vendredi 22 août 2008 par Le Repère

Franck Coulibaly, consultant en communication, rappelle dans sa lettre ouverte au Chef de l`Etat ivoirien, des faits "non moins incriminants".

Votre excellence voudra bien me pardonner de distraire un peu de son précieux temps, par ces moments de remous sociaux, qui n`en finissent pas. Je comprends aisément que vous en ayez le plus grand besoin pour répondre aux sollicitations de vos compatriotes. Mais il y a urgence, parce que depuis que la fronde sociale est montée d`un cran, la sérénité vous a quitté, exposant ainsi le gouvernement et les opposants à votre colère.
En recevant les transporteurs, le 14 juillet dernier, vous aviez la ferme intention de réduire les appréhensions et les incompréhensions relatives à la hausse du prix du carburant. Mais dans le plus grand mépris de la parole donnée, ceux-ci se sont payés votre tête, en refusant de reprendre le travail, après les promesses qu`ils vous ont faites. De deux choses l`une, soit vos interlocuteurs ne pesaient guère dans leur corporation, soit ils se sont prêtés à une vulgaire opération de briseurs de grèves, qui comme on le sait, n`est jamais assez loin d`une arnaque, généralement au profit des entremetteurs.
Dans tous les cas, vous avez été trompé et induit en erreur. Votre colère est donc légitime, parce qu`elle est celle d`un homme qui est apparu étrangement seul devant la fronde. Elle est celle d`un homme guetté par des vautours de tout acabit, prêts à lui faire les poches. Elle est enfin celle d`un homme blessé dans son amour propre.
Comment est-ce possible que vous, si aimé de votre peuple, ayez pu essuyer pareil affront? Comment est-ce possible que vous qui avez tenu tête à Kofi Annan, à Jacques Chirac, à Obasanjo, à Sassou N`Guesso, à Wade, vous qui avez bravé des résolutions des Nations Unies ayez pu vous faire rouler ainsi dans la farine?
Des demis lettrés qui peinent encore à écrire leurs noms ne peuvent tout de même pas être les concepteurs de cette déculottée, à vous infligée.
Elle ne peut être que l`?uvre de ces indécrottables adversaires, jaloux de votre pouvoir, alors qu`ils ont déjà gouverné pendant 40 ans. Ces ``has been`` qui poussent l`indécence à déplacer plus de foules que vous, jusque même dans le ``gbagboland`` . Il n`y a qu`eux qui ont pu fomenter et réaliser cette infâmante prouesse, cette autre rébellion, pour emprunter le mot à Pascal Affi N`guessan. Certains amis à vous- parmi les plus dévoués- ont annoncé avoir vu des syndicats avec des millions provenant de certains leaders politiques. D`autres ont cru reconnaître les procès verbaux des réunions portant probablement en objet : Renversement de Laurent Gbagbo. Il ne pouvait s`agir que de ces deux ``têtes à claques``, Ouattara et Bédié. Pure banalité d`une trivialité tellement déconcertante, qu`on ne peut y souscrire, sans avoir préalablement mis la raison en congé. Et pour cause

Un discours
anachronique
Sortant d`une entrevue avec le Général Guéï, juste avant que celui-ci ne s`auto- proclame vainqueur des élections d`octobre 2000, Laurent Dona Fologo a eu ce mot anecdotique. " En Côte d`Ivoire, il n`y a pas de solidarité entre les partis politiques. On a vu des gens applaudir le coup d`Etat". Devant les troubles qui se profilaient à l`horizon, et confiant en ce que Robert Guéï vous écraserait, il exprimait une rancune qui le torturait. C`est sans doute, à votre soutien au coup d`Etat qu`il faisait allusion ce jour-là. " Le processus démocratique était bloqué. Pensez un peu à ce qui s`est passé au Portugal, en 1974, c`est ce qu`on a appelé dans l`histoire la révolution des ?illets. Nous vivons, je crois, quelque chose de similaire. Nous luttons, nous les civils, et nous sommes en tous cas très contents que les militaires viennent donner un coup de pouce, assez décisif je l`espère, à notre lutte ()." , avez-vous déclaré. Quelques années plus tard, Zoin Honoré s`est ouvert à la presse en soutenant mordicus que vous avez participé au coup d`Etat de 1999. Jamais, vous n`avez intenté d`actions en justice contre lui, pas plus que vous n`avez songé à contredire ses propos, qui sont sans appel " () Nous étions partis pour manifester contre notre ministre de la Défense dans les rues. Et le Président Gbagbo nous a envoyé notamment Lida Kouassi, Boga Doudou, Odette Sauyet et Freedom Neruda dans la rue pour nous dire que la Côte d`Ivoire souffre depuis 40 ans avec le PDCI et que c`était une occasion rêvée. Et que notre manifestation ne devrait pas être une simple manifestation de réclamation de primes et qu`on devrait faire en sorte qu`elle soit un coup d`Etat. C`est donc sur leurs conseils que tout s`est concrétisé. Donc, le Président Gbagbo a participé à ce coup d`Etat. Et lorsque ses envoyés échangeaient avec nous, ils étaient constamment en contact avec lui. Après, ils sont venus nous rejoindre au camp Galliéni, sur la route conduisant à Akouédo, à la station d`essence où on se servait. Et à plusieurs reprises à Akouédo. Quand le coup d`Etat a eu lieu, on est allé accueillir M. Gbagbo en fanfare à Yamoussoukro. Pensant qu`il venait travailler avec nous puisque c`est sur ses conseils que ça s`est passé. Finalement, il a décidé de ne pas travailler avec nous. Donc il a donné quatre ministres. En plus, ceux qui étaient venus nous dire de concrétiser le coup d`Etat ont été nommés. Lida Kouassi a été nommé conseiller spécial du président Guéi, Odette Sauyet a été nommé directrice centrale de la télévision et Boga Doudou a été celui qui a introduit les articles litigieux dans la Constitution actuelle. Donc, ils ont joué des rôles importants pendant la transition " .
Comment ne pas convenir après ces deux témoignages qu`en Côte d`Ivoire, les soutiens des partis politiques aux différents mouvements, mêmes quand ils concourent à la déstabilisation du régime, ne datent pas d`aujourd`hui. Qui ne se souvient du SYNARES de Marcel Etté, qui avait emprunté le manteau de l`opposition, pour s`ériger en véritable contre-pouvoir sous Houphouët-Boigny? Qui ne se souvient de ces manifestations des années 1990 au cours desquelles, les responsables de l`opposition tenaient la main aux leaders syndicaux ? Dans une de vos autobiographies, vous avez donné à la postérité, le témoignage suivant, des événements du 18 février 1992. " J`étais sur la même ligne que Degny Ségui, Président de la Lidho et notre doyen Etté Marcel. J`ai dit à mes gardes du corps : `` prenez le doyen et emmenez-le rapidement. Pour le reste, Dieu pourvoira``" . La LIDHO et le SYNARES étaient donc à vos côtés ce jour-là. Votre épouse Simone Gbagbo, première S.G du FPI du temps de la clandestinité, a également présidé aux destinées du SYNARES pendant des années. Pouvez-vous vraiment garantir qu`à aucun moment ces deux entités n`aient eu à coaliser contre le régime PDCI-RDA? Que dire de Laurent Akoun, Secrétaire Général du SYNESCI, dans les années 80, qui a organisé la fronde des enseignants contre " le vieux " . Il se retrouve aujourd`hui parmi les instances dirigeantes du FPI. Que dire également de Koudou Késsié, le successeur de Marcel Etté au SYNARES, qui fut un temps, titulaire du précieux poste d`Ambassadeur de Côte d`Ivoire en France? Vous pourriez peut-être mieux éclairer les Ivoiriens sur les mobiles de votre rencontre avec Martial Ahipeaud, Djué Eugène, Guillaume Soro, Blé Goudé et bien d`autres responsables de la Fesci. Quand vous en aurez fini, vous comprendrez pourquoi la condamnation des partis politiques qui soutiennent les mouvements sociaux est anachronique et vaine. Elle sonne faux et s`apparente à une querelle de chiffonnier que vous faites à vos adversaires.

La résultante
des mauvais choix
Vous avez également décoché des pics contre certains ministres qui n`auraient pas joué de solidarité avec le gouvernement. Vous leur avez reproché publiquement d`avoir échoué là où vous-même avez échoué.
Comment pouvez-vous critiquer le Gouvernement, sans vous autoriser auparavant, à critiquer celui qui en est le chef. A la vérité, il n`existe pas de mauvais collaborateurs, mais il n`y a que de mauvais chefs, incapables de mettre leurs collaborateurs au travail. Si cette thèse fait scandale, ce n`est pas tant parce qu`on lui reproche d`être fausse, mais tout au contraire, parce qu`on la suppose d`être assez vraie pour légitimer une suspicion d`incompétence que l`on pourrait étendre au Premier Ministre Guillaume Soro, mais aussi et surtout à vous-même, Monsieur le Président de la République. Simple question de déduction logique qui vous rend responsables de vos choix, comme le soutient le chanteur zouglou à travers la chansonnette " Si tu as choisi voleur, nous, on va t`appeler voleur" .
Sur la question, je ne désespère pas cependant de vous voir admettre un jour que les chefs répondent des actes de leurs collaborateurs. D`ailleurs, vous êtes déjà sur la voie. N`est-ce pas que vous vous êtes réjoui récemment d`avoir réparé certaines injustices, en nommant des cadres compétents à la tête de l`armée? Cela est tout à votre honneur, mais j`aurais eu l`honneur et le privilège d`être à votre place, que j`aurais été moins loquace sur la question, parce que certains de vos choix ne vous ont pas réussi. Il est surprenant en effet que tous vos choix dans la filière du café-cacao se retrouvent aujourd`hui à la MACA. Ce n`est peut-être le fait du hasard que des gens d`horizons divers se retrouvent dans les geôles, pour la même cause. Tapé Doh, Angeline Kili, Henri Amouzou, Jean Claude Bayou, Placide Zoungrana, ils ont tous en commun d`avoir été choisis par vos soins, et de partager l`idéal de la refondation. Devrait-on en conclure que le chef a été mal avisé, ou que le FPI n`a que des cadres véreux? Les mauvaises langues, probablement encore, celles de Bédié et de Ouattara pourraient dire que le Chef a sciemment nommé des personnes douteuses à la tête de la filière pour des raisons évidentes. Je me souviens en effet de cette virulente diatribe que vous avez lancée contre Venance Konan. Il avait eu la maladresse de dénoncer la nomination de Tapé Doh à la tête de la Bourse du Café et du Cacao comme étant une renonciation de la Côte d`Ivoire à elle-même.
Curieux tout cela. Plus curieux encore, les enfants de Bédié, que vous rendez responsables de la hausse des prix des denrées de première nécessité. Il y a dans cette man?uvre comme une méprise, que j`aurais qualifié autrement, si vous n`étiez pas notre chef à tous. Je peux cependant faire remarquer que ce discours ressemble étrangement à celui du Général Robert Guéï, qui au lendemain du coup d`Etat, avait laissé croire que le riz coûtait moins cher à Daoukro, parce qu`il était vendu par la famille Bédié. Serait-ce vous qui le lui aurait soufflé?
Neuf ans après son départ, Bédié serait la cause de la hausse des prix du carburant. Il faut pouvoir choisir, parce que les causes que vous avancez varient selon les cas. On nous avait parlé d`une conjoncture mondiale, on nous parle aujourd`hui d`une affaire de Bédié et des Ministres du RHDP. Il faut vraiment choisir.
Entre nous, quel mal y a-t-il à importer du riz en Côte d`Ivoire? En voilà au moins qui ne vivent pas de mobilisation de foules fanatisées, pas plus qu`ils n`ont vécu sur le budget de souveraineté de leur président de père. Ils ont travaillé. Parlant de riz, il me revient en mémoire que les refondateurs avaient vendu 40.000 tonnes de riz et de sucre indiens destinés à une distribution gratuite aux populations sinistrées, du fait de la guerre. L`Inde en avait fait don à notre pays pour le soutenir dans l`effort de paix. Ces sacs de riz et de sucre se sont retrouvés par la suite sur le marché à Abidjan.
Le nom d`un de vos proches, Alphonse Douaty notamment avait été mêlé à ce scandale. Comme quoi, il y a des exemples plutôt fâcheux?
Comparaison n`est pas raison certes, mais cet épisode a le mérite de soulever une question fondamentale. Si les refondateurs traitent ainsi, le bois vert (riz gratuit), comment traiteraient-ils le bois sec (le riz destiné à la vente)? S`ils vendent ce qui est gratuit, a combien vendraient-ils ce qui doit être vendu? Certainement que la réponse à cette question ouvrirait une piste à la problématique de la hausse des prix des denrées de première nécessité.

Pétrole : Révélations incriminantes de Mme Gbagbo
Au lieu de cela, Vous rendez vos devanciers responsables de la hausse du coût du carburant en Côte d`Ivoire. Ils auraient manqué de clairvoyance et de sagesse. Seriez-vous en train de dire que nous avons eu tort de défier les balles assassines de Boka Yapi pour vous mettre au perchoir ? Tenteriez-vous de nous dire que vous ne vous sentez plus la force de nous diriger? J`incline plutôt à croire que votre langue a fourché. Cela arrive, même aux grands comme vous. C`est un fait que la loi portant code pétrolier a été prise en 1996. Si neuf (9) années après Bédié, vous n`avez pas jugé bon de la changer, c`est que vous y trouvez votre compte. N`est-ce pas que vous êtes venu apporter le changement? N`est-ce pas que vous êtes venu pour refonder, c`est-à-dire changer les fondations de la Côte d`Ivoire? Vous avez pourtant changé le budget de souveraineté. Pourquoi n`avez-vous pas changé le code pétrolier? Si vous avez pu réparer l`injustice des salaires à double vitesse des enseignants, changer le statut des policiers, les passeports et les permis de conduire, qu`est-ce qui a bien pu vous empêcher de changer le code pétrolier? Cette question m`aurait affreusement tourmenté si la première dame, Simone Ehivet Gbagbo n`avait consigné la réponse dans ses ``paroles d`honneur``. Je lui suis donc reconnaissant d`y avoir répondu. " Au-delà de l`agriculture, il faut ouvrir de nouveaux chantiers, diversifier non plus seulement l`agriculture, mais également les autres secteurs économiques. Créer d`autres piliers du développement. L`option du secteur minier se présente avec force et espoir. Laurent Gbagbo et toute la Côte d`Ivoire la saisissent vigoureusement avec assurance : pétrole, manganèse, fer. Etc. De quoi créer de nouveaux emplois, de quoi générer de nouvelles richesses, un grand bond en avant" , soutient-elle. Vous n`avez pas changé le code pétrolier, parce que selon votre épouse, l`existant était à même de créer des emplois et de nouvelles richesses. C`est pourtant cet existant que vous remettez en cause aujourd`hui. Une trentaine de blocs pétroliers ont été découverts et confiés à des multinationales. Il s`agit des blocs CI 100, CI 110 et CI 111 accordés à la société Yam`s Petroleum de Pierre Fakhoury, des blocs CI 102 et CI 103 accordés à Tullow, associé du groupe canadien Canada Natural Ressources (CNR). Il y a également le bloc CI 24, qui est la propriété de l`italien Edison Gas, quand les blocs CI 12 et CI 104 appartiennent au Sud-africain Energetic. Il y a enfin le groupe Vanco, qui est actif sur les champs CI 112 en eaux profondes, à la frontière du Liberia, et CI 101 et CI 401 à la frontière du Ghana, Il a également les permis on shore CI 301 de Jacqueville et CI 303 d`Adiaké. On sait par exemple que Vanco avait remis le 27 octobre 2007, au Ministre des Mines et Energie, Léon Emmanuel Monnet, un chèque de 30 millions de dollars, (environ 15 milliards de francs CFA) représentant, seulement le bonus de la signature du contrat de forage pétrole signé le 29 septembre 2007 entre l`Etat de Côte d`Ivoire et la société Vanco. Le 11 décembre 2007, le même Léon Emmanuel Monnet et son homologue de l`économie et des finances ont signé un contrat de partage de production de pétrole sur le bloc 102, avec les sociétés Edison Tullow et Kufpec et leur partenaire Petroci Holging. L`occasion était belle pour le Ministre qui a déclaré que " Nous célébrons non seulement la coopération entre la Côte d`Ivoire et ses partenaires internationaux, mais aussi et surtout, nous enregistrons les résultats des campagnes de promotion du bassin sédimentaire ivoirien, lancées par le Gouvernement depuis l`an 2000 " . Que ceux qui ont des oreilles pour entendre, entendent. L`an 2000, c`est bien l`année de votre arrivée au pouvoir. Autant dire que ce n`est pas Bédié qui a initié la promotion du bassin sédimentaire, pas plus qu`il n`a réceptionné de chèques générés par ces nombreux accords. Qu`est-il advenu de l`argent de ces blocs pétroliers? C`est la question qui vous fâche, probablement à cause de cette méchante rumeur -jusque-là jamais démentie- qui prétend que le blé a été moissonné en herbe, c`est-à-dire qu`une certaine avance aurait été prélevée sur l`argent des blocs. Souffrez que je n`en dise pas plus, parce que je ne faisais que vous remonter un bruit qui circule beaucoup dans le bas-peuple. Quoiqu`il en soit, s`interroger est chose tout à fait légitime, et ce n`est nullement se prétendre neuf, que de le faire. C`est qu`il y a comme une cacophonie entretenue sur les recettes pétrolières du pays. La République parle de quelques centaines de milliards de francs CFA, là où les bailleurs de fonds avancent un chiffre de près de 1500 milliards de francs CFA. Pourquoi tout ce tumulte, alors que comme vous nous l`avez enseigné "l`argent n`aime pas le bruit " ? Peut-être qu`un jour, vous mesurerez la pertinence de cette préoccupation, et que le Procureur de la République interviendra dans le pétrole, comme il le fait actuellement pour le ``café-cacao``. Vous vous rendrez compte, et les Ivoiriens avec vous, que les mis en cause seront, une fois de plus les refondateurs, et non ceux qui ont adopté le code pétrolier en 1996. Le peuple, nostalgique des résultats des adversaires de Gbagbo
En attendant, parcourez les campagnes, les villages et les villes comme vous le faisiez à l`époque, quand vous preniez le vrai pouls du peuple. Vous vous entendrez dire que les réfondateurs ont déçu, qu`ils ont trahi les Ivoiriens. Vous comprendrez que le peuple est nostalgique des résultats de vos devanciers, qui ont formé nos enfants, hissé le pays au rang des nations respectées de la planète. Cela est d`autant plus vrai que votre subconscient lui-même s`en fait l`écho. Il est en effet loisible de deviner que chaque fois que vous lancez à la face du monde " La Côte d`Ivoire is back ", ou que " La Côte d`Ivoire, c`est 40% du PIB de l`UEMOA ", c`est bien à cette Côte d`Ivoire du PDCI, avec les enfants de Bédié importateurs de riz, que vous faites allusion. C`est cette Côte d`Ivoire là, celle qui, sans recettes pétrolières a construit les routes que vous ne pouvez entretenir malgré le pétrole, et construit les hôpitaux que vous ne pouvez équiper. Il s`agit de cette Côte d`Ivoire d`Houphouët-Boigny qui donnait des bourses même aux plus démunis, contrairement à la vôtre qui vend des diplômes au marchéVous aux origines si modestes, selon vous, que seriez-vous devenus, si Houphouët-Boigny avait vendu les diplômes comme le font les réfondateurs aujourd`hui? Acceptez donc de prendre le bébé avec l`eau du bain, alors seulement vous comprendrez que l`Administration est une continuité et que si les mouvements sociaux se radicalisent de plus en plus, c`est qu`il y a certainement un maillon de la chaîne qui s`est rompu. Peut-être s`agit-il d`une crise de confiance entre le peuple et vous, qui est telle que même quand vous aurez fini de fouiller dans les casseroles de Bédié et de Ouattara, les problèmes des Ivoiriens vous attendront toujours au coin de la rue. C`est pour cela, que plus que tout, ce sont vos casseroles à vous qui nous intéressent.
Commencez par régler nos problèmes, vous verrez que les Ivoiriens n`auront plus d`yeux pour Bédié et Ouattara, et les rangeront aux oubliettes.
Mais à vouloir leur régler les comptes, vous les rappelerez toujours à leur bon souvenir, parce que vous n`avez guère fait mieux qu`eux.
En accusant l`opposition et plus particulièrement Henri Konan Bédié de soutenir les grévistes, vous proposez en réalité, une autre lecture de la fronde sociale. Seul devant l`adversité, avec votre autorité effleurée, vous avez décidé de re-actionner ce que vous avez de plus précieux et de plus redoutable : " Les jeunes patriotes ". Passés aux oubliettes depuis la signature de Ouaga, les patriotes ont gardé un arrière goût amer de la place qui leur a été réservée après cet accord politique. Pour conjurer le mauvais sort qui pourrait vous être préjudiciable à la présidentielle, vous avez décidé de les remettre au travail.
Charles Blé Goudé est déjà dans la place, pour justifier ses prébendes.
En vérité, vous ne vous pardonnez pas, vous le propriétaire de la rue, d`avoir été surpris sur votre terrain de prédilection (?) Plus qu`aux urnes, les ivoiriens savent que c`est à la rue que vous confierez l`arbitrage des élections. C`est pourquoi, l`idée de la perdre vous donne des frayeurs que vous faites supporter à vos opposants. Vous le ferez certainement parce que vous n`avez pas appris comme Luc Ferry que " Rien dans le monde n`est éternel, le seul élément éternel, c`est l`impermanence elle-même, le caractère fluctuant et périssable de toute chose. Celui qui est assez fou pour l`ignorer s`expose aux pires souffrances " .
Merci d`avoir daigné lire un pauvre ivoirien qui ne partage pas comme vous, l`option de la fuite en avant et de la dérobade.
Franck Coulibaly
Consultant en Communication.
frankyt@gmail.com
NB : Les titres et intertitres sont de la rédaction

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