vendredi 22 août 2008 par Le Nouveau Réveil

Il est parti en éclaireur. Durant tout le mois de juillet, le ministre Maurice Kakou Guikahué, SGA chargé de la Mobilisation, a sillonné toute la Vallée du Bandama pour préparer dans les moindres détails la tournée du Président Bédié. A 72 heures de l'événement, il nous dresse le point de situation, dévoile ses sentiments et ses attentes.

A 72 heures de son arrivée à Bouaké, est-ce qu'on peut dire que la Vallée du Bandama est prête pour accueillir le Président Henri Konan Bédié dans toutes ses dimensions ?
Oui, nous sommes prêts sur le plan de la mobilisation et le plan de l'organisation pratique. Et comme vous le dites, nous avons effectué trois visites sur le terrain parce qu'il fallait sensibiliser les militants de cette zone qui ont été meurtris par les évènements, la crise. Il fallait leur redonner l'espoir, et que le PDCI, dans les autres régions, marchait et que nous on comptait sur eux. Et nous avons été agréablement surpris, ils nous ont montrés qu'ils étaient présents et nous avons fait la sensibilisation. Maintenant il reste à ce que les populations sortent massivement. Il y a quelques obstacles qui sont les routes. Vous savez déjà en zone gouvernementale, vous connaissez l'état des routes. Donc en zone sous contrôle des Forces nouvelles, c'est encore plus grave. Mais les populations ont décidé de braver ces obstacles-là pour être massivement présentes aux différents meetings du président, partout où il va passer. Donc à 72 heures, je peux vous dire que sur le plan technique, les bâches, les chaises, la sono tout est réglé. Nous n'avons aucun souci de ce côté-là. Egalement, les messages, c'est fait. Les porte-parole des différentes délégations, c'est achevé. Et c'est ainsi que du vendredi au samedi, le Secrétaire général Pr Djédjé Mady va faire une revue des troupes, avant que le président ne commence sa tournée le dimanche 24 par l'accueil à Brobo. Donc je peux vous dire aujourd'hui que nous sommes fin prêts, et nous sommes aussi rassurés parce que nous avons rencontré beaucoup de monde. A la première visite, nous avons été reçu par le secrétariat des Forces nouvelles, le directeur de cabinet, le colonel Bamba Sinima qui nous a rassurés. Nous avons écrit au secrétaire général des Forces nouvelles. La correspondance lui a été remise main à main par le secrétaire général qui l'a rencontré. Nous avons rencontré les forces de l'ONUCI. Nous avons rencontré également l'état major des forces nouvelles, c'était à mon dernier passage. Le chef des opérations a été rencontré. Nous lui avons écrit. Dans les 48 heures qui vont venir, notre cellule sécurité fera une séance de travail d'harmonisation avec les chefs des opérations des Forces nouvelles pour voir comment ils sécurisent la tournée du Président. Mais déjà, les Forces nouvelles ont fait des reconnaissances dans tous les chefs-lieux de département. Donc à leur niveau, depuis 2 semaines, ils ont commencé déjà à travailler. Il reste maintenant à harmoniser et puis la visite va se tenir dans de très bonnes conditions.

M. le secrétaire général, excusez-moi, justement au niveau de la sécurité, les Forces nouvelles dont vous parlez depuis quelques jours connaissent quand même des mouvements d'humeur au niveau des soldats. Est-ce que cela n'est pas de nature à porter un coup à la mobilisation, à freiner la mobilisation, à porter un coup à la visite proprement dite ?
Oui, il y a effectivement des remous, des évènements. Même le lundi 18 août dernier, quand je passais pour aller à Dabakala, il y a avait un soulèvement dans la ville. Mais vers 13h-14h, tout était terminé et nous avons pu effectuer notre mission, et venir sur Bouaké même travailler avec les Forces nouvelles. Bon ! Ce qui me rassure, c'est que ce n'est pas la première fois qu'il y a ces mouvements à Bouaké. Si mes souvenirs sont exacts, c'est depuis 6 mois. Chaque fin du mois, il y a des mouvements et les gens avaient démontré que c'était une question de prime. Chaque fois que les primes ont été payées, le calme est revenu. Cette fois-ci également, nous avons eu l'information. Et donc premièrement ce n'est pas la première fois qu'il y a ces mouvements donc c'est un peu connu. Deuxième la revendication est corporatiste et puis elle est connue. En général, c'est quand la revendication n'est pas connue que c'est difficile. Et les gens veulent entrer en possession d'un dû. Alors si on sait qu'on doit quelque chose à quelqu'un, qu'on s'organise pour régler le problème. Le problème étant connu, il suffit qu'on leur donne leur prime et puis la fièvre va tomber. Et je ne pense pas que le Secrétaire général des Forces nouvelles puisse assister passif à ce mouvement parce qu'on ne sait jamais, les choses peuvent toujours dégénérer. Je peux dire en résumé, que ce qui me rassure, ce n'est pas la première fois qu'il y a ces évènements, c'est du connu. Deuxièmement, la revendication est claire et elle est justifiée, qu'ils entrent en possession de leur dû. Effectivement il peut y avoir des difficultés, mais il suffit de mobiliser les fonds pour qu'ils entrent en possession de leur dû et les choses vont aller comme d'habitude.

Pouvez-vous rassurer un peu les militants du PDCI-RDA, si vous êtes là-bas et que pareille coïncidence survient, est-ce des dispositions seront prises pour sécuriser le Président Bédié, sa femme et sa délégation ?
Les Forces nouvelles nous ont donné l'assurance de faire en sorte que la visite du Président Bédié soit sécurisée. Le Président Bédié commence le dimanche 24 août. Nous sommes le jeudi, il nous reste 48 heures. Parce que certains commencent par nous approcher pour dire est-ce que ce n'est pas parce que le président Bédié va dans cette zone que les gens provoquent des soulèvements avec des revendications alors que ces problèmes existent depuis longtemps. Je pense que le Secrétaire général des Forces nouvelles Soro Guillaume ne doit pas donner raison à ceux qui pensent ainsi. Si effectivement les choses continuaient et que le président n'allait pas à Bouaké, c'est la preuve que ceux-là ont raison. Mais comme dans mon for intérieur je sais que c'est faux, je sais que le secrétaire général Soro Guillaume ne laissera pas les choses perdurer jusqu'à ce que cela entrave la visite du président Bédié. En ce moment-là, ça sera un montage. Certaines personnes disent que le fait que Gbagbo ait voyagé et que le président Bédié vienne à Bouaké est ce que ce ne serait pas une occasion pour empêcher que le président parte à Bouaké. Je dis non ! Le président Gbagbo n'est pas celui qui gère la zone, c'est Soro Guillaume, Secrétaire général des Forces nouvelles donc tout dépend de Soro. Moi je ne crois pas à cela. Soro en plus d'être secrétaire général des Forces nouvelles, est Premier ministre donc de l'exécutif. Il suffit qu'il se mobilise pour trouver les sommes, on paye les soldats et dimanche Bédié effectue sa tournée tranquillement. Il ne faut pas que Soro donne raison à ceux qui disent que c'est un montage entre Gbagbo et lui pour empêcher que Bédié effectue sa tournée. Mais nous regardons, nous espérons et nous pensons que ces rumeurs sont fausses et que Soro fera en sorte que la visite du président Bédié se fasse sans problème comme il l'a dit lui même. Le secrétaire général Djédjé Mady a rencontré Soro. Soro lui a dit que si d'aventure son programme lui permettait, il aménage une place pour qu'un jour pendant que le président Bédié séjourne à Bouaké, il fasse un tour à Bouaké pour aller saluer le président Bédié. Donc après avoir dit cela, il ne peut avoir de montage pour empêcher Bédié d'arriver à Bouaké. Ce que je peux dire aux militants de Bouaké, aux militants du PDCI, c'est que le président Bédié est dans de bonnes conditions, dans de bonnes dispositions pour ce meeting. Nous avons reçu des instructions encore pour parachever certains petits détails. Nous venons à peine au moment où nous tenons cette rencontre, d'avoir le financement pour certains détails. Pour dire que le président continue de financer sa tournée. Donc le moral du président est haut et il a décidé.

Un appel à l'endroit des militants de Bouaké en particulier et de ceux en général de la Vallée du Bandama ?
Je voudrais lancer un appel à nos militants, que nous attendons au bas mot 60 à 70 mille personnes assises donc au bas mot, nous attendons 100 mille personnes. Je lance un appel aux populations de Bouaké et de la Vallée du Bandama de faire un déplacement massif à Bouaké pour le meeting de clôture. Et les militants d'Abidjan, les délégués départementaux qui veulent venir, ils seront les bienvenus, ils peuvent venir. Nous avons eu des promesses, les forces impartiales seront avec nous, les Forces nouvelles font un point d'honneur à sécuriser la visite du Président Bédié donc les choses se passent très bien. Je demande aux militants de cette zone de la Vallée du Bandama d'être mobilisés, de montrer ce qu'ils nous ont déjà montré ; J'ai foi que le Président fera une bonne tournée et sortira de Bouaké le 31 août. Le Président a toujours les mots justes pour les populations et pour les militants de Bouaké, il y aura comme toujours un message particulier.

M. le Secrétaire général, vous qui êtes depuis plusieurs jours dans cette zone, vous avez rencontré les hommes et des femmes, quel message leur avez-vous donné ?
D'abord ma tâche a été facilitée. Pour faire un bref rappel, c'est à la dernière mission du bureau politique du mois de mai 2007 que les populations, dans toutes les missions, ont exprimé la première envie, la première préoccupation dans toutes les régions, qui est de voir le Président Bédié. Il fallait que le Président Bédié sorte, ils voulaient communier avec lui. Donc ce sont nos militants qui ont invité le Président. Quand nous partons dans les localités, nous leur disons que le Président Bédié vient. Vous allez sortir massivement, mais voici le minimum des tâches qu'il faut accomplir pour que cette arrivée se transforme en une fête grandiose et belle. Mais déjà le fait même qu'on dise le Président arrive, c'est déjà mobilisateur. Partout dès qu'on dit que le Président Bédié arrive tel jour, c'est la mobilisation totale. Donc nous n'avons pas eu à faire grand-chose. C'est des territoires conquis. Même en pays bété, vous avez vu à Soubré, c'est la mobilisation complète. Les missionnaires ont vraiment fait des rapports justes parce qu'effectivement les populations ont soif de voir le Président Bédié.

C'est pour cela qu'il passe 7 jours dans la région ?
Il passe 7 jours dans la région parce que d'abord il y avait l'envie d'aller à Bouaké, faire venir les militants de la Vallée du Bandama, avec la paupérisation, avec l'état des routes, le message n'allait pas trop bien passer. Donc on a décidé d'aller à chaque chef-lieu de département. Et le président a dit d'accord. Et nous nous sommes mis d'accord sur un meeting le matin, un meeting l'après-midi. Après, quand nous avons fait la prospection, nous avons vu qu'avec ce qui est arrivé dans cette zone, où vraiment les gens ont besoin, au-delà des meetings, de parler au Président et que le Président leur adresse son "yako", nous avons dit même dans la zone gouvernementale chaque fois que le Président va quelque part, après le meeting, après le déjeuner, il accorde des audiences. Or, il n'y a pas une zone qui a plus besoin d'audience que cette zone-là. Donc nous avons convaincu le président pour faire comme il fait d'habitude, il va à Sakassou, il fait son meeting le matin, il déjeune et l'après-midi est consacré aux audiences jusqu'à ce qu'on épuise les groupes et on rentre. On fera la même chose à Béoumi, Katiola, Dabakala. Et puis, le président ira en meeting à Djébonoua qui fait partie du département de Bouaké, c'est tout à fait symbolique. Donc c'est une nécessité. Nous avons dit au lieu d'aller 7 fois, nous allons une fois et nous faisons 7 jours. Ainsi nous bouclons la région qui est une région très importante.

Avez-vous rencontré les chefs traditionnels au cours de la préparation de cette visite ? Que vous ont-ils dit ?
Nous avons rencontré les chefs traditionnels, ils sont pour tout le monde donc ils nous ont bien accueilli. C'est en fonction du discours qu'ils tiennent qu'on sent leur sensibilité. Ils nous ont très bien accueillis et dans cette zone nous n'avons aucun problème. L'aspiration aujourd'hui est claire. Les Ivoiriens sont arrivés à un niveau de développement et la guerre est arrivée. Aujourd'hui, aucun village ne peut vivre sans eau, sans électricité, sans une école et sans centre de santé. Voici ce qu'ils nous ont demandé. "Que Bédié revienne", depuis que Bédié est parti, le développement s'est arrêté. Que Bédié revienne pour qu'on continue la politique de décentralisation des centres de santé. En 1999, en conseil de ministre, on avait adopté une communication pour l'électrification de 200 villages par an avec une programmation bien faite. N'eût été le coup d'Etat, on aurait fait 60% de ce programme. Parce qu'Azito avait été construit pour cela. Aujourd'hui dans cette zone, tous les puits sont en panne, ils n'ont pas été réparés. Donc les populations, c'est les infrastructures de base, l'école, les centres de santé, l'électrification.

Est-ce cela qui sera la différence entre le message à Bouaké et celui des zones déjà effectuées ?
C'est toujours la même chose, c'est toujours les mêmes infrastructures de base, partout rien n'a marché. Parce que dans la zone gouvernementale, les budgets ont augmenté, mais il n'y a pas eu développement. Les gens ont géré la moitié de la Côte d'Ivoire mais il n'y a pas eu développement. Ça, ce sont les questions que nous allons poser pendant la campagne. Dans cette zone, la paupérisation est encore plus grande. Et les populations disent aussi, il faut que le Président Bédié vienne pour qu'on achète bien l'anacarde. Aujourd'hui, l'anacarde est bradé. Alors que sous le Président Bédié, il était acheté à un bon prix. Donc il souhaite que le Président vienne. Donc indépendamment des structures de base, sur le plan économique, ils comptent sur le retour du Président Bédié pour relancer l'anacarde, le coton. Parce que ces deux produits sont en train de végéter aujourd'hui.

La Vallée du Bandama est présentée comme un bastion du PDCI, certaines localités par contre, présentent des inquiétudes, c'est le cas de Sakassou et Dabakala, il y a quelques petits problèmes au niveau de la cohésion ?
D'abord bastion c'est un thème politique que tout le monde a adopté. Moi, en ma qualité d'homme politique, je ne voudrais pas dormir sur mes lauriers. Je ne considère aucune région de Côte d'Ivoire comme bastion. On a perdu la mairie de Bouaké, on a perdu la mairie de Katiola, en nombre de suffrages exprimés par ceux qui étaient proches du PDCI, c'est plus mais on a perdu. On a perdu le conseil général de Grand Bassam. On a perdu le conseil général de Dabou, on a perdu le conseil général de Bondoukou. Pourtant si nous voulons parler, il n'y a pas match dans ses zones. On ne peut pas dire qu'il y a un parti majoritaire que le PDCI à Dabou, Bouaké et Bondoukou. Par contre on a perdu les conseils généraux là-bas. Donc ce n'est pas le nombre de militants qui est important, c'est la qualité du travail qu'on fait. Là-bas, il n'y a pas une présomption de militant PDCI. Donc c'est un terrain favorable. C'est pourquoi nos responsables politiques, nos délégués doivent redoubler d'effort. Parce que là-bas, tout le monde est presque PDCI, il suffit d'un petit effort et on est à 100% PDCI. Ce n'est pas comme dans d'autres zones où il faut crier fort pour avoir 40% PDCI. Je préfère le mot zone favorable au PDCI que bastion. Parce que si vous dites bastion, on va dormir. Donc aujourd'hui, il n'y a pas de bastion parce qu'aujourd'hui, il y a eu une mutation, il y a eu le coup d'Etat, il y a eu les évènements, donc je peux dire que dans cette zone, les gens sont favorables au PDCI. Maintenant il y a la question de Dabakala et Sakassou. C'est une question de disponibilité. A Dabakala, la maison d'Assana Sangaré est occupée par les Forces nouvelles. Donc quand elle va à Dabakala, elle dort à Yamoussoukro, fait la réunion du matin et retourne à Yamoussoukro et revient à Abidjan. Quand vous dormez dans les localités, vous avez l'opportunité de rendre visite aux militants or elle n'a pas cette possibilité. Les deux délégués de Sakassou, avec leur charge qu'ils ont, ne sont pas très disponibles.

Comment allez-vous combler cela ?
A Dabakala, moi-même, je suis allé m'investir parce qu'il y a des gens et des militants là-bas. A Sakassou, il y a le maire résident qui est très dynamique, qui tourne et qui compense l'absence des deux délégués.
Interview réalisée par Akwaba Saint Clair et Patrice Yao
Col : Jean Prisca

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