mardi 19 août 2008 par Nord-Sud

Après les affrontements qui ont paralysé durant quatre jours la capitale du Zanzan, Gbané Souleymane, président du Mouvement des jeunes pour la renaissance de Bondoukou, donne les raisons de leur colère.




?Qu'est ce qui vous a poussés à descendre dans la rue ?

Depuis quelques temps, nous avons constaté des ballets de camions chargés de grumes partir de Bondoukou pour d'autres villes. Alors que nous savons qu'ici à Bondoukou, l'abattage du bois est interdit par la loi ivoirienne. Nous avons donc saisi le préfet de région pour nous expliquer tout cela. Le 15 juillet dernier nous avons eu avec le préfet une rencontre. Au sortir de cette réunion, nous avons été informés que l'exploitation du bois prenait fin le 11 août.





?S'agit ?il d'abattage ou de ramassage de bois déjà abattu par des clandestins ?

Ces exploitants arrivent dans notre région avec une autorisation de ramassage de bois déjà abattu. Mais sur le terrain, nous constatons qu'il s'agit d'abattage souvent même abusif du bois.





?Avez-vous déjà rencontré ces exploitants forestiers ?

Effectivement, nous les avons rencontrés. Sans faux fuyant, certains ont reconnu qu'il s'agit bel et bien d'abattage de bois. Selon eux, ce sont les populations rurales qui leur font appel.





?Les populations ont-elles été associées à votre lutte?

Nous avons associé celles de Nassian, de Sapli, de Sorobango et de Kamala qui subissent cette exploitation.





?Quel a été le résultat de vos rencontres avec ces populations ?

Dans ces villages, l'exploitation du bois se fait avec la complicité des chefs de villages et des sous-préfets au détriment des populations elles-mêmes.





?Quels étaient vos objectifs en décidant de manifester ?

Nous avons manifesté pour demander l'arrêt immédiat de l'exploitation du bois dans la région du Zanzan puisque la loi ivoirienne l'interdit.





?Parlez-nous des affrontements qui vous ont opposés aux forces de défense et de sécurité.

Nous avons décidé mardi dernier de manifester pacifiquement quand les forces de défense et de sécurité nous ont brutalisés, tabassés et lancé des grenades lacrymogènes. Sur-le-champ, quatre de nos camarades dont le secrétaire général du Moreb ont été arrêtés. Révoltés, les manifestants sont descendus dans la rue. Ce qui a provoqué la destruction de deux camions chargés de manganèse appartenant à la société Taurian.





?Que reprochez-vous à cette société chargée de l'exploration du manganèse dans la région du Zanzan?

Nous n'avons rien contre cette société. Lors de notre dernier meeting, nous avons lancé un ultimatum à nos cadres et à nos élus pour nous expliquer les retombées pour la région du Zanzan.

?Comment expliquez-vous alors la destruction des deux camions de cette société par les manifestants du Moreb ?

Je vous ai dit que quelques instants plus tôt, les manifestants avaient été bastonnés par les forces de défense et de sécurité. Quatre militants du Moreb ont été arrêtés par la police. La tension était vive. Les manifestants sont devenus incontrôlables. Ils s'en sont pris aux véhicules de la société Taurian. Je souligne que cette société n'était pas visée au départ.





?Qu'est ce qui a fait perdurer cette crise ?

C'est parce que la police a refusé de libérer nos camarades qui ont été arrêtés.





?Pourquoi avez-vous décidé de quitter la rue avant leur libération?

Nous avions décidé de poursuivre nos manifestations jusqu'à la libération de nos camarades. Mais après plusieurs négociations, nous avons décidé de suspendre les manifestations en attendant que nos camarades recouvrent la liberté.





?Qu'est ce qui se passera si vos camarades ne sont pas libérés ?

Nous allons descendre à nouveau dans la rue. Et cette fois, jusqu'à leur libération.



?Peut ?on dire que, M. Koné Hiliassou, l'émissaire du Premier ministre est pour quelque chose dans la résolution de cette crise ?

Il est venu, il nous a parlé. Il nous a promis de faire libérer nos camarades. Nous l'avons écouté et nous avons pris acte. Je rappelle qu'avant lui, le grand imam et les chefs traditionnels nous ont rencontrés.





?Aujourd'hui tous les cadres de la région se sont mobilisés pour apporter une solution définitive à cette crise. Avez-vous été associés aux différentes rencontres qui ont déjà eu lieu?

Non, nous n'avons pas été associés à tout cela. J'avoue que je ne comprends pas l'attitude de nos cadres et de nos élus. Ici à Bondoukou, le manque d'emploi entraîne l'exode massif des jeunes gens et des jeunes filles vers d'autres villes. Nous n'avons aucune usine dans cette région. Aucune possibilité d'emploi. Les ressources naturelles dont nous disposons sont aujourd'hui transportées hors de notre région pour d'autres usines. J'avoue que c'est révoltant.


Jean Michel Ouattara, Correspondant régional

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