vendredi 22 août 2008 par L'intelligent d'Abidjan

Journée mouvementée que celle vécue par les populations hier jeudi 21 août 2008. Depuis 6 heures, des éléments des Forces nouvelles (environs 500 combattants) sont entrés en mouvement de revendication de prime. La tentative de Chérif Ousmane de ramener le calme est restée vaine. La présence effective de certains responsables de l'Onuci n'a pas non plus permis d'apaiser leur colère. Ce mouvement d'humeur a plongé la ville de Bouaké dans une sorte de silence de cimetière.
Gbangban ils ont créé là, ils vont prendre drap . C'est le refrain de la chanson de la méga star du reggae ivoirien repris en ch?ur que les soldats surexcités ont entonné hier au centre culturel Jacques Aka de Bouaké pour accueillir le commandant de zone Chérif Ousmane venu pour échanger. Une négociation qui a abouti à un échec. Chérif Ousmane, arrivé sur les lieux, a invité les manifestants à prendre place dans l'enceinte de cet édifice. Lui qui a vu sa proposition rejetée catégoriquement par ces derniers. Les échanges ont eu donc lieu à l'air libre, mais toujours dans la cour du centre culturel. Cherchant à défendre le leader des Forces nouvelles, Chérif Ousmane n'a pas eu le temps de situer les choses que la parole lui est arrachée. Il n'y a qu'une seule chose qui puisse calmer les ardeurs : c'est notre argent estimé à 5 millions de francs; sinon, projets et autres, nous ne reconnaissons pas , a lancé Diaby le porte-parole des indociles d'un ton menaçant. De part et d'autre, des grossièretés qui fusent à l'endroit de Guillaume Soro. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase est l'intervention du colonel-major Bamba Sinima, directeur de cabinet du secrétaire général des Forces nouvelles sur les ondes de la radio Onuci-Fm qui aurait, selon ces derniers, proliféré des menaces de répression. Blessé dans son amour-propre via l'insubordination dont font l'objet les soldats, Chérif Ousmane n'a eu pour mot que de plaider pour qu'ils reviennent à de meilleurs sentiments. Mais les revendicateurs ne voient pas les choses de cette manière. Et d'ailleurs, ils n'entendent pas s'arrêter en si bon chemin. Allons au corridor; discussion est terminée. Pourquoi Soro lui-même n'est pas venu ordonne le porte-parole à ses camarades qui aussitôt s'exécutent en laissant le commandant de zone Chérif Ousmane sur les lieux. Ce dernier, craignant que ces éléments ne s'adonnent à des actes de vandalisme, décide de les suivre jusqu'au corridor. Chemin faisant, la délégation de la Première dame qui était en partance pour Katiola pour la deuxième fois dans le cadre de la visite qu'effectuera celle-ci a été bloquée par les manifestants. Heureusement qu'il y a eu plus de peur que de mal. C'est peu de temps après que les membres de la délégation ont été autorisés à poursuivre leur chemin. Une fois au corridor sud, les manifestants ont barricadé la voie à l'aide de pneus et de branches d'arbres, obstruant le passage des camions de transport. Ils ont dit ne pas libérer les lieux sans les 5 millions. Les usagers quant à eux n'ont trouvé de solution que de descendre des cars pour rallier le corridor de la ville qui à pieds, qui à moto. Pendant ce temps, le commandant Chérif Ousmane, dans l'impossibilité de maîtriser les révoltés, a rebroussé chemin. Cap sur l'état-major pour rencontrer le général Gueu Michel qui, nous apprend-on, serait arrivé dare-dare. Aussi, bien que le commerce soit resté ouvert toute la journée d'hier, il n'en demeure pas moins que les populations qui pour l'heure sont épargnées de ces mouvements d'humeur vivent avec la peur au ventre. Les responsables de l'ex-rébellion dont Guillaume Soro qui en est le premier leader doivent tout mettre en oeuvre pour éteindre le feu qui couve. Car, à trois mois seulement des échéances électorales, l'on constate déjà les prémices d'un danger qui plane sur le processus. Pendant que nous mettions sous presse cette information, les ex-combattants détenaient toujours le corridor sud en main.

Bosco de Paré

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