mardi 25 novembre 2008 par Le Nouveau Réveil

Il est un miraculé. En pleine crise armée, il a été arrêté à son domicile à Fronan (département de Katiola) où il est chef de canton et maire, puis conduit à un endroit par des rebelles dont l'intention était très claire. Le tuer. Par un miraculeux concours de circonstances, il a eu la vie sauve. Cela ne l'a pas empêché de demeurer dans sa commune. A Abidjan pour des soins, nous avons rencontré Basile Coulibaly Tiémoko à son domicile du Plateau. Le seul maire PDCI sur l'axe Bouaké-Tengrela parle à c?ur ouvert. Pour la première fois depuis plus de six ans.
Monsieur le maire, quel bilan faites-vous de la gestion de votre commune ?
Avant de répondre à votre question, je voudrais d'abord dire que je suis né dans le PDCI, j'ai vu mes parents dans le PDCI et je suis dans le PDCI. Je précise que mis à part Djébonoua, depuis ce qu'on a appelé le rideau de fer, je suis le seul maire PDCI sur l'axe qui part de la ligne de front jusqu'à Tengrela. Je puis affirmer, si je ne m'abuse que je suis le seul élu PDCI qui est resté dans sa circonscription en zone assiégée tout le temps qu'a duré cette crise. Je suis resté chez moi parce que j'estime qu'un chef de guerre n'abandonne pas ses troupes. En tant que chef de canton de Fronan et maire, je ne pouvais pas abandonner mes parents. Jusqu'à présent, je suis avec mes parents. Voici mon bilan. Cependant, je suis un peu frustré puisque depuis tout ce temps pendant la guerre, je n'ai reçu aucune visite d'un émissaire du parti pour s'enquérir des nouvelles du seul maire PDCI resté en zone assiégée que je suis. C'est maintenant que des responsables y vont pour faire des manifestations mais personne n'a demandé après moi de 2002 à 2008. J'ai été pris par les rebelles. Moi en tant que maire et chef de canton, j'ai été jeté dans une voiture bâchée, devant ma population et mes ravisseurs m'emmenaient pour m'abattre. Là encore, je n'ai reçu aucun appel des cadres de chez moi. Je me suis débrouillé pour me tirer des griffes de ceux qui m'ont pris pour me tuer. Vous avez dû entendre des rumeurs, relayées sur des antennes, selon lesquelles, le maire de Fronan a été abattu. Toujours aucun appel des cadres de Fronan. Cela m'a fait beaucoup de peines. Nos cadres pensent qu'il suffit de donner de l'argent lors des manifestations pour entretenir la flamme militante chez nos populations. C'est à moitié vrai mais cela n'est pas l'essentiel. Il faut des gens, qui sont avec les populations, qui partagent leurs douleurs pendant les funérailles, vivent leurs problèmes avec elles, restent en contact direct avec elles.

Aujourd'hui, six ans après le déclenchement de la crise, quel est l'état de santé du PDCI dans votre localité ?
Je peux dire que le PDCI se porte mieux aujourd'hui dans le département de Katiola. La maladie est entre les cadres. Il faut que les cadres s'entendent mieux. Nous avons un nouveau délégué départemental, qui va essayer de mettre de l'ordre comme il peut.

Etes-vous en train d'insinuer que le spectre de mars 2001 lors de l'élection municipale qui a vu s'affronter deux candidats issus du PDCI (ce qui a occasionné la victoire du RDR), est encore présent ?
Absolument. Je l'ai déjà signifié au Général Ouassénan et aux autres cadres. Il faut qu'ils se décident à parler le même langage. Il faut qu'ils arrêtent de cataloguer les gens en leur prêtant des intentions. Cela n'est pas bien puisque tout le monde a des amitiés partout y compris eux-mêmes qui cataloguent les gens. C'est ce genre de stigmatisations qui emmène des gens à partir de leur parti. Il faut que cela cesse.

Monsieur le maire, ce que vous dites est difficile à croire d'autant qu'on a constaté une parfaite entente entre les cadres PDCI de Katiola lors de la visite de Henri Konan Bédié dans la zone en août dernier.
C'est la comédie qu'ils jouent. C'est toujours comme ça. Le jour, ils se tiennent la main, le soir ils se lâchent les mains et chacun va de son côté. Il nous revient vivement de nous ressaisir. Au lieu que nous allions mettre de l'ordre chez les autres, il vaut mieux que nous mettions de l'ordre chez nous d'abord. Je ne suis pas d'accord que les cadres de Katiola restent à Abidjan pour faire la campagne à Katiola. Les gens ont besoin d'eux à Katiola. Chaque cadre doit se rendre dans son village pour sensibiliser par exemple ses parents à l'identification.

Entretien réalisé par André Silver Konan

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