mardi 25 novembre 2008 par Notre Voie

Il était grand par la taille. Il l'était aussi par sa dimension culture. Harris Memel-Fotê qui a quitté le monde des vivants pour rejoindre ses ancêtres dans le sein de sa terre natale de Mopoyem était un homme accompli au sens noble du terme. Il était à l'avant-garde de toutes les luttes pour la démocratie et la liberté. Pour l'indépendance totale des pays africains. Enseignant philosophe, politique, homme de culture et de sciences Memel-Fotê a publié plusieurs ouvrages qui sont malheureusement inconnus du grand public.

Déjà à 29 ans (soit en 1959), il est professeur de philosophie au lycée Donka de Konakry en Guinée. Un an après, il décide de servir son pays la Côte d'Ivoire. Ainsi de 1960 à 1962, il est enseignant de philosophie au lycée classique d'Abidjan. De 1962 à 1965, il enseigne la même discipline à l'Ecole normale supérieure d'Abidjan. Les recherches scientifiques poussent le jeune professeur à élargir son champ de connaissance. Il va gravir rapidement les échelons de la hiérarchie. Ce qui lui vaut le mérite d'être assistant d'Anthropologie à l'Université d'Abidjan puis maître-assistant dans la même institution.

1990, Memel-Fotê est professeur émérite de l'Université d'Abidjan. La valeur intellectuelle de l'homme ayant transcendé les frontières ivoiriennes, il est associé au Collège de France dans la chaire internationale pour l'année 95-96.

Ses mérites reconnus, le président Laurent Gbagbo lui confie la présidence de l'Académie des sciences, des cultures, des arts et des diasporas africaines (ASCAD).

Outre ses qualités d'enseignant, Memel-Fotê a fait plusieurs publications. Entre autres le système politique de ladjoukrou, une société lignagère à classes d'âge en 1980. En 1996, il publie plusieurs ouvrages dont l'esclavage lignager africain et l'anthropologie des droits de l'homme, les représentations de la santé et de la maladie chez les Ivoiriens en 1998. En 2006, malgré le poids de l'âge, il a écrit l'esclavage, traite et droits de l'homme en Côte d'Ivoire de l'époque précoloniale à nos jours . Sa dernière publication date de 2007. L'?uvre est intitulée l'esclavage dans les sociétés lignagères de la forêt ivoirienne (XVIIe- XXe siècle). Tous ceux qui l'ont côtoyé ou connu, ont relevé les énormes qualités humaines de l'homme.

De Memel-Fotê, Pascal Affi N'guessan, président du FPI, Martin Sokouri Bohui, secrétaire national chargé des élections au FPI, Miaka Ouretto, secrétaire général du FPI, Séri Bailly porte- parole du FPI, Mamadou Koulibaly, président de l'Assemblée nationale ou même les personnes anonymes, ont dit qu'il était de toutes les époques et de toutes les générations. L'homme avait les pieds et la tête, à la fois dans la tradition et dans le modernisme. Il est le contraire de la pensée de Hamadou Ampâté Bah qui dit qu' en Afrique lorsqu'un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle .

Memel-Fotê était une bibliothèque, un réservoir du savoir et de la connaissance. De la sagesse aussi. C'est donc à juste titre que le professeur N'guessan Kouakou a dit de lui que le canari est cassé.

Par ses publications, Memel-Fotê reste immortel. Les générations à venir s'instruiront certainement de ses grandes valeurs intellectuelles pour non seulement se forger mais construire leur avenir sur du roc. Il a appris la rigueur aux quinze (15) enfants que Dieu lui a donné. Notre père ne nous a jamais appris la facilité. Il nous a demandé à chacun de lutter. Memel-Fotê était aussi spirituel. Il croyait en un Dieu. C'est pourquoi il a passé toute sa vie à se soumettre à lui dans son église, l'Eglise méthodiste unie de Côte d'Ivoire. Memel-Montagne selon l'appellation de feu Bohui Dali reprise par le professeur Séri Bailly a résisté à toutes les intempéries pour illuminer les consciences de ses concitoyens. Le maître n'aura pas vécu inutile.

Délon's Zadé delonszade@yahoo.fr

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