mardi 25 novembre 2008 par Le Nouveau Réveil

M. Brizoua, vous êtes le délégué PDCI-RDA de Washington DC. Comment se porte le PDCI dans votre délégation ?

Le PDCI-RDA, on le dit, est le plus vieux parti, c'est le parti le plus implanté. Non seulement il est le parti le plus implanté en Côte d'Ivoire mais aussi le parti le mieux implanté aux Etats-Unis. Je suis le délégué de Washington l'une des plus vieilles délégations qui est la capitale des Etats-Unis. Mais figurez-vous, nous avons installé avec l'accord du Secrétariat général des délégations dans tous les Etats que comptent les USA. Et vous savez comment ce pays est vaste, c'est pratiquement un continent. Et dans presque tous les 54 Etats des Etats-Unis, le PDCI est représenté. Nous avons un délégué en Californie, à Chicago, à New-York, en Georgia, à Atlanta Nous continuons toujours à installer des délégations. Vous ne verrez aucun parti aux Etats-Unis qui a autant de délégués que le PDCI en a aujourd'hui. Donc c'est un travail gigantesque que nous sommes en train d'abattre, " un travail à la Obama ".


Nous sommes à la veille des élections, il y a l'identification, l'enrôlement, comment animez-vous les militants de votre délégation ?

Il faut dire que nous sommes en contact permanent avec nos militants. D'une manière sporadique, nous convoquons les militants dans des grandes salles. Après le passage de la CEI aux Etats-Unis, il était important que nous informions nos militants. Nous avons tenu des séances de travail pour les informer sur les dispositions à prendre. Chez nous, il y a la confusion. Il y a des militants qui vont avec leur passeport, d'autres n'ont pas leur acte de naissance. Quand la CEI est passée, elle nous a expliqué qu'il fallait un jugement supplétif ou un acte de naissance pour pouvoir s'inscrire. Nous sommes en démocratie, vous pouvez faire de beaux discours, vous pouvez faire de grandes démonstrations mais si vous n'êtes pas enregistré, vous n'êtes rien. Parce qu'en démocratie, une voix est une voix et cette voix-là doit compter. Vous allez beau être un grand militant, si vous n'êtes pas enregistré et que vous ne pouvez pas exprimer votre droit de vote, c'est comme, vous n'avez rien fait. Donc nous insistons là-dessus et nous continuons d'insister. Nous avons des spots qui passent sur Abidjantv.net, nous avons créé des sites Web. Tout cela pour sensibiliser nos militants. Et comme je le dis souvent, il ne faut pas attendre la saison des pluies pour labourer son champ. Depuis belle lurette, nous continuons à travailler. Ce qui nous handicape un peu c'est les rejets. Un pays comme les Etats-Unis respecte la date de ses élections. Lorsqu'elle est fixée, elle est respectée. Or chez nous, on va de rejet en rejet. Cela ne nous décourage pas. Nous continuons toujours à travailler avec nos militants.


La question du rejet des élections est une véritable préoccupation, la dernière réunion du CPC a demandé le rejet encore une fois de la date des élections. Comment vivez-vous ce stress-là au niveau des Etats-Unis ?

Pour nous, c'est incompréhensible. Mais le vrai problème, c'est la souffrance des Ivoiriens. Les jeunes qui attendent cette élection. D'ailleurs, le monde entier attend aussi cette élection. Regardez par exemple l'élection d'Obama. C'est un nouveau vent qui vient de souffler dans le monde. Les Etats-Unis ont démontré que la démocratie marche. Mais en Côte d'Ivoire, qu'est-ce que nous constatons ? Depuis le coup d'Etat de 1999, on va de rejet en rejet. La jeunesse souffre, les familles souffrent, la société souffre. Quand vous arrivez à Abidjan, vous avez l'impression que la ville est abandonnée. La ville n'est pas nettoyée, il y a des fléaux de tous genres. Alors que nous attendons des élections. Nous souhaitons tous des élections justes, équitables et transparentes. Mais pour y arriver, il faut que la population se fasse identifier. Des gens font tout pour retarder les échéances. Chez nous en pays Gouro, on dit : " Un enfant peut mal se coucher, il peut tomber du lit ou il peut quitter la natte et se retrouver à même le sol, mais le mur est sa limite. Il ne peut pas traverser cette limite-là. Si les politiciens actuels continuent à jouer avec la vie, l'avenir de la jeunesse, un jour, le peuple se soulèvera comme un seul homme, et il n'aura pas besoin d'arme. Vous voyez la révolution qui s'est abattue sur les Etats-Unis, on n'a pas eu besoin d'arme. C'est les jeunes qui se sont réveillés et ont voulu le changement, et le changement a eu lieu. Il y a une phrase aux Etats-Unis qui dit : " Yes we can " ! C'est-à-dire " Oui, nous le pouvons " ! Vous êtes journaliste et vous vous souvenez de cette phrase. Le Président Bédié l'avait déjà prononcée ici en 1995. Oui, nous le pouvons ! Aujourd'hui, tout le monde connaît cette célèbre phrase parce que c'est le Président d'un grand pays qui l'a prononcée. Mais pour nous, Ivoiriens, qui sommes PDCI, qui avons foi en ce parti-là, nous pouvons dire : oui, nous le pouvons. Si les Ivoiriens veulent des élections, c'est le peuple qui a droit à la dernière parole. Les autres viendront avec leurs armes, leurs millions, avec leurs milliards, avec tout ce qu'ils veulent, le peuple doit pouvoir exiger des élections ; le peuple doit pouvoir s'exprimer librement. Ce que nous attendons, c'est les élections. Qu'est-ce que les Institutions nous demandent ? Elles exigent des élections. Après les Etats-Unis, c'est la Côte d'Ivoire qu'on regarde. Nous ne pouvons pas continuer ainsi.


" Yes we can ! " C'est le Président Bédié qui a été le premier à lancer cette phrase. Depuis quelque temps, il entreprend des tournées populaires, on sent le peuple se mobiliser à chaque passage. Dans des régions où on pensait que le PDCI était en perte de vitesse, il y a réveillé des foules. En tant que militant, comment vivez-vous cela. Croyez-vous au retour au pouvoir du Président Bédié ?

Effectivement, nous croyons aux chances du Président Bédié. Il a proposé les douze chantiers de l'Eléphant d'Afrique, nous le ferons. Il a dit que la Côte d'Ivoire va s'industrialiser en une seule génération. Et la question est la suivante : Est-ce que nous le pouvons ? Oui, nous le pouvons. C'est pour cela que nous devons croiser KKB pour lancer ce message. C'est la jeunesse qui doit prendre la relève et véhiculer ce message du Président Bédié. On peut encore reprendre le miracle ivoirien, on peut encore amener un Etat de droit en Côte d'Ivoire, on peut amener la sécurité en Côte d'Ivoire, rendre crédible notre système éducatif. On ne peut pas laisser la Côte d'Ivoire à ces incapables. Et cela, nous le pouvons. C'est la jeunesse qui doit véhiculer ce message-là, partout. Le Président Bédié n'a plus rien à gagner. S'il revient, c'est dans l'intérêt de la jeunesse. Les jeunes doivent donc comprendre cela.


Le Président de la République disait récemment à propos des élections que s'il n'y a pas d'élection le 30 novembre, ça fait quoi ? Quel est votre commentaire sur cette réaction du chef de l'Etat ?
Vous savez, l'éléphant en marchant dans la forêt, ferme parfois les yeux. Et il suffit de l'attaque d'une petite fourmi et il s'écroule. Nous sommes en démocratie. Et Laurent Gbagbo qui se targue d'être le père de la démocratie ne peut pas tenir un tel langage. La Constitution dit qu'il faut organiser des élections tous les 5 ans et la Côte d'Ivoire l'a toujours fait. Un président ne peut pas dire cela, nous sommes en démocratie. A force de tirer sur la corde, elle risque de se casser un jour. Aller de rejet en rejet n'est pas la solution. Le monde entier nous regarde. La communauté internationale dépense des milliards et la Côte d'Ivoire gaspille ces milliards. Il faut aller aux élections. Gbagbo a parlé d'alternance, il a essayé pendant 8 ans, ça ne marche pas. Il faut donc un changement. L'exemple des Etats-Unis doit nous servir. Un parti ne peut pas rester au pouvoir sans organiser des élections. Ils sont au pouvoir, parce qu'ils disposent de capitaux colossaux, ils veulent appauvrir les autres partis et se maintenir au pouvoir. La tournée du Président Bédié draine des foules, le peuple ivoirien dans son grand silence souffre et attend les élections. La jeunesse souffre et elle a envie de s'exprimer. Des jeunes qui ont la maîtrise gèrent des cabines téléphoniques. Cela ne peut pas durer. Un pays sans Etat de droit, cela ne peut durer longtemps. Dans un pays où des avocats se plaignent, il faut faire attention. Qui va défendre le droit des investisseurs en Côte d'Ivoire ? Si les avocats n'ont pas confiance en notre système judiciaire, c'est grave.

Aux Etats-Unis, il y a trois pouvoirs : le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire. Ils sont tous indépendants. Un président se lève et dit : s'il n'y a pas d'élection ça fait quoi ? Ce n'est pas à lui de le dire. Si cela n'est pas la dictature, c'est tout comme. Si vous ne connaissez pas le lapin, vous pouvez le reconnaître par ses oreilles. Ça c'est la dictature.

Que vous procure l'élection de Barak Obama en tant que noir Africain résidant aux Etats-Unis ?
Ce qui est intéressant dans l'élection de Barak Obama, c'est que tout le monde se retrouve en lui. Le père de Barak Obama est un Africain. Et non des moindres. Déjà en 1960, il était à l'université Haward, l'une des plus grandes universités des Etats Unis. Moi, en tant qu'Africain, je me retrouve en son père. Sa mère était Blanche, ceux qui sont Blancs se retrouvent en elle. Et c'est ce qui fait la beauté d'Obama. Tout le monde se retrouve en lui. C'est les prédictions de Martin Luther King. Le dernier discours de Martin Luther King était comme une prophétie. Il disait qu'il est arrivé au sommet de la montage, et regardant dans la vallée, il a vu ce changement. Il a dit qu'il ne sera certainement pas avec nous. Et que lui, il s'en fout de sa vie parce qu'étant au sommet de la montagne. Dans la même nuit, il a été assassiné. Et c'est cette prédiction qui fait couler les larmes. Comme par hasard, j'étais devant la Maison Blanche à l'heure où on donnait les derniers résultats. J'ai vu la foule de jeunes courir vers la Maison Blanche. Et je vous dis, j'ai vu des Blancs pleurer de joie, tout le monde était content. Les Etats-Unis ont montré qu'ils étaient capables de dépassement. La Côte d'Ivoire est un pays flambeau. Je demande aux jeunes de se réveiller pour démontrer que la démocratie peut marcher aussi chez nous. Le PDCI est le parti qui a construit ce pays. Même si on nous ferme les médias d'Etat, le PDCI doit se réveiller. En Côte d'Ivoire, les policiers frappent les gens. Ici, c'est des policiers qui ont pris mon appareil pour me prendre des photos. Même des policiers dansaient, des Blancs criaient de joie. C'est un moment historique, c'est un mouvement qui a commencé aux Etats-Unis et ce mouvement doit être poursuivi.

Interview réalisée par Akwaba Saint Clair
Col : Jean Prisca

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