vendredi 22 août 2008 par Le Matin d'Abidjan

Le corridor Sud de Bouaké a été le théâtre d'échanges houleux entre le commandant de la zone et les démobilisés. Qui selon des témoins de la discussion ont proféré des menaces claires à l'encontre du secrétaire général des forces nouvelles.

Aujourd'hui, nous sommes sortis pour revendiquer pour qu'on nous paie nos 5 millions. Nous ne sommes plus dans la négociation. Toi papa Chérif, je ne veux pas t'écouter aujourd'hui parce que tu es fatigué à cause de nous. Donc laissez-nous prendre Bouaké au moins pour un mois. On ne peut pas comprendre que les militaires du secrétariat général soient payés à 300 mille francs par mois et certains ont même construit. Dans cette rébellion, on sait qui est qui. Certains sont quittés à Abidjan pour nous retrouver ici à Bouaké. Le MPCI est composé de trois groupes : il y a ceux du 19 septembre ; il y a ceux du cessez-le-feu et il y a le groupe de Soukoi. Ces propos sont ceux d'un certain Diaby qui se dit le porte-parole des ex-rebelles. Ces derniers manifestent depuis lundi à Bouaké. Il a tenu ces propos devant le commandant de zone, Sherif Ousmane hier au cours d'une rencontre de vérité au corridor Sud de la ville. Pendant deux heures, notent nos sources, Shérif et les démobilisés ont eu des échanges. Ils ont posé leurs préoccupations, le motif de leur soulèvement. Nous sommes des pères de famille, la rentrée des classes est proche. Que faisons-nous pour assurer leur scolarité ? Nous n'avons pas besoin de projet. Nous ne voulons que nos 5 millions. Toi Chérif, on n'a pas besoin de toi. Mets-toi à l'écart. Aujourd'hui, si Soro et Konaté Sidiki ne viennent pas, nous allons faire ce que nous voulons. C'est en ces termes que le porte-parole a posé une autre exigence. Car, ils déplorent l'absence du secrétaire général et du porte-parole des forces nouvelles 72 heures après leur mouvement.

Soro dans le viseur de ses rebelles
Ils menacent même en des termes très clairs : Nous prendrons nos responsabilités. Si les 5 millions ne sont pas donnés, il n'y aura pas d'élection. Tout le monde veut la paix ; tous les Ivoiriens sont fatigués. Mais quand on veut entreprendre une action, on se prépare en conséquence. Ils disent qu'il n'y a pas d'argent pour nous payer, on fait quoi ? Quand on dit premier ministre Soro, on se connaît à Bouaké. C'est bien grâce à nous qu'il est à Abidjan. Est-ce qu'il a pris une arme pour fusiller quelqu'un ; est-ce qu'il peut tirer une kalachnikov ? Pour les insurgés de Bouaké, le secrétaire général a déjà trahi le MPCI . Mais Diaby n'a pas dit clairement en quoi Soro Guillaume a trahi leur lutte. C'est à peine s'il ne lui lance pas un défi au SG des FN. Si Soro est chaud (s'il se fait confiance, ndlr), il n'a qu'à venir à Bouaké ici avec Konaté Sidiki. Mais j'ai honte pour Konaté parce que quand la guerre a commencé, il est resté en Allemagne pour dire que les bandes de voleurs sont venus tomber le pouvoir en place. Aujourd'hui, il a grossi. S'ils sont garçons, ils n'ont qu'à venir discuter avec nous.

Objectif : Couper Bouaké de la république
C'est vrai la guerre est finie mais sans nos 5 millions, on va rester dans les rues. Pour négocier, nos positions restent les mêmes. Et puis, je vous le dis, madame Gbagbo qui doit venir à Katiola, il n'y a pas de meeting ici. On n'acceptera pas de meeting du FPI ici. Bouaké est pour nous, Abidjan c'est pour eux. D'ailleurs si on doit discuter, il faut que Soro soit-là. Ces propos confortent dans l'idée que Bouaké sera à nouveau coupée de ce qui était à l'époque la zone gouvernementale. Si bien entendu le mouvement de protestation se poursuit. Djébonoua était fermé hier le temps de la discussion entre le comzone et les manifestants.

Des émissaires de Mme Gbagbo échappent à la mort
Mésaventure. Les émissaires à Bouaké du cabinet de la 1ère Dame pour préparer l'arrivée de celle-ci ont connu une infortune. Ils ont été refoulés, selon des sources proches dudit cabinet, par les ex-rebelles. Le cortège des ?'frontistes?' a été stoppé au centre ville par des hommes en treillis qui ont exigé qu'il rebrousse chemin. La scène s'est passée à la hauteur du RAN Hôtel hier mercredi vers 10 h. Les ex-rebelles visiblement excités auraient crié aux occupants du cortège, une vingtaine de voitures, de retourner à Abidjan. Dans leur excitation, ils auraient également dit Soro n'est plus notre chef. L'on souligne par ailleurs que le reste du cortège engagé a dû faire demi tour. Pour tenter de rejoindre les autres au corridor de Djébonoua où il a fait marche arrière. Mais il n'y est pas parvenu puisque c'est par Sakassou qu'il a été obligé de passer pour emprunter la route menant à Abidjan.

Shérif peu convaincant
Le ?'comzone?' est face à une situation délicate. Et c'est la deuxième fois depuis l'éclatement de cette énième crise qu'il tente de raisonner les démobilisés insurgés. Apparemment la tâche n'est pas aisée. Car, le lundi dernier, il avait proposé aux insurgés de les entendre sur les motivations profondes de leurs actions (sortie massive, saccage du secrétariat général). Les démobilisés ayant attendu en vain Shérif ils ont dû ?'prendre?' la ville. Cela en posant des barricades à Djébonoua porte d'entrée de Bouaké. C'est là que le ?'comzone?' les a rejoints après qu'ils sont passés à l'Onuci. Pour se faire entendre des observateurs militaires, dit-on. Un autre rendez-vous est pris pour ce matin encore au centre culturel Jacques Aka où Shérif Ousmane veut que qu'ils se retrouvent. J'ai écouté avec beaucoup d'attention ce que Diaby a dit. Mais une fois encore, je voulais vous demander qu'on se retrouve au Centre Culturel Jacques Aka pour parler. Ça va prendre le temps que ça va prendre mais au moins, on est assis et on discute. Je vous demande pardon, retournons au centre culturel Jacques Aka et je vais vous expliquer des choses pour que tout l'ensemble comprenne aussi des choses. Car c'est important , a-t-il dit.

Bidi Ignace

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