mardi 25 novembre 2008 par Fraternité Matin

Le Chef de léétat a apporté, hier, sa compassion aux parents des 17 personnes mortes à la suite d'une intoxication alimentaire, survenue mardi dernier. Le Chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, a témoigné son soutien et exprimé sa compassion aux populations d'Ahounien-foutou, village de la sous-préfecture de N'Guessankro, dans le département de Bongouanou. Il s'y est rendu dans la mi-journée d' hier. Où devant les populations meurtries par la douleur de la mort de personnes victimes d'une intoxication alimentaire, il a soutenu que, vu la gravité des faits, son déplacement en valait la peine. Pour ce faire, il a demandé une autopsie pour que toute la lumière soit faite. C'est un jour de deuil. Ce n'est pas un accident banal. Il faut donc des analyses pour que nous sachions ce qui a provoqué la mort de ces personnes dont la plupart sont des enfants, a-t-il dit. Le Président de la République a, par ailleurs, invité la gendarmerie et la police à continuer l'enquête sur ce drame. Il y a trop de morts. Nous devons prendre des dispositions. Parce que nous ne voulons pas pleurer tout le temps. Il faut qu'on sache ce qui s'est passé. Afin que les éléments constitués soient versés au dossier de la Santé, a-t-il ajouté. Le Chef de l'Etat a souligné qu'il est intrigué par le deuil qui frappe Ahounienfoutou. C'est pourquoi, tout en s'associant à la douleur des parents des victimes, il a offert une enveloppe de 10 millions de francs aux familles endeuillées et au village pour l'inhumation des morts. Mais il ne s'est pas arrêté à cet acte. Il va réhabiliter le centre de santé, de la localité et le doter d'une ambulance. Afin de faciliter les évacuations. Il a également répondu favorablement à la doléance d'électrification du village. On va électrifier votre village, a-t-il promis. Après Ahounienfoutou, le Chef de l'Etat s'est rendu au chevet des malades hospitalisés à l'hôpital général de Bongouanou. Où sur son instruction 5 seront évacués à Abidjan pour une meilleure prise en charge.
Pour le porte-parole des populations, Kablan Brou Jérôme, il est important de saluer la spontanéité avec laquelle le Chef de l'Etat est venu dans le village, suite de ce drame. Il a ensuite expliqué succinctement le mal qui frappe Ahounienfoutou. Au départ, une banale querelle entre deux belles-s?urs, filles du village et marchandes de bouillie de maïs. Sous le feu de la concurrence et la jalousie sans doute aidant, elles finissent à la suite de violences verbales à en arriver aux mains avant de porter le litige à l'arbitrage de la notabilité le 12 novembre dernier, poursuivra M. Kablan. Malheureusement, le lendemain, les premières victimes ont été enregistrées. La population se rend à l'évidence qu'une main malveillante aurait introduit dans cette bouillie mortelle quelque substance nocive dont la nature reste à déterminer, a-t-il fait remarquer. Le ministre de l'Intérieur, Désiré Tagro, et celui de la Santé et de l'Hygiène publique, Allah Kouadio Rémi, l'ex-Premier ministre Pascal Affi N'Guessan, le corps préfectoral et plusieurs autres personnalités étaient présents à Ahounienfoutou. Signalons que le nombre de morts est passé de 16 à 17.
Christian Dallet
Envoyé spécial
Décision salutaire
Labokro, dans le District de Yamoussoukro en 2001. Kimoukro, dans la sous-préfecture de Kokumbo en 2007. Biankouma ville, en 2008. Aujourd'hui, Ahounienfoutou, dans le département de Bongouanou La liste des localités où la consommation d'aliments a entraîné la mort de plusieurs personnes est longue. Dans certains cas, c'est la bouillie qui est à la base des décès. Dans d'autres, il s'agit d'un repas qui a décimé toute une famille. Et dans toutes ces situations dramatiques, il y a eu des soupçons sur le voisinage. Parfois immédiat. Malgré des indices précis, les morts sont enterrés juste après les pleurs d'usage. Sans plus. Les enquêtes maintes fois ouvertes n'ont jamais rien donné. Ou très peu de chose. On n'en sait pratiquement rien sur la nature des produits qui ont causé la mort d'innocentes personnes. Le plus souvent des enfants. Les populations restent partagées entre le doute et les rumeurs jamais élucidées. Et pourtant, les laboratoires compétents existent en Côte d'Ivoire. La décision du Chef de l'Etat de faire toute la lumière sur le dernier drame en date est salutaire. Elle sortira les familles du doute en situant les vraies causes de la perte des leurs. Evidemment, les coupables doivent être sanctionnés. A la hauteur de leurs actes ignobles. Mais d'ici là, toute la Côte d'Ivoire, le Président de la République en tête, attend les services de police, de gendarmerie et ceux du ministère de la Santé et de l'Hygiène publique chargés du dossier. Il leur appartient d'être à la hauteur de la tâche. Pour qu'on n'enterre plus ce genre de morts sans autopsie. L'heure de la fin de l'impunité et du laxisme a sonné.
Doua Gouly
Comment le drame est arrivé
Deux vendeuses de bouillie sont citées dans cette affaire d'intoxication alimentaire. Toutes les victimes, selon l'infirmier du village, M. N' Dri Yao Germain, qui se présentaient dans son centre de santé se plaignaient de diarrhée aiguë suivie de vomissements. Mais, elles ne faisaient pas de fièvre. Malgré les soins intensifs administrés aux personnes intoxiquées pour la plupart des élèves. Le drame a commencé le 13 novembre dernier avec l'enregistrement des premiers morts. Vu la persistance de la situation, le chef du village, Nanan Koa Edmond Martin, a demandé à l'infirmier d'informer ses chefs hiérarchiques. Celui-ci à son tour informa le préfet du département de Bongouanou. La situation a empiré la semaine dernière avec des morts en cascades. Le chef du village a interdit la vente de denrées alimentaires dans le village. Dame Tano Affia Joséphine, 24 ans et dame Kassi Bosson Agathe, leux vendeuses de bouillie, ont été interpellées par la gendarmerie de Bongouanou. Toutefois, Tano, l'une des vendeuses de bouillie de maïs portant une grossesse est hospitalisée à l'hôpital général de Bongouanou. Non pas pour avoir consommé la bouillie. Mais pour des soins relatifs à sa grossesse. Elle a confié qu'elle est indignée par ce qui arrive au village. Affirmant qu'elle n'a mis aucun produit dans cette bouillie.
Ettien Essan
Correspondant local
La liste des victimes décédées
Mlle Kouamé Bédé Adèle, 5 ans, élève de CP1
Kouamé N'Zi Arthur, 12 ans CM2
Brou Abran, 6 ans, CP1
Kouamé Ebi Théophile, élève
Kouadio Ama Elisabeth, 6 ans CP1
Kacou Ahou,
Kadio M' Bra, 4 ans
Koffi Asso, 4 ans
Ahondjon Kadio Emile
Ahossi Adja Marie, CM1 12 ans
Dame Ahossi Amoin, 80 ans
Amon Kadjo Jean, 10ans
Koffi Kassi Fulgence, 20 ans apprenti tailleur
Ekou Kouamé Jean, 3ans
N'Goran Allouch, 3 ans
Okou Kouamé Jean
Koffi Kassi

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