vendredi 22 août 2008 par Fraternité Matin

Après la profanation de la terre ancestrales avec la guerre qu'a connue la Côte d'Ivoire, Guiglo a abrité une cérémonie d'exorcisation. Les lieux sacrés ayant été profanés, les esprits tutélaires des ancêtres se sont enfuis, abandonnant les hommes dans le chaos qu'ils ont créé (dixit). Ils sont censés être revenus depuis samedi, après la cérémonie rituelle de purification du sol qui a eu pour théâtre la place Félix Houphouet-Boigny de Guiglo. Cette cérémonie marque la réconciliation du peuple Wê avec le sacré et aussi la levée du deuil qu'il observe depuis les affrontements meurtriers qui ont ensanglanté son sol durant le conflit armé ouvert en septembre 2002. Ambiance chaleureuse, décor fort coloré. Les six départements composant le pays Wê (Duékoué, Guiglo, Bloléquin, Toulepleu, Bangolo et Kouibly) avaient sorti leurs masques les plus sacrés. Dans la tradition Wê, cette cérémonie s'imposait après les effusions de sang qui ont particulièrement marqué cette région pendant la crise militaro-politique dont sort progressivement la Côte d'Ivoire. Sol souillé, les divinités fâchées et retirées dans les bois et les forêts, le peuple dépouillé donc de toute protection et exposé Pour obtenir leur pardon, retrouver l'harmonie, le développement et le bonheur, la purification du sol souillé par le sang humain est indispensable. La cosmogonie Wê qui n'établit pas de rapports directs avec Dieu fait des Glaè (masques), Dji (panthères) et Koui (force invisible) les institutions locales avisées, les médiateurs attitrés. Sevrés de prestations depuis six ans au moins, les Glaè et les Dji, pour cette première sortie depuis la douloureuse parenthèse de la guerre, s'en sont donnés à c?ur joie. C'est le département de Kouibly qui a ouvert le ballet des Glaè et Dji, suivi de Bangolo, Toulepleu, Bloléquin et Duékoué, Guiglo fermant la marche. Les Koui, forces invisibles perçues que par les initiés, avaient préparé le terrain quelques heures plus tôt, à minuit tapant. Tout le peuple Wê doit, à partir de cet instant, retrouver le bonheur . Promesse du Glaè qui a officié la cérémonie de purification à proprement parler, un poulet blanc en main. Eau, rameaux et kaolin constituaient ses éléments de sanctification. Ce pan de la culture Wê a été revisité à l'initiative de Mme Angèle Gnonsoa, défenseur acharné des valeurs culturelles de la région, et de MM. Oulaï Tiabas Bernard et Oulaté Maurice. Tout comme le peuple Wê qui se réconcilie ainsi avec le sacré, l'historienne a exhorté les politiciens à se réconcilier et abandonner le jeu des tractations opportunistes . Elle a redit son attachement aux valeurs culturelles africaines et prôné leur reconstruction.
La cérémonie était placée sous la présidence du ministre de la Réconciliation nationale et des Relations avec les institutions, M. Dano Djédjé Sébastien, qui était représentée par Mme Boka Constance. On y notait également la présence du ministre de la Fonction publique et de l'Emploi, M. Hubert Oulaye, et de l'ambassadeur de la République démocratique du Congo, Mme Isabelle Iboula. La dernière cérémonie de ce genre, selon Mme Angèle Gnonsoa, remonte au 19e siècle.



E. Kodjo
Envoyé spécial

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