vendredi 22 août 2008 par Le Repère

L'on se souvient que recevant des populations venues lui réciter des odes au palais présidentiel un de ces jours ordinaires, Laurent Gbagbo leur répondant, a lancé une pique à l'adversaire qui lui donne le plus de tournis sur la scène politique en ces termes : "Quand il y a eu la grève générale en 1990, Houphouët n'a pas fui". En réalité, l'image du président Bédié qu'il veut imprimer dans la tête de ses suiveurs est qu'il est un froussard, un fuyard, un peureux. Contrairement à lui qui est un woody, un courageux, qui affronte avec bravoure les dangers, d'où qu'ils viennent.
La plus belle réponse, s'il en est encore, que lui donnera le président Bédié sera sa visite de l'autre côté du rideau de fer pendant une semaine. On aurait pu s'en tenir à certains faits passés et pertinents pour jauger le courage de Gbagbo. Notamment son refuge dans le coffre d'une voiture dans le sous-sol d'un immeuble au Plateau, malgré sa robustesse, lors de la marche sauvage qu'il a initiée en 1992 et son exil en France pour échapper à Houphouët dans les années 1980 alors qu'il menait des actions subversives. Mais il faut revenir aux faits actuels pour qu'on sache qui de Bédié et de l'autre, dans le contexte actuel, fait montre d'un stoïcisme déroutant.
Comme Laurent, Henri ira dans la région de la Vallée du Bandama pour une semaine. Sur le terrain, aucune trace d'arsenal militaire ou de soldats armés jusqu'aux dents pour le protéger malgré la situation qu'on connait actuellement. Il n'ira pas avec des bataillons entiers des FANCI parce qu'il n'a rien à se reprocher. Il n'ira pas en hélicoptère bien qu'il en ait la possibilité, il ira par la route. Il passera 7 jours dans différentes localités ex-assiégées. Il y dormira effectivement. Il animera des meetings publics devant des militants non convoyés d'Abidjan par des bus
De l'autre côté, lorsqu'on doit y aller pour seulement une demi journée, on mobilise des milliers de soldats de toutes tendances ( FDS, FAFN, Forces impartiales, milices), on sort la grande artillerie dont on n'a même pas eu recours pendant la guerre, on y va en avion , on camoufle un gilet pare-balles dans le costume, on mobilise toute la république pour ne pas courir seul le risque, on ne sait jamais. Et même quand on prévoit y passer la nuit, on se fait exfiltrer en clando pour dormir à Yakro et revenir au petit matin, c'est encore plus sûr !
Bédié ira à Bouaké tout simplement, sans même des relais comme la télévision et la radio nationales (?). Il ira sans tambour ni trompette. Il fera mieux en terme de mobilisation au stade de Bouaké que ce qu'on a vu lors du 1er anniversaire de la flamme de la paix. Lui le peureux ira au " front " dans cette partie de la Côte-d'Ivoire sans armée mais avec son c?ur et sa bouche pour apporter un message fort de paix, un signe d'amour et un brin d'humanisme à nos frères qui y vivent, ceux des nôtres qu'on a privés d'eau et d'électricité pendant deux semaines, qu'on a accusés d'être de collusion avec les rebelles parce qu'ils n'avaient pas d'autres choix que de rester dans ces zones malgré eux, qui ont essuyé les rafales et les bombes des avions de guerre de Gbagbo !
Marckh Mankou

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