invité par l'université du Québec dans le cadre de conflits de cultures pour représenter l'Afrique sous cet angle. J'ai été invité au château de Versailles, j'y ai prononcé une conférence au côte du grand chef indien Amon de Lamozoni sous l'angle de nos cultures qui ont forcément pour premier support nos langues nationales. Donc cela s'impose que nous travaillions à partir de nos langues. Mais je dis aussi que nos langues ont des limites parce que le cercle est restreint. Il n'y a que la population locale qui la comprend. Elle est restreinte et ne pourrait pas apporter un soutien, un support tel que cela puisse se renouveler et continuer. Il y a de fait qu'il y a aussi des versions, des traductions qui pourraient être abrégées quant à la reproduction, quant à faire connaitre l'entièreté de la civilisation. Il faut qu'il y ait des traductions dans des langues reconnues, affirmées au niveau de l'Onu. Je pense au français, à l'anglais. Pour ma part, je pense que pour défendre la culture africaine, il faut d'abord que nos cultures, nos écrits, notre littérature soient d'abord pensés en africain, pensés en langues africaines. Mais elle doit aussi être écrite dans des langues qui puissent être diffusées. C'est ainsi que mon ouvrage qui a été couronné par l'association des écrivains de langue française, La poésie des griots est un ouvrage qui a été écrit certes en français mais il y a plus de 200 notes. Mon dernier livre intitulé en moré Mbayir-Weogeo c'est-à-dire la poésie des animaux pour la sagesse africaine, je fais parler les animaux. Mais les animaux ne parlent pas la langue courante des moré, les animaux parlent le langage des tam-tams et des masques en Moré. C'est plus qu'un métalangage, parce que c'est un langage. Mais je suis obligé d'écrire cela dans la langue des Moré. Il y a près de 300 notes qui expliquent ce que j'ai écrit. Sans l'angle de la défense de notre patrimoine culturel, il ne faudra pas que nous essayions de défendre nos cultures par les autres langues, j'entends par là les langues connues, officielles des Nations Unies, le parrain, l'anglais etc que je respecte mais il faudra que nous reposions toutes nos cultures à partir de nos terroirs, quitte à faire des versions pour que cela puisse être connu.





?Tout comme le professeur Niangoran Bouah qui parle de drummologie vous parlez de bendrologie pour désigner le langage des tam-tams. Où en êtes-vous aujourd'hui avec cette science quand on sait aussi que vous avez été combattu par certains universitaires ?

J'ai toujours été combattu par certains universitaires. Mais il y a des critiques littéraires qui viennent d'ailleurs. Il y a des gens qui ont dit: Ceux qui ont pris à partie Pacéré Titinga, ce n'est pas sa famille, ce n'est pas ses amis. Ce sont ses ennemis qui l'ont fait . Pourquoi ? Parce que toutes les fois qu'on l'attaque, il se replie sur lui-même et répond pour prouver qu'il a raison. On a dit aussi que le jour que Me Pacéré n'aura pas d'ennemi, ce sera sa mort. Je n'ai pas peur de l'adversité. Quand on me critique, cela me permet de voir mes propres limites et de me perfectionner. Sous cet angle, il n'y a pas de problème. Nous avons malheureusement des Africains qui estiment que l'Afrique n'a rien inventé, pas même une aiguille. Nous n'avons certainement pas inventé l'ordinateur, ni la roue. Alors mettons une croix sur notre culture, prenons celles des Occidentaux, développons-la et elle nous permettra de nous développer. Mais nous constatons que ni le Japon, ni la Chine n'ont abandonné leurs cultures. C'est donc un faux raisonnement. Il y a des Africains qui ont honte de leur culture. Pour moi ce ne sont pas des africains, c'est autre chose. Le professeur Niangoran Bouah est venu me voir à Ouagadougou. On a tenté de nous opposer, c'était très dramatique. Je suis venu aussi le voir à Abidjan à l'Institut des arts de Côte d'Ivoire. Il me faisait accueillir par les tambours. A mon sens, il y a une relève. La bendrologie se porte bien. Je crois que la drummologie se porte bien également. Quand je dis je crois, c'est parce qu'il y a plus de 10 ans que je suis hors de l'Afrique de l'Ouest, et que je n'arrive pas à tout suivre. J'ai été appelé par le Moro Naba, l'empereur des Mossi. Il m'a apporté son soutien. J'ai été approché par le roi de Tenkodogo, il est considéré comme le père coutumier du Moro Naba de Ouagadougou. Tous m'ont apporté leur appui. Et puis cela continue un peu partout. J'ai été surpris, il y a une religieuse qui a soutenu une thèse au Vatican, donc à Rome, parlant sur le langage des tam-tams, dont la thèse reposait évidement sur mes travaux, la bendrologie avec des ouvertures sur la drummologie. Cela a tellement impressionné. On m'a même dit qu'elle a eu la note la plus élevée depuis que l'université existe. L'université du Vatican m'a envoyé un message pour que je fasse confectionner un bendré, un tam-tam des messages. Bien que la demande vienne de Rome, on m'a dit de faire confectionner ce tam-tam en respectant les coutumes. C'est dire que s'il faut tuer les poulets pour confectionner le tam-tam traditionnel, je crois le faire. Parce que le Vatican veut ce tam-tam qui respecte la culture. C'est pour dire que la bendrologie se porte bien, c'est pour dire également et je le crois que la drummologie se porte bien, c'est pour dire tout simplement qu'à mon sens, les jeunes générations ont une foi en notre culture africaine et je crois que nous allons bien la défendre.





?Vous êtes à la 6e édition du festival de la route des rois. Le professeur Amoa Urbain fait des recherches pour que la royauté et la chefferie traditionnelle soient prises en compte en Afrique. Pensez-vous que dans ces républiques modernes, une telle initiative peut vraiment rehausser la chefferie traditionnelle ?

Vous parlez de société moderne. Mais l'Angleterre est une société moderne. C'est une royauté. Le Canada est plus qu'une société moderne, mais ils font référence à la reine d'Angleterre. Le Japon est une société moderne mais on y fait référence au roi, tout comme la Belgique. En Afrique, nous simplifions trop les choses. Nous croyons plus en l'ordinateur, en certains canons de régence et de gouvernance de notre monde, alors que des pays hyper développés continuent de considérer la royauté comme une valeur. Je ne dis pas que c'est la seule forme de gouvernance et qu'il faudrait revenir à cette seule forme. Je dis que nous pensons conjuguer ces formes de gouvernance du monde. Je prends le cas du Moro, que je connais. C'est une royauté qui remonte à 1.000 ans. Mais on n'a jamais vu des conflits ethniques. On n'a jamais vu nulle part en Afrique des crimes, des génocides tels que nous les connaissons aujourd'hui. Parce que nos royautés ont des mécanismes qui préviennent les conflits. On a déjà des solutions préventives et on ne peut pas arriver aux calamités que nous connaissons aujourd'hui. C'est pour dire que pour l'Afrique, il faudra intégrer cette sagesse de nos traditions, nos traditions détenues par nos rois dans la gouvernance moderne pour que nous puissions éviter les cataclysmes que nous connaissons.





?Que doivent faire nos nouveaux dirigeants alors ?

Ils doivent accepter de se remettre à l'école. C'est-à-dire ne pas seulement se référer aux Constitutions occidentales que nous essayons de plaquer directement. Ils doivent accepter une certaine table-ronde avec nos détenteurs de valeurs, de civilisation, et à partir de là refaire nos Constitutions, voir comment administrer une société en tenant compte de l'apport extérieur. C'est fondamental parce que notre monde est devenu un gros village comme on le dit. Il faut tenir compte des valeurs de l'extérieur mais également des valeurs de nos ancêtres.





?En tant que panafricaniste et défenseur des valeurs africaines que pensez-vous de la situation démocratique en Afrique avec les récents exemples du Kenya et du Zimbabwe?

J'avoue que ce sont des problèmes que je ne maitrise pas. Je suis juriste, lié à la justice je ne m'y connais pas en politique. Ce que je voudrais dire, c'est qu'on laisse l'Afrique aux Africains. Il ne faudrait pas qu'on nous prenne pour des grands enfants. Il ne faudrait pas que de l'extérieur, on nous mette des cordes au cou comme des b?ufs, encore que je respecte les b?ufs. Qu'on laisse l'Afrique aux Africains. Pas aujourd'hui, on aurait dû le faire depuis longtemps. On a posé des graines de discorde. On a aujourd'hui des chefs d'Etat qu'on ne peut pas déboulonner et qui ne sont pas à l'écoute de leurs peuples. Ils sont montés, armés, soutenus, équipés par l'extérieur et arrivent à des situations qu'on ne peut plus contrôler. A qui la faute ? Essayer de condamner les hommes et ne pas voir les vraies causes est vain. Au niveau du Rwanda, la raison et les auteurs ceux que nous jugeons à droite et à gauche alors qu'il y a d'autres qu'on devrait juger, sans voir qu'on a déstabilisé la société. On a par exemple refusé au niveau local de nommer le roi qui le mérite et on a imposé un autre. Et on a donné d'autres mécanismes de telle façon qu'on ne peut plus gérer la société. Et cela nous conduit à des situations telles que celle du Rwanda, du Burundi, du Kenya, du Zimbabwe. Nous voyons les causes immédiates et essayons de trouver des solutions, c'est de l'illusion. Il aurait fallu laisser l'Afrique aux Africains. La colonisation est arrivée, c'est un fait, mais après qu'on nous laisse à nous-mêmes. Là-aussi, il faut que les Africains puissent s'assumer. Ceux que nous avons pris comme responsables doivent être à la hauteur de l'attente de leur peuple. Il y a des moments où il faut être en mesure d'accepter la relève.





?Quel est votre avis sur la médiation du président Blaise Compaoré en Côte d'Ivoire ?

Tout ce que je peux dire c'est tirer mon chapeau aussi bien au président Blaise Compaoré qu'à tous les acteurs politiques de la Côte d'Ivoire. Les mots me manquent pour qualifier ce qu'a fait le président Blaise Compaoré. Mais il n'aurait pas pu le faire si les acteurs politiques Ivoiriens, tous n'avaient pas apporté leur contribution. J'associe tout le monde y compris les chefs traditionnels. J'ai fait mes études en Côte d'Ivoire, je me sens ivoirien. Je salue l'initiative du président Blaise Compaoré, c'est inespéré. Je salue cette disponibilité du peuple ivoirien et de tous les acteurs politiques. Mon plus grand souhait est que cet esprit de dialogue qui a été présent et à tous les niveaux soit le crédo pour tout le monde. Pour moi, c'est la seule solution non seulement d'une paix durable mais d'une paix qui puisse être éternelle. Parce que s'il y a des difficultés dans nos pays, c'est toute la sous -région qui pourrait ne pas avancer. Je suis très heureux de ce qu'a fait le président Blaise Compaoré et tous les acteurs politiques ivoiriens et je souhaite qu'il y ait la paix.





Interview réalisée à Abengourou par Issa T. Yéo

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