vendredi 22 août 2008 par Notre Voie

Le Front populaire ivoirien (FPI) a récemment mené des réflexions pendant deux jours pour faire l'état des lieux de sa politique de refondation et voir comment la rendre plus dynamique. Au sortir de ces assises, le président du comité scientifique, le député Emile Guiriéoulou, affiche un bilan satisfaisant
Notre Voie : A quoi répond le thème du séminaire organisé par le FPI sur la refondation politique et institutionnelle ?
Emile Guiréoulou : Le thème de la refondation a été adopté par le FPI depuis 1994, parce que la Côte d'Ivoire jusque-là a été dirigée sur un certain nombre de fondements. Il se trouve qu'avec le décès du premier président Félix Houphouet-Boigny, les fon-dements sur lesquels le PDCI a bâti le pays s'en retrouvaient effondrés.
Le président Houphouet venait de mourir, les coûts de nos matières premières étaient aux prix bas, le FCFA venait d'être dévalué. Le FPI a alors estimé qu'il fallait faire une nouvelle politique pour la Côte d'Ivoire. C'est ce que nous avons appelé la Refondation. Parce que l'unité qui était par terre avait besoin d'être relevée, à travers de nouveaux fondateurs. D'où l'origine de la Refondation?.
Maintenant, le séminaire que nous avons organisé entre dans une politique globale de la refondation. Nous l'avons, au niveau de la direction du parti, subdivisée en 3 grands secteurs. Il y a la Refondation sociale et culturelle, dont le séminaire s'est déroulé il y a quelques mois. Son comité scientifique était présidé par le professeur Dédy Séry. Ensuite, le refondation politique et institutionnelle dont nous venons d'organiser le séminaire. Et, enfin, au mois de septembre, peut-être, nous aurons la refondation économique avec pour président du comité scientifique le secrétaire général du parti, le camarade Miaka Ouretto. C'est donc dans ce cadre global qu'entre la refondation politique et institutionnelle. De façon plus particulière, la refondation politique et institutionnelle s'adresse aux fondements de l'Etat. C'est-à-dire les institutions qui font la constitution de l'Etat. Nous avons réfléchi sur leur fonctionnement, sur les mécanismes divers qui les régissent, à savoir les textes. A commencer par la constitution elle-même. Une réflexion est donc menée pour voir leur fonctionnement et quelles sont les réformes qu'il faut y apporter, surtout que nous sortons d'une longue période de crise.

N.V. : Quel constat faites-vous en tant que président du comité
scientifique au terme de ces assises ?
E.G. : Le séminaire nous a d'abord permis de réfléchir pendant 2 jours. Les travaux se sont déroulés dans la plus grande sérénité, surtout de façon très approfondie. Et je suis entièrement satisfait en tant que président du comité scientifique.
Le regard que nous avons porté sur le fonctionnement est à plusieurs dimensions. D'abord, nous avons jeté un regard sur le fonctionnement des institutions sous le PDCI. Ensuite, nous avons regardé les propositions que nous avions faites avant notre arrivée du pouvoir. Et, par rapport aux propositions, comment les choses se sont passées. En somme, nous avons fait le bilan de la gestion du PDCI et le bilan de notre propre gestion.
Notre bilan est globalement satisfaisant, bien que nous soyons contrariés dans la réalisation pleine des objectifs que nous nous sommes fixés.
Nous pensons avoir atteint les objectifs que nous nous étions fixés, même si cela n'est pas de façon pleine.

N.V. : Quelles sont, au niveau des réformes, les innovations que vous voulez apporter, même si le FPI se dit satisfait de sa gestion ?
E.G. : Laissez-moi vous dire que le séminaire est une instance technique et non une instance de décision. Les résultats de ce séminaire seront analysés au cours d'une convention qui aura lieu en octobre. C'est la convention qui dira s'il faut entériner les propositions techniques faites par le séminaire.
Disons que, sur le plan du régime, nous avons estimé nécessaire de maintenir ce régime actuel qui est présidentiel. Néanmoins, nous avions la possibilité de choisir un régime parlementaire. Mais, vu le contexte et la période de crise que nous avons traversée, nous pensons que faire aujourd'hui l'option d'un régime parlementaire nous amenerait à plus d'instabilité. Par conséquent, nous estimons que le maintien du régime présidentiel est nécessaire.
Mais la proposition pour renforcer le parlement, par la création d'une deuxième chambre, a été faite.

N.V. : Est-ce une nouveauté ?
E.G. : Effectivement, la création d'un sénat est une nouveauté, puisque le parlement actuel est composé seulement que de l'Assemblée nationale. Le sénat viendra remplacer le Conseil économique et social, selon notre proposition.

N.V. : Vous rejoignez le président Bédié qui avait évoqué, en son temps, l'idée de création du sénat ?
E.G. : Oui, mais cela n'est pas une question de rejoindre ou pas. Sauf que nous avons analysé le fonctionnement d'autres démocraties et nous estimons que notre démocratie doit évoluer vers plus d'efficacité ; donc il faut donner plus de pouvoir au législatif. Mais, dans les propositions que faisait le président Bédié, des choses ne plaisaient pas au FPI. Mais, dans tous les cas, c'est une proposition que nous faisons pour instaurer le sénat. En ce qui concerne comment est-ce que les sénateurs vont être désignés, ce volet sera l'objet d'une réflexion ultérieure.
Au niveau des Forces de défense et de sécurité, nous avons suggéré que notre outil de défense soit restructuré au sortir de la crise, que la couverture du pays soit mieux assurée en terme géographique par les Forces de défense et de sécurité.
Nous avons, également, estimé qu'il fallait renforcer notre outil de défense et le doter de moyens subséquents. Et que le financement de l'outil de défense soit axé sur un pourcentage du PIB. De sorte qu'à travers une loi de programmation militaire, nous puissions avoir une armée suffisamment forte pour soutenir notre économie que nous voulons aussi forte.
Au niveau de la décentralisation, par exemple, nous avions fait le bilan et nous en sommes satisfaits. Puisque, aujourd'hui, nous avons mis fin à une situation d'injustice qui faisait que, dans notre pays certains villages et localités étaient dans une commune et d'autres ne l'étaient pas. Une situation qui faisait que, quand les projets de développement doivent y aller, les habitants hors de cette commune devaient forcément cotiser pour la réalisation des projets. Chose que nous estimons injuste.
Aujourd'hui, le territoire national est entièrement communalisé, et nous sommes passés de 197 communes en 2000 à notre arrivée au pouvoir à 986 communes. Nous sommes, également, satisfaits de la création des départements en tant que collectivités. Même si la crise n'a pas permis que les moyens à mettre à la disposition des conseils généraux soient effectifs. Mais, après les crises, nous envisageons ériger les régions en collectivités territoriales. Nous avons en projet la création de trois villes : Bouaké, Daloa et Korhogo.
Au niveau des administrations, l'obtention d'une administration plus efficace est notre préoccupation.

N.V. : Que voulez-vous dire concrètement ?
E.G. : Le fonctionnaire fait son travail sans être noté ni suivi, peu importe son rendement. Les notations vont être faites pour évaluer l'effort au travail de chaque agent. Par exemple, le traitement des dossiers de pension fait l'objet de nombreuses plaintes. On va donc évaluer le temps de travail qu'il faut à un agent pour traiter un dossier. C'est en fonction de ce temps qu'il doit travailler. Dans le cas contraire il s'expliquera.

N.V. : Qu'est-ce qu'il en sera au niveau de la Côte d'Ivoire à l'extérieur, le volet des affaires étrangères ?
E.G. : A ce niveau, nous allons, tout en préservant les amitiés anciennes et actuelles, nous ouvrir à la coopération sud-sud, aux nouveaux pays émergents qui, par leurs histoires et problèmes connus essayent de les surmonter.

N.V. : Est-ce qu'une réflexion a été menée dans le sens de l'idéologie concernant le socialisme dont le FPI se réclame ?
E.G. : Disons que notre option socialiste est fortement maintenue, car elle a été traitée dans le premier séminaire. Le prochain séminaire également la traitera, lorsqu'il sera question d'économie sociale de marché.

N.V. : Vous n'êtes pas sans ignorer qu'une certaine opinion pense que le FPI crée un fossé entre son idéologie, son programme et leur application effective.
E.G. : Comme le dirait l'autre, la politique, c'est la saine appréciation des choses. On ne peut pas faire une analyse des choses aujourd'hui et faire comme s'il n'y avait pas eu la guerre.

N.V. : Comme quoi la guerre a le dos large
E.G. : Non, c'est une réalité objective qui ne présente pas la moitié du pays qui a été occupée et le gouvernement ne pouvait rien dans la mise en ?uvre de son programme. Prenez, par exemple, le projet assurance maladie universelle, il est inapplicable, parce qu'il fallait associer toute la population. Or, compte tenu de la crise que connaît le pays, il était pratiquement impossible de réaliser ce projet. Dans nos promesses, nous avons des réalisations telles que la décentralisation, l'école gratuite.
Au niveau de la décentralisation, la promesse a été faite, bien que les nouvelles communes créées ne soient pas encore mises en place. Mais, au moins, elles sont créées. On attend que les élections aient lieu pour que les conseils municipaux soient élus.






Interview réalisée par Vincent Deh et Benjamin Koré Coll. : Mel Alex

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